77
Magazine Dijon

Hiver 2018-2019

 N°77
 
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08

par Germain Arfeux
Voyage en terre méconnue

Vézelay, ville culte Histoire d’os


Reliquaire Marie Madeleine © RP

Basilique de Vézelay © Heko Köster

L’abbaye de Vézelay fut fondée en 859, d’abord à Saint-Père, puis là-haut, sur sa colline, pour la protéger des pillages. Pendant quelques siècles, elle sommeilla dans le silence et la prière. Mais, les moines finirent par trouver cette solitude trop pesante. On était certes bien défendu sur cette colline, mais on n’y voyait jamais passer personne, si bien qu’on y vivait misérablement, tandis que d’autres monastères voyaient affluer les pèlerins, et avec eux, les donations. Il fallait trouver un moyen d’attirer les foules. C’est alors qu’on exposa le squelette de Marie-Madeleine, en 1037. Par quel miracle les ossements de cette jeune fille, dont il était question dans les Évangiles, s’étaient-ils retrouvés au beau milieu de la Bourgogne mille ans plus tard ? Les Vézéliens racontèrent que Marie-Madeleine s’était retirée en Provence, où elle avait vécu en ermite jusqu’à sa mort. Puis, au IXe siècle, comme la région était régulièrement pillée par les Sarrasins, un moine serait parti chercher les reliques de la sainte pour les mettre à l’abri, à Vézelay. L’histoire parut crédible et bientôt les pèlerins arrivèrent en grand nombre pour vénérer ce crâne, ce tibia, et cette rotule qui avaient côtoyé le Christ. Des malades furent guéris à son contact. On vit même venir des rois : Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion, Saint Louis ! Et avec les pèlerins venaient aussi les dons. Vézelay s’enrichit tant qu’elle put faire construire son immense basilique. C’était une affaire qui roulait. Seulement, elle excita les jalousies. Les Provençaux acceptaient mal qu’on leur ait chipé leur précieux squelette. Au XIIIe siècle, ils menèrent leur enquête. Dans la grotte où Marie-Madeleine s’était retirée, ils procédèrent à des fouilles, et retrouvèrent les ossements. Les vrais ! Ils étaient toujours là ! C’était bien la preuve que ceux de Bourgogne étaient des faux. Le pape lui-même leur donna raison. Le coup fut rude pour Vézelay. Les pèlerins se détournèrent de ces os faux, qui furent d’ailleurs détruits par les protestants, au XVIe siècle. Comme autrefois, Vézelay continua donc de végéter pauvrement, là-haut, sur sa colline, dédaignée de la foule. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’elle suscita de nouveau l’intérêt du monde. Mérimée fit restaurer sa basilique et les touristes vinrent admirer ce splendide monument. En 1876, l’archevêché de Sens remit à la ville l’un des os de Marie-Madeleine qui avait été conservé dans son trésor. Et les pèlerinages vers la ville reprirent comme jadis. Il y avait de nouveau un os à Vézelay : la ville prospérait de nouveau. Cet os est-il celui de Marie-Madeleine ? Les Vézéliens se garderont bien de mener leur enquête. Et après tout, qu’importe, la beauté seule de la basilique est un miracle qui justifie bien la foi portée à ces reliques.■

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