54
Magazine Dijon

Printemps 2013

 N°54
 
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05

Billet de retour
Jean Maisonnave

il était une foire


foire-dijon-1921-2010

Ayant souvent déploré ici et là, parfois même avec une certaine vivacité, le mercantilisme sans ambition de la Foire dite gastronomique, nous montrerions beaucoup d’inélégance à ne pas reconnaître cette fois l’étendue des efforts accomplis, le courage des organisateurs et, pour finir, le manifeste succès de la surprenante et nouvelle version surgie au mois de mars. Succès sans doute quantitativement limité, attendu qu’on avait beaucoup réduit la voilure, la durée et la capacité d’accueil - et puis, il s’agissait d’une première expérience - mais succès qualitativement incontestable, considérant la nature des prestations, la sélection des produits et la cohérence générale de l’entreprise. Les Dijonnais en sont restés cois.

J’y suis allé deux fois, c’était blindé. Au point de s’agacer de ne pouvoir déguster bien à son aise. On voit bien qu’en ces périodes de nourritures colonisées par les coquins, alors que la question se pose de savoir si on survivra à l’industrialisation de la nature et à l’omnipotence de la grande distribution, le consommateur aspire à ce genre de manifestations où l’on vous fait goûter un peu tout, où on peut parler avec les producteurs, où on peut s’assurer que le produit n’a pas fait le tour des officines planétaires avant d’échouer dans votre assiette, où l’humain, pour finir, se retrouve en ce qu’il trouve.

D’abord, quelle belle idée que d’avoir dissocié la foire en deux parties : le mobilier en novembre et la gastronomie au sortir des rigueurs hivernales, comme pour anticiper le printemps, le renouvellement du temps et de la nature. Philosophiquement, c’est profond. Certes, la foire y perd en volume et en polyvalence, mais cette polyvalence, héritage des lointaines civilisations rurales où il importait de trouver tout au même endroit, est-elle encore de mise à ce moment de l’histoire et du village mondial ? Surtout, cette scission autorise, impose presque, une plus grande et digne exigence quant au choix des prestataires et des prestations. On a renoncé aux mercenaires de la bouffe, aux requins de foires, pour donner la meilleure part aux producteurs et aux critères qualitatifs. Les vignerons sont des vignerons, les charcutiers charcutent, il y a peu de chances pour qu’on trouve du bœuf dans le saucisson d’âne. Bref, on retrouve la face non obscure du terroir, circuits courts, distribution directe. Il y a aussi des revendeurs, on n’est pas des Bisounours, mais ayant pas mal parlé, goûté, acheté, je témoigne que les intentions proclamées sont plutôt tenues, même si les tarifs sont en certains cas assez interloquants. Ce nonobstant, on avait vu pire, et même pire encore, sans que la qualité puisse expliquer l’excès.


Sans doute le côté festif a-t’il un peu souffert : plus de barbe à papa, ni de crêpes flambées, ni de hot-dogs. Et le nombre des restaurants a fortement diminué ; ce qui, à la réflexion, peut être vu comme une initiative globalement salubre. Non, le seul regret qu’on puisse avoir en définitive, concerne la dimension internationale de la manifestation. Hors les vins moldaves et quelques bruccios corses ou coppas transalpines, rien ici qui puisse rivaliser avec les précédentes éditions, ni par la richesse des artisanats, ni par les jolies prestations folkloriques, ni par la tenue réellement emblématique des restaurants invités. Ce n’est que partie remise, rassurons-nous.

En attendant, louons jusqu’au plus haut des cieux et sans autre réserve cette nouvelle orientation de la Foire, au moment – était-ce prévu ? - où Dijon entend donner à la gastronomie une cité toute neuve. Elle se confère ainsi une modernité tout à fait accordée aux aspirations profondes de l’époque. En même temps, elle donne un sens, un sens presque moral, en tout cas très directement politique, à ce vieux mot remâché et usé par plusieurs siècles d’usage bourgeois.

Car que doit-il signifier, ce mot de gastronomie, face à la grosse soupe mondialiste et récupératrice de savoirs et de désirs dévoyés, sinon la promotion intelligente et donc intelligible d’une nourriture qui soit à la fois bonne, saine et juste, non séparée des pratiques y afférentes. Bonne, saine et juste, point.

Alors, bravo la Foire et à l’année prochaine.

NOTE DE LA REDACTION !

Ceci n’est pas une pub pour la foire !

Revenu fatigué d’un long voyage à l’étranger, nerveusement éprouvé par le retour tardif de la neige et par la pluie de contraventions qui accable Dijon depuis des semaines, notre collaborateur a confondu la pourtant célèbre Foire gastronomique avec le premier Salon gastronomique et viticole qui s’est tenu au parc des expositions les 8, 9 et 10 mars derniers. Il était trop tard pour que nous puissions retirer l’article incriminé mais nos lecteurs auront rectifié d’eux-mêmes.

Nous les prions néanmoins de bien vouloir nous excuser. Ce genre de conte de fées n’a rien à faire dans un journal, fût-il gratuit. Quant au coupable, après l’avoir entendu murmurer : "Ce mois est haïssable", nous l’avons vu repartir en direction du Sahara, pour une série de conférences sur les nouvelles tendances de la gastronomie. Il n’aura donc pas pu se rendre à la toute nouvelle foire de printemps, organisée du 16 au 22 avril par l’équipe du Parc des Expositions en cette avenue des Grands Ducs d’Occident dont le nom seul mériterait le respect.
Dès que nous connaîtrons sa nouvelle adresse, nous la communiquerons à ceux qui voudraient l’inviter en tant qu’hôte d’honneur de la future foire d’automne.

PS : Nous avons du enlever au dernier moment une publicité pour placer ici cette note de la rédaction. Publicité dont la perte sera imputée au compte de l’auteur, au sens strict.


 
 

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