Printemps 2016
N°66Rencontre avec Claude Karoubi, président de l’ABC depuis 23 ans. L’ABC, vous connaissez ? Depuis 70 ans, elle a formé plusieurs générations à la culture au sens large. L’horizon s’est un peu rétréci au fil du temps, mais la vieille dame tient bon. Digne, jamais indigne. Et monsieur K ? Même pas peur, à Bing Bang. La preuve…
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70 ans ! On a du mal à l’imaginer… Attention, on ne vous donne pas l’âge de son président, juste celui de cette Association Bourguignonne Culturelle née aux lendemains de la guerre, dont CK pourrait parler des heures : « Depuis 1945, le but n’a pas varié d’un iota. L’ABC a été précurseur en termes d’actions culturelles et a apporté une valeur indéniable sur ce plan à la ville et la région. »
Langue de bois ? Pas vraiment, il est comme ça, monsieur K, toujours sérieux, alors qu’il s’amuse comme un petit fou en coulisses, depuis le temps qu’il y traîne. Claude, c’est notre Droopy : « You know what, I am Happy ! »
La musique, c’est sa passion. Longtemps critique musical, il a continué à fréquenter les artistes une fois devenu président de l’ABC. Pour veiller à leur bien-être, cette fois. Sur le contrat d’un pianiste mondialement connu pour ses interprétations de Chopin, il était stipulé : « Le maître veut un plat de spaghettis al dente dans sa loge à 18 heures précises ». Ce qui fut fait. Illico presto, maestro.
« Un autre pianiste tout aussi célèbre voulait boire du rosé. Nous lui avons dit qu’en Bourgogne il y avait surtout du rouge et du blanc. Nous l’avons emmené chez un vigneron membre du CA de l’ABC, à Marsannay, qui l’a placé devant une verticale de chambertin… Le musicien est sorti de la cave passablement ému. Il titubait dans les coulisses du Grand Théâtre – il fallait même le tenir. Et bien, son jeu n’en a pas été le moins du monde altéré. Et il a donné un récital historique. »
Un autre pianiste, après son récital aux Feuillants, voulait à tout prix dîner au Central. Là, il a joué jusqu’à 4 heures du matin, et il a même entièrement démonté l’instrument… En fait, monsieur K, c’est sur scène, au théâtre des Feuillants, qu’on aimerait vous voir et entendre (après Drucker et tant d’autres).
Une autre anecdote, sur le théâtre ? « Je me souviens d’un comédien de théâtre, de cinéma et de télévision très populaire qui devait se produire aux Feuillants. Et soudain, moins d’une heure avant de rentrer sur scène, il est victime d’un sérieux coup de déprime, persuadé que, s’il joue ce soir-là, il va mourir, comme Molière, devant son public. On a pu le raisonner, mais ce ne fut pas sans peine. »
Depuis 23 ans, Claude K se bat pour que l’ABC vive. Il a réuni une équipe autour de lui, maintenant que le dernier directeur est parti, pour continuer le jeu. Et faire venir des musiciens, des comédiens, des gens de plume ou de parole. Les grandes rencontres, il en aura faites toute sa vie.
Le plus grand souvenir ? « La prestation de la troupe Royal de Luxe, en 1993 ! Rappelez-vous cette voiture encastrée dans un arbre, devant la place Saint-Bernard. Cela avait causé un attroupement monstre. Le public s’interrogeait : y avait-il des morts, des blessés ? Rien de tel, bien entendu. C’était juste un gag. N’empêche que la municipalité de l’époque a très mal pris la plaisanterie, il s’en est suivi trois mises en demeure à l’encontre de la compagnie, avec en sus l’embauche d’un service d’ordre privé, pour faire respecter la loi ! En représailles, les membres de Royal de Luxe, des costauds, ont hissé des engins de terrassement sur les toits des garages municipaux. Le maire n’a pas apprécié… »