Été 2019
N°79par Gérard Bouchu et Émilie Chapulliot, avec la complicité de l’équipe du city-guide Le Duke
■ Pas la peine de prendre l’avion, le train ou la voiture pour continuer de polluer un peu plus la planète, elle s’offre à vous dans un périmètre restreint, au sud du nouveau quartier des Arts que nous avons exploré dans le précédent numéro. Changement à vue : on passe du design au brut de décoffrage, du bar à vin chic aux nappes à carreaux, du néo-salon de thé au resto ethnique, de l’espace zen à la clientèle essentiellement féminine au resto africain rempli de mâles rigolards buvant de la Heineken sur fond de match à la télé. Italien, allemand, indien, égyptien, libanais, japonais, coréen, belge, américain, irlandais, bourguignon : voilà un quartier qui va vous faire voyager dans la tête comme dans l’assiette.
Juste quelques adresses coups de cœur parmi d’autres (à retrouver pour la plupart dans le Duke, le city-guide prolo et distingué qui vient de sortir)…
Rue Berbisey, on aime : l’énoooooorme escalope milanaise de Casa Nostra (au 30), les bibimbap de l’Épicerie Coréenne (au 18), les sandwichs vegan du Shanti (au 69), les frites servies avec la carbonade flamande de Chez Ti (au 102), les falafels du Pharaon (au 116), le poulet tandoori du Shalimar (au 42), le thieb du Kassoumay (au 44), le canard xian-su d’Au gré de mes envies (au 15), le malamgoua parfaitement grillé, avec une sauce qui arrache, de chez l’Ben (au 51), les bagels de Best Bagels and Co (au 84)… Côté déco comme côté accueil, c’est encore plus éclectique, on vous prévient.
Pas de vespa ni de nappe à carreaux, Cyril, le beau mâle de Casa Nostra, a préféré faire dans l’épuré sur les murs et le goûteux dans l’assiette. S’il vous propose la botte, c’est parce qu’il en rapporte toujours de beaux produits. Venez un midi pour goûter un plat du jour savoureux, à prix doux, dans cette trattoria qui laisse autant de place aux pizzas qu’aux vrais plats italiens. Et revenez un soir pour vous en mettre plein la panse.
Casa Nostra, au 30. Tél 03 80 41 38 36
Waseem Raja, on lui doit, il y a une trentaine d’années déjà, notre découverte de la cuisine pakistanaise. Il a déménagé depuis, deux fois au moins, mais lui n’a pas changé, sa marque de whisky préférée non plus . Les serveuses ont le sourire, la déco est d’un rose qui paraîtrait suspect partout ailleurs. Wassem, l’épuré, c’est pas son truc. Mais la cuisine, ça reste pro.
Le Shalimar, au 42. Tél 03 80 27 30 36
Anna a ouvert, tout à côté du Shalimar, un resto qui donne du Sénégal une vision proche de celle que les touristes peuvent avoir en arrivant là-bas, les ouvertures sont parfois fantaisistes, mieux vaut téléphoner. Anna est maligne, elle ouvre le dimanche, et ferme le mercredi. On peut commander aussi ou venir se poser, dans ce cadre qui file la banane, et choisir un des plats du jour (genre thiebou dieune poisson, avec riz et légumes). Familial, sans prétention.
Le Kassoumay, au 44. Tél 03 79 36 32 80
Ben a repris Chez l’Bougnat, au 51, en gardant le nom, mais en apportant sa déco à lui, ses potes, sa télé. Ses plats ont le goût de l’authentique. Yves Jamait n’a rien laissé du malamgoua, un poisson grillé à la perfection. Quant aux brochettes servies avec un riz top, elles ont fait le bonheur des autres petits blancs autour de la table, terme inadapté, car les tronches étaient plutôt rouges. L’ami Patrick Grillot, caricaturiste et local de l’étape, a sorti une bonne bouteille de sa cave cachée au fond d’une impasse, sous une petite maison où il est réveillé au chant des oiseaux. Un petit bout de Côte d’Ivoire à savourer en prenant son temps, tard dans la nuit car Ben cuisine jusqu’à 1 heure du matin
Chez l’Ben, au 51. Port 06 50 19 82 88
Si on veut s’offrir une néo cantine asiatique où tout est cuisiné frais et maison (on insiste, mais c’est important, non ?), il suffit de traverser la rue. Peu de choix au menu du midi, peu de places en salle, encore moins en terrasse, mais les ravioles vapeur sont parfumées, tout comme le ragoût de bœuf qui vous changera du bourguignon. Huifaine Rey, d’origine taiwanaise, a eu envie, à cinquante ans passés, de se faire plaisir et de faire plaisir. Cadre discret, à son image. Goûtez le riz burger et le tiramisu au thé vert, s’il en reste. Venez tôt, ici, quand il n’y en a plus, on n’en fabrique plus. Résa indispensable.
Au gré de mes envies, au 15, Tél : 03 80 41 15 42. Ouvert mercredi à samedi.
Pour les amateurs de contrastes, Berbisey, c’est que du bonheur. On avale sur le pouce une soupe aux raviolis goûteuse autant que copieuse en regardant les pubs et la déco improbable de cette drôle d’épicerie. Quelques tables autour desquelles on se pose, en essayant de ne rien faire tomber, sur une chaise en bois. Menu en plastique avec plats photographiés, pour donner une idée de ce que va préparer la cuisinière dans son arrière-cuisine de poche. Du vrai, du frais aussi.
Si vous venez là pour une note de frais, en revanche, c’est rapé, vous aurez droit à un bout de papier, couleur locale lui aussi. On adore !
L’Épicerie coréenne au 18, Tél : 03 73 13 89 56
100% végétarien ►
Une dizaine de veggie burgers, avec possibilité d’avoir en option un pain sans gluten et deux sauces vegans. L’emblématique Bombay Burger (steak végétal avec salade, légumes de saison grillés et graines germées dans du pain frais épicé à la sauce blanche) fait toujours son petit effet. Sinon, on aime aussi beaucoup la version falafel. Pour un peu de douceur dans ce monde de bruts, on vous conseille le thé masala. N’hésitez pas à venir en fredonnant vos mantras préférés (voire même pieds nus) ça le fait, ici.
Le Shanti, 69, rue Berbisey à Dijon – Tél. : 06 60 94 27 20
Gros coup de cœur pour Chez Ti (chez toi, en VF). Alain et sa cabane à frites en dur s’est implanté en face de l’Univers ! Rien ne vaut, pour accompagner les bières éclusées en face, un cornet de frites maison. Des pommes de terre bintje ou agria lavées, brossées, coupées en frites et cuites au blanc de bœuf (ou huile végétale pour végétariens) en 2 cuissons, pour respecter la tradition. Mais on peut aussi s’offrir un plat du jour léger genre sauté de veau ou jambon grillé crème de maroilles (une tuerie, la crème), des tripes à la mode de Caen, des fricadelles comme à Roubaix… Une ville qu’Edouard a quitté avec regret jusqu’au jour où il a découvert les habitants du quartier Berbisey. On se sent bien « chez Ti », Alain. Mieux vaut téléphoner avant pour connaître le plat du jour.
Comme il est seul pour tout faire, il ferme dimanche et lundi, et ouvre le soir, plus les mercredi et jeudi à midi, (au 102 ; tél : 03 45 83 13 85. Portable 06 50 16 11 53)
L’une des dernières boutiques où l’on peut acheter des vinyles rock, punk, métal hardcore à Dijon. Des labels distribués dans des réseaux spécialisés, une vraie mine aux trésors. Chaque mois une nouvelle exposition s’installe avec un vernissage qui est souvent un excellent moment d’échanges, souvent agrémenté du soutien d’un DJ ou d’un duo musical. Il y a aussi des rencontres avec des auteurs. Bref, ici la nourriture est plutôt celle de l’esprit que du ventre. Un vrai lieux social. Esprit militant et associatif marqué : antifascisme, féminisme, etc. Boissons à bas prix et, le plus souvent, issues du commerce local. Un endroit à préserver.
Le Black Market : 59 rue Berbisey. Ouvert mardi-samedi 14h-20h (22 h mercredi-vendredi)