Printemps 2015
N°62Dijon, ville en mutation. Tantôt slogan politique, tantôt phrase inscrite sur les carnets de commande des promoteurs immobiliers et autres entreprises de BTP locales, l’assertion se vérifie à chaque carrefour. Loin de la seule rue de la Liberté piétonnisée, point d’orgue des grands travaux dans l’air du temps, la focale du photographe Alexis Doré s’est braquée sur d’autres emblèmes déchus de ce qu’a été, et déjà n’est plus, la cité des Ducs. Restent, exposés sur papier glacé, quelques clichés, saisissants et saisis sur l’instant, des bâtiments d’antan. Plongée sur un Dijon révolu, à mille pas de la Chouette et de son parcours à touristes.
Des grandes minoteries dijonnaises aux activités et autres spectacles pour « minots ». Parmi les projets de réhabilitation mis en place durant le premier mandat du maire socialiste, la halle Bonnotte, ancien établissement de l’habillement de l’armée, elle-même sise sur les anciennes minoteries dijonnaises, s’est vue offrir par l’atelier d’architectes Correia une nouvelle vie. Sous les gravats, la culture pour les 3-12 ans.
Des petites chambres qui auront accueilli tant de tranches de vie, entre espoirs, débuts professionnels ou difficultés du quotidien. Fin 2011, l’ancien foyer des jeunes travailleuses Aubriot tombe, sous la volonté du Grand Dijon de redynamiser le quartier sud du Pont-des-Tanneries. Ironie du sort : alors que la ville dit adieu à son passé, sous les décombres des temps plus anciens encore se font jour, avec la découverte d’un ancien cimetière dit « des pestiférés ».
Joyau de la « ville aux cent clochers », le couvent des dominicains est aujourd’hui défroqué sur l’autel de l’immobilier. Avant qu’il ne soit découpé en lots et entièrement rénové en logements pour particuliers ou en résidence pour touristes gastronomes, le temps y faisait tranquillement son œuvre.
Un site fait de plusieurs strates, symbole de plusieurs pans de l’histoire contemporaine à la sauce dijonnaise. Les anciens abattoirs, où longtemps a régné la mort, ont aussi été un haut lieu de vie ces dernières décennies. Squattés de-ci de-là, ses murs taggués sont voués à repousser en écoquartier. Reste à déloger les derniers souffles alternatifs qu’ils abritent.