En vert et contre tout
On est passé à quelques places près (dans le classement final) à côté du titre de Capitale verte européenne. Le maire a défendu son projet, basé sur des points forts concernant la nature et la biodiversité, la croissance verte et l’éco-innovation, ainsi que les déchets plastiques (le reste étant plus aléatoire, notamment le non-ramassage du verre, une catastrophe pour les nerfs des riverains proches des points d’apports volontaires !).
En seconde position venait l’énergie performante, et en troisième la mobilité, grâce au tram, aux pistes cyclables (là, on compte sur le Monsieur Vélo nouvellement intronisé à la Cour pour faire fonctionner ses méninges !) et aux zones piétonnes (à étendre encore). Le bruit ? Réduit dans les éco-quartiers, mais encore classé premier dans les demandes des habitants… En dernière position venait la qualité de l’air, pourtant très bonne, à Dijon, ville qui n’a jamais manqué d’air.
On pensait que ce serait Tallinn, en Estonie, qui gagnerait, mais c’est Grenoble qui a remporté la palme verte. Un petit malin a suggéré qu’il y avait plus d’herbe (en circulation certainement) là-bas qu’ici.
Donc, il va falloir continuer de se battre pour que Dijon devienne réellement une ville verte et douce à vivre. Autour du maire, de nouveaux adjoints vont devoir prouver que le béton n’est pas la seule chose qu’on peut continuer de voir couler en ville. Une rivière, à défaut d’un fleuve. A l’heure où la Bièvre, à Paris, va peut-être de nouveau ressortir dans les rues et parcs du 13ème arrondissement, on rêve de revoir un jour le projet un peu fou dessiné par David Lanaud du Gray et d’autres visionnaires se réaliser : le Suzon à l’air libre.
Le Martien qui est venu nous aider à préparer ce dossier a hésité avant de suggérer la transformation du Centre Dauphine en potager collectif, la création d’une filière « Culture et emploi des plantes médicinales » à l’Université ou l’obligation de ne construire que des bâtiments bien isolés qui se chauffent tout seuls.
On lui a demandé de revenir sur terre. Étonné, il a compris qu’il n’était pas encore question de subventionner la pose de panneaux thermiques sur les toits pour avoir de l’eau chaude six mois de l’année. Pareil pour les gouttières à récupération d’eau de pluie pour les toilettes. Idem pour la plantation d’arbres utiles à la place des platanes ou des érables, remplacés par des châtaigniers, des noyers, des cerisiers, des mirabelliers, etc. Pourtant, un jardin laissé en friche coûte moins cher qu’un gazon au cordeau tondu tous les mois, non ? On l’a laissé parler.
Le confinement a donné des idées à certains qui, comme lui, continuent de rêver d’une suspension de la circulation d’avril à octobre en centre-ville les week-ends pour qu’il soit agréable de prendre un apéro avec les copains au balcon en laissant les mômes jouer au badminton dans la rue. L’idée de rendre obligatoire le stationnement dans des parkings souterrains joliment rénovés ou judicieusement installés (comme à l’entrée de la future Cité de la Gastronomie) fait heureusement son chemin. Lentement.
Notre Martien rêve de recoloniser les zones industrielles de Longvic, Saint-Apollinaire, Chenôve ou Quetigny pour y planter des jardins collectifs moyennant un loyer annuel minime. Ou de bannir l’usage de produits chimiques des bassins versants de l’Ouche et du Suzon pour qu’on ait de l’eau quasi potable pour l’irrigation. De convertir les bâtiments publics aux toilettes sèches. De n’installer des antennes 5G que quand on saura quoi faire avec. De repeindre la tour Philippe le Bon en vert, faute de pouvoir y accrocher des plantes vertes, exotiques ou non, car il faudra s’adapter au réchauffement. Là on l’a laissé jouer avec ses crayons…
Au sein de la rédaction du mag, on a souvent rêvé Dijon, on va continuer. En vert et contre tout. ■ GN