50 nuances de vert
C’est dans les jardins de l’éco-quartier Montmuzard, emblématique d’un nouveau mode de vie urbain apaisé, qu’on a rencontré l’ancienne adjointe verte du maire de Dijon, qu’elle avait quitté pour conduire sa propre liste aux dernières élections. Comme beaucoup de Dijonnais, on avait des questions qui nous trottaient dans la tête depuis des mois. La présidente du groupe des élus-e-s écologistes, qui a réalisé un score des plus honorables aux dernières élections, a répondu à certaines. Certains vont être verts, en les lisant.
Disposer d’un logement de qualité, sobre en énergie est une chose, faut-il encore qu’il s’insère dans un environnement de quartier offrant espaces verts de proximité et équipements collectifs. Si certains nouveaux quartiers sont de véritables succès, en termes d’intégration dans le tissu existant, beaucoup de Dijonnais comprennent mal nombre d’opérations récentes. On ne peut se contenter de leur répondre qu’il faut densifier encore et encore pour conserver la population actuelle et accueillir de nouveaux habitants, que s’y refuser est signe d’égoïsme et de refus de l’autre, c’est un peu court. Une politique d’urbanisme se fait avec les habitants et non contre eux. On peut très bien être pour davantage de logements sociaux sans pour autant applaudir à toutes les opérations des promoteurs immobiliers. C’est pourquoi notre groupe s’est abstenu sur le vote du PLUIHD* en décembre 2019.
Ce que nous proposons, c’est de mieux maîtriser l’urbanisme, dans une ville au cadre de vie préservé pour le moment et à taille humaine. En construisant autrement, en encadrant davantage les opérations immobilières et en s’assurant que des équipements de proximité sont prévus en amont du projet et enfin en intégrant beaucoup plus la nature : jardins, vergers, parc... Trois idées auxquelles nous tenons aussi : privilégier le recours aux matériaux bio sourcés dans la construction, mettre en place une politique incitative en faveur des logements vacants, et soutenir aussi les nouvelles formes d’habitats comme l’habitat participatif et/ou intergénérationnel.
C’est une culture d’aménagement du territoire plus globale qu’il va falloir modifier pour répondre au changement climatique, mais également aux crises sanitaires comme la Covid. Ainsi le télétravail est à ce titre un vrai sujet qui concerne l’habitat et l’urbanisme.
Il faut développer des points d’appui économique et d’habitats à l’extérieur de notre métropole pour mieux répartir les activités humaines, notre étoile ferroviaire en est la colonne vertébrale, mais pour cela il faut cesser cette compétition délétère des territoires les uns avec les autres. Changer nos manières de concevoir et de réfléchir notre temps est un premier pas.
Si on peut reconnaître la grande qualité d’immeubles comme celui-là, un grand nombre de constructions voit cependant le jour avec souvent une densité perçue comme excessive et dégradant le cadre de vie des riverains. Il ne faut pas confondre architecture et urbanisme même si les deux sont fortement liés.
Les écologistes sont les premiers à défendre une ville dense pour préserver les terres agricoles et limiter les déplacements en voiture individuelle, mais est-ce compréhensible lorsqu’au même moment, on construit sur les meilleures terres agricoles de la métropole des zones d’activités, des centres d’entrainement pour nos footballeurs ? Lorsqu’on crée sur des vergers à l’extérieur de la rocade une zone d’activité ? Il est intéressant de noter que la question de la densification de nos zones d’activité, de nos zones commerciales n’est jamais évoquée.
Dans notre programme des municipales, nous avons proposé en effet l’aménagement de places ou grandes artères faisant la part belle à la végétalisation. Et arrêtons de nous opposer à ces histoires de tuyaux souterrains qui empêcheraient toute possibilité de végétalisation.
C’est historique, l’espace public du centre-ville de Dijon est minéral, c’est ce qui a fait son identité, mais également son manque d’adaptation aux grandes chaleurs qui sont aujourd’hui annuelles.
Lors du dernier mandat, nous avons proposé une réflexion sur ce sujet pour allier histoire et qualité de vie des habitants, persuadés que l’histoire n’est pas un simple arrêt sur image pour touristes. Et que quelques arbres plantés ici ou là ne pouvaient en aucun cas suffire.
Nous avons été pendant 20 années acteurs dans une majorité qui a mis en place le tramway, les réseaux de chaleur, le bio dans les cantines, la reconquête de la biodiversité et notamment des pollinisateurs, le permis de végétaliser, l’amélioration de la qualité de l’air, la tarification sociale de l’eau, la sortie progressive des pesticides. Non, il n’y a pas d’un côté ceux qui savent et qui font et l’autre de doux rêveurs, des partisans de l’innovation et des Amish, cette caricature n’a que trop duré.
Les propositions que le maire actuel nous a faites le lendemain du second tour n’étaient pas compatibles avec l’expression démocratique et nous les avons déclinées afin de pouvoir en toute liberté continuer de porter nos propositions pour Dijon, pour la métropole. Des projets constructifs tels que la Zone 30, un réseau vélo métropolitain continu et sécurisé, un plan d’alimentation territorial. Plus d’implication citoyenne dans les projets de la ville, et notamment l’urbanisme, la tarification incitative des déchets, la gratuité des transports pour les étudiants.
Une sensibilité partagée apparemment par un nombre non négligeable d’électeurs qui ont voté pour les écologistes. ■
*PLUI-HD : terme désignant le plan local d’urbanisme intercommunal que les miracles de la technique rendent désormais accessible sur internet
Infos www.metropole-dijon.fr