
Invité en résidence par le musée des Beaux Arts de Dijon, Simon Morley présente son travail jusqu’au 3 janvier et ceux qui n’y sont pas déjà allés ont intérêt à s’y précipiter. Inspiré par les phylactères, ces morceaux de parchemin porteurs de textes dans les peintures religieuses des XIVe et XVe, Simon plonge le visiteur dans un voyage initiatique, au cœur d’un dialogue entre le passé et le contemporain. Il le dit lui-même : “Je voulais engager un dialogue avec ces phylactères, messages qui viennent d’ailleurs, d’en haut et en même temps garder un contact avec la vie quotidienne et la messagerie des appareils plus modernes téléphone, internet… Un voyage un peu spirituel entre ces deux extrêmes.”
Du spirituel, il y en a ! 124 noms d’hommes et de femmes, prophètes qui ont marqué l’histoire de l’humanité sur un gigantissime parchemin déroulé au milieu de la grande pièce, un “mobile” composé de sept banderoles portant chacune une des lettres composant le mot “Silence”, une vidéo comme une fenêtre sur l’infini, cinq pièces à découvrir pendant la visite du musée.
L’avantage de cet échange entre le passé et le présent est le regard neuf que porte le visiteur sur les retables et tableaux de chevet du musée. Il s’amuse à les lire et les chercher dans d’autres pièces. “Dans mon travail artistique, je cherche à réanimer le passé dans l’espace du présent. Je travaille la plupart du temps avec le texte”.
S’il y a un fil, il est plutôt aérien celui qui relie les œuvres de Simon Morley à celles des peintures du Moyen Age et l’artiste en joue. Ses vidéos sont légères, presque irréelles. Il accroche des immenses banderoles si haut qu’on les dirait venues du ciel. C’est un engagement à la fois fort et poétique qui nous est servi là. “J’essaie de maintenir un équilibre entre la forme et le contenu conceptuel, en espérant donner au spectateur un réel plaisir visuel en même temps qu’une stimulation intellectuelle.”
MESSAGERIE, de Simon Morley
Musée des Beaux Arts de Dijon, jusqu’au 3 janvier 2011
