Automne 2013
N°56À Dijon et Paray-le-Monial, deux hauts lieux bourguignons, le musée d’art sacré et le musée du Hiéron présentent une double exposition réunissant dix-huit artistes qui explorent, avec leur identité féminine, la notion de spiritualité.
Femme – Contemporain – Spirituel… Mettre ces trois mots l’un à côté de l’autre, je n’étais pas habituée… J’entendais plutôt que quelques intégristes manifestaient contre l’art contemporain, à contrario j’avais vu quelques œuvres anticléricales dans des centres d’art et me rappelais qu’il n’y a pas si longtemps les femmes n’avaient de place qu’au foyer. Alors vous pensez bien que c’est l’œil brillant et les oreilles en alerte que je suis allée voir Madeleine Blondel, à l’origine de cette spiritualité au féminin avec Dominique Dendraël.
C’est une idée de longue date pour susciter une nouvelle curiosité pour l’art sacré et montrer que le domaine du spirituel inspire toujours les artistes. Tous ne se réclament pas d’une église quel qu’elle soit, leur travail et la façon de l’effectuer est pour eux une façon de rejoindre le spirituel. C’est une démarche que je respecte. Le musée de la vie bourguignonne est un musée de société, or dans les débats de société, le religieux est omniprésent. Cette exposition permet d’élargir la sensibilité à l’ensemble des religions par le biais de l’art.
Dijon est un monastère cistercien de femmes, il est donc un écrin idéal pour cette exposition. Nous voulions mettre en résonance ces œuvres qui disent l’intime de ces artistes dans leur travail, telles les moniales dans le clair obscur de leurs cellules, avec le bâtiment et les collections. C’est une série d’ajustement avec une grande subtilité.
Aucune directive n’a été donnée aux artistes invitées mais le résultat augure d’une grande connivence et d’un bel enthousiasme. Les dialogues se sont noués, les œuvres sont entrées en résonance avec le lieu. Tout est très cohérent, chaque pièce est à sa place.
Il y a des réactions négatives d’une partie du public qui ne regarde pas. Je ne demande pas aux gens d’aimer, c’est une question trop personnelle. Ici, l’art contemporain oblige a un déplacement à l’intérieur de soi-même pour comprendre, pour essayer de savoir ce qu’on a voulu dire de cet indicible et c’est déjà très courageux de dire l’indicible. C’est un langage qui exprime ce que l’on ne peut pas dire, vous imaginez la difficulté ! À ce titre on doit respecter ces œuvres. Heureusement les réactions positives sont très nombreuses. L’échelle de Jacob de Valérie Colombel ou la petite fille du vent d’Isabelle Tournoud, robe de lumière en monnaie du pape, font l’unanimité. Ce sont de petits éclairages dans notre foi, comme cheminer avec un vocabulaire d’aujourd’hui.
Par cette exposition nous avons touché les médias nationaux parce qu’il y a comme une audace, une ouverture. Nous avons essayé de dire ce qui nous habitait depuis longtemps. Il y a une grande harmonie et une grande douceur dans ces lieux sublimés par ces œuvres féminines. Certaines ont un langage clair et limpide, d’autres changent en fonction de l’heure du jour. La couronne pour la gloire d’Hélène Mugot par exemple, se voit comme une danse macabre dans ses torsions et ses douleurs et en fin de compte devient une couronne de gloire aux premiers rayons de soleil.
15 rue Sainte-Anne à Dijon
Musée du Hiéron
13 rue de la Paix à Paray-le-Monial
Exposition jusqu’au 30 décembre 2013
La dernière exposition de la galerie Barnoud présente un ensemble d’œuvres de Henri Michaux et Gil Joseph Wolman. Le premier explique vouloir dessiner l’écoulement du temps et le second, pionner du Lettrisme, a inventé l’art scotch donnant au texte le statut d’image. Dans cette confrontation d’encres, dessins, collages, la frontière est mince entre arts graphiques et écriture. Presque un amuse-bouche avant la biennale de Lyon, l’écriture avant le récit, on en salive d’avance.
Écritures, jusqu’au 21 décembre à l’Entrepôt 9, 9 bd de l’Europe à Quetigny