50 nuances de vert
François-Xavier Dugourd nous avait confié un jour : « il y a une vie à côté de la politique ». Cet homme sage, qui aurait pu devenir maire de Dijon s’il en avait eu vraiment envie, et s’il avait été mieux entouré, est devenu le 1er vice-président du conseil général. Il a fait parler de lui récemment en appelant à « construire une écologie populaire républicaine ». On lui laisse la parole ainsi qu’à un jeune loup de la politique, élevé lui aussi au lait républicain : Axel Sibert, qu’on a découvert… grâce à la poste. En ces temps où une boîte aux lettres est devenue une incongruité dans le paysage, comme les vieilles cabines téléphoniques, il a envoyé une lettre aux riverains de la place de la République pour se faire connaître et parler de sujets qui leur sont chers. Dans un quartier qui se sent justement un peu trop oublié par la République, pris en otage par les dealers et les alcoolos, c’était méritoire. Comme il a une bonne tête et une bonne plume, on lui a demandé à lui aussi d’écrire… « en vert ». ■ GB
Nous sommes tous écologistes ou, pour être totalement honnêtes, nous le sommes tous devenus. Qui serait aujourd’hui assez stupide pour contester que la protection de notre environnement doît être une cause prioritaire ?
Mais l’écologie est une cause trop sérieuse pour être confiée aux écologistes.
Je passe sur les élucubrations d’un certain nombre d’élus verts qui bataillent contre le défilé du 14 juillet, les sapins de Noël ou le Tour de France… ! Plus grave est leur vision de la société et de notre avenir. Plus de voitures, plus d’avions, plus de tablettes ou de mails…tous à vélo ou en voiture électrique. Ne pas manger de ci, ne pas manger de ça. C’est infantilisant et déresponsabilisant. C’est surtout une bien triste vision de l’Homme et de la société, fondée sur la punition, la bien-pensance et la décroissance. Je ne peux m’y résoudre. Il est temps d’avoir une vraie écologie ouverte et positive. Une écologie d’adhésion et non de contrainte. L’inverse des Khmers verts !
Cette écologie doit permettre de libérer les énergies, pas de les entraver. Exemple : une fiscalité incitative sur les circuits courts avec une TVA minorée.
Cette écologie doit permettre de concilier développement économique et environnement. Elle croit au progrès, à l’innovation, à la croissance. Elle fait confiance à la capacité de nos entrepreneurs à trouver les solutions pour demain. Elle fait confiance au bon sens et à la responsabilité des citoyens.
Au plan local, cette écologie de « droite » est déjà en action dans de nombreuses collectivités (Bordeaux, Reims, Troyes…) Au plan national, nous devons être plus audibles dans nos propositions en matière d’environnement.
L’écologie, comme la culture, ne doit pas être le monopole des verts et de la gauche. À nous de le faire entendre. ■ FDG
À 27 ans, Axel Sibert est le benjamin du groupe de la Droite et du Centre au sein du Conseil municipal de Dijon. Une ville où il est arrivé en 2011, à 18 ans, pour suivre des études d’économie à l’université de Bourgogne : « en parallèle j’ai été de toutes les campagnes possibles et imaginables. Je collais des affiches, je distribuais des tracts, tout ce qu’on laisse faire aux jeunes. »
Et on fait quoi au Conseil municipal de Dijon quand on est jeune et de Droite ?
On fait ce pourquoi on a été élu ! J’ai voulu, dès le lendemain de l’élection municipale, écrire aux habitants de mon quartier, la Maladière, et des quartiers alentours Clémenceau, Drapeau, République, Varennes et une partie du Centre-ville. C’est important de montrer tout de suite aux habitants qu’on est là pour les écouter et répondre aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer.
Et on voit quel avenir pour Dijon quand on est jeune et de Droite ?
J’imagine une ville dynamique, peut-être un peu plus qu’aujourd’hui. On est capitale régionale, Dijon est attractive dans notre région. J’en suis la preuve. Je suis originaire de l’Yonne et pourtant je suis venu faire mes études à Dijon et j’y suis resté pour travailler et m’y installer. J’aime ma ville. La concurrence est telle face à Paris, à Lyon ou même aux villes de l’Ouest de la France qu’on ne peut pas se permettre de se reposer sur notre image de « ville douce à vivre ». Surtout que c’est de moins en moins vrai avec tout ce qu’il se passe ces derniers mois…
Les Dijonnais demandent une ville plus verte, c’est aussi une revendication de la jeunesse qui s‘engage pour le climat. Alors quelles sont vos solutions pour rendre Dijon plus verte ?
Simplement, en plantant des arbres et laissant de la place aux espaces verts et jardins. Certains extrémistes, sous couvert d’écologie, demandent d’arrêter de voyager, de consommer, de produire…
Pour moi l’écologie c’est avant tout protéger notre patrimoine naturel. On peut tout à fait continuer de se développer dans les respects de notre environnement. On a besoin de progrès technique pour ne pas faire forcément moins, mais faire mieux ! C’est la notion de développement durable.
Regardez le projet de production d’hydrogène à Dijon. C’est exactement ce qu’il faut faire. Mieux concilier transports, production et respect de l’environnement. Et en plus on crée des emplois ! À l’inverse, il faut changer la politique d’urbanisme qui est conduite par l’équipe de François Rebsamen. Ils rachètent des maisons individuelles avec jardins, pour y construire des immeubles. On défigure des quartiers résidentiels et on fait disparaitre des espaces verts. C’est désastreux pour la qualité de vie dijonnaise.
Ma vision d’une ville plus verte, c’est de protéger les quartiers résidentiels, protéger ces maisons avec jardins. Et là où il y a des immeubles, on compense par des jardins sur les toits. D’autres villes européennes comme Milan, Ultrecht ou Düsseldorf encouragent la végétalisation urbaine. Dijon a besoin d’avancer sur ce sujet.
Que répondez-vous à ceux qui pourraient vous dire que vous êtes encore un peu vert ?
Je réponds qu’on n’a pas besoin d’attendre d’avoir un certain âge pour avoir des idées et l’envie d’appliquer ces idées. Surtout que j’ai déjà une certaine expérience acquise en tant que représentant étudiant à la fac, dans les commissions de quartier à Dijon et dans mon parti politique. La politique a eu longtemps cette image d’être réservée à des personnes déjà âgées. C’est de moins en moins vrai même si à Dijon et en Côte-d’Or, les élus en place ont du mal à laisser leur chance aux jeunes. Après, je suis contre les quotas, être jeune n’est pas un argument. Si on aime sa ville et qu’on est prêt à la défendre alors il faut se lancer.
Et puis vous savez ce qu’on dit, un vin vert est un vin qui a du potentiel. Il faut juste l’ouvrir au bon moment… ■