Été 2016
N°67« J’avais une soif de l’Yonne, voulant savoir à quoi l’Auxerre, en homme de Sens, j’y Joigny un peu de vin et je dis : Tonnerre, Avallon ! »
C’est l’été, il fait chaud. Vous avez besoin de changer d’air mais pas forcément l’envie ni les moyens de partir à l’autre bout du monde. Bonne nouvelle ! Nous vous avons trouvé les bons plans pour vous dépayser à seulement quelques heures de route de votre canapé. Direction : l’Yonne ! Ah ses châteaux, ses musées et ses petits restaurants. Laissez tomber les Seychelles et profitez de vacances so frenchy ! Avec un peu de chance, vous tomberez, à Auxerre ou Joigny, sur une carte postale présentant encore le département avec cette amusante formule mnémotechnique d’autrefois imaginée pour obliger le dernier des cancres (on ne parlait pas des nuls à l’époque) à se souvenir des préfectures, sous-préfectures et autres chefs-lieux de notre beau pays.
Pour les nuls en histoire
Véritable personnage à part entière dans l’œuvre de Colette, sa maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye ouvre enfin ses portes au public, grâce à l’engagement de la Société des Amis de Colette et du Centre d’études Colette. Restituée à l’identique, de la bibliothèque aux bibelots, du jardin potager à la petite chambre au « froid carrelage rouge », des papiers peints au péron « boiteux », la « maison de Claudine » permet de comprendre comment cet univers familial désuet est devenu la plus belle source d’inspiration de Colette (qui n’a rien à voir avec un bar à eau célèbre, on précise quand même).
maisondecolette.fr
On y venait grignoter à l’heure du thé et même dormir, il y a quelques années, quand on jouait les routards à Vézelay. Feu l’ancienne Maison des Glycines (c’est en haut de la rue qui grimpe à Sainte-Marie-Madeleine) est devenue, grâce à l’énergie de Stéphane et Yves, « SY les Glycines » (et SI vous demandez encore pourquoi un tel nom, là, on ne peut plus rien pour vous). Chambres cosy, tomettes et boiseries aux couleurs contemporaines, un savant mélange qui donne un bon coup de peps à cette demeure ancienne au charme fou. On a craqué pour la Max-Pol Fouchet ou la petite Kandinsky (idéal pour un week-end en amoureux ; avec les mômes, prenez plutôt la Viollet-le-Duc). Le top : se réveiller avec la vue sur le fronton de la basilique. Le midi, ou le soir, après une rando dans la vallée du Cousin, on grignote à la terrasse du café Sy-Sy (il ne s’appelle pas comme ça, mais ça nous amuse), un peu plus haut. Facile à repérer : il y a souvent du monde à l’intérieur, preuve que la table est bonne. On y retournera s’il y a encore de la terrine maison, promis. Convivial, chaleureux, il y a même des concerts jazz de temps en temps.
Sy Les Glycines : 33 rue Saint-Pierre à Vézelay. Tél. 03 86 47 29 81 - www.vezelay-laterrasse.com
www.vezelay-laterrasse.com
Programmation des concerts sur page Facebook SY La Terrasse et SY Les Glycines
Pour les sportifs ►
Prêts à tester le parcours aventure aménagé dans la grotte de Champ-Retard ? Ouverture en nocturne de temps à autre (assez magique, sous les étoiles, avec les grillades au coin du feu !). Non-sportifs s’abstenir, ou faire comme nous et rester en bas à regarder, boire un verre de Chablis et avaler des grillades au feu de bois. Le parcours se déroule en partie dans des carrières souterraines de pierre blanche (voûtes de près de 15 m) abandonnées depuis les années 1930. Manifestations culturelles et musicales (quelle acoustique !) en saison.
La grotte de Champ-Retard : 89440 Coutarnoux (15 km au sud de Noyers-sur-Serein). Tél : 03-86-31-00-82.
Pour les nuls en histoire
Vive Tonnerre ! C’est un souhait, pas seulement une exclamation, car la ville a connu des heures difficiles. Tonnerre, sa fosse Dionne, son chevalier d’Eon, dont le mystère vous sera enfin révélé à travers les souvenirs de famille rassemblés par un de ses descendants, ou apparentés : Philippe Luyt, érudit passionné par la vie du célèbre diplomate et espion de Louis XV, a racheté cet hôtel particulier construit par le père du chevalier au début du XVIIIe.
Le chevalier (ou plutôt la chevalière, entre 1779 et 1786) recevait ses hôtes illustres dans le grand salon du rez-de-chaussée ou dans sa salle à manger d’été. Un polar paru en début d’année, dans la collection Babel noir (« Tuez qui vous voulez », par Olivier Barde-Cabuçon) vous fait revivre, non sans humour, un épisode inédit de la vie du chevalier. Allez le lire en terrasse, en vous offrant une dînette locale savoureuse place Marguerite de Bourgogne, dans la boutique transformée en grignoterie par Chantal Prieur.
22, rue du Pont, à Tonnerre.
06-13-02-04-63. ou 06-86-37-25-63.
Tlj sf mer, mieux vaut tél.
Autour du Pressoir :
pl. Marguerite-de-Bourgogne.
Tél : 03-86-54-81-05. Tlj en saison, 11h-19h. Assiette ou plat du jour.
Pour les familles
On adore le Musée des Arts Populaires de Laduz. Un musée passionnant, où est conservée vivante la mémoire d’une civilisation rurale vieille de plusieurs millénaires mais disloquée en quelques décennies par l’industrialisation. A ne pas manquer cet été, les créations originales et minutieuses de Bernadette Chéné, Marie-Thérèse Herdin et Odon. « Papiers Choisis II » ou l’extraordinaire patience de travailler un matériau simple de la vie quotidienne. A force de pliage, de tressage et découpage, d’étonnantes œuvres naissent sous leurs talentueux doigts de fée. Et si la créativité de ces trois artistes contemporains vous chatouille, des ateliers sont ouverts un mercredi sur deux en juillet et août avec une relieuse professionnelle (sur résa).
Le Musée des Arts populaires : 22, rue du Monceau. Tél : 03-86-73-70-08.
www.laduz.com À 15 km au sud de Joigny. Tlj juil-août ap-midi (tél pour le matin)
C’est à croire que l’Irancy donne des ailes ! trois copains se sont lancés dans l’organisation de la première course de caisses à savon du village. Pour qui connait bien le vignoble bourguignon, l’évènement devrait être à la hauteur, car les lacets et la route bordée de vignes et de cerisiers, sont aussi le terrain de jeu de la course de côte du village… Rendez-vous le 15 août, mais en descente évidemment ! Bricoleurs de tous poils, il vous reste quelques semaines pour concevoir l’engin de vos rêves d’enfant…
Facebook : irancy-caisse à savon
comite.fetes-irancy@laposte.net
Pour les vieux gamins
Avant le son-et-lumière du château, une visite qui fait du bien. Enquête-jeu avec son smartphone, en plus. Le musée présente plus de 1 000 pièces de cet appareil dans lequel Prokofiev voyait une « invention du démon » : le phonographe, ou gramophone (suivant son fabricant : Edison ou la Deutsche Grammophon). En verre, en cuivre, en bois, en étain, certains fonctionnent encore très bien. Des pièces rares, des curiosités et quelques révélations : le juke-box existait dès les années 1910 et il s’appelait phonotable. Impressionnante machine orchestre pneumatique de 1930. Également des radios et instruments de musique mécaniques : le limonaire, l’orgue de barbarie et le piano bastringue (du karaoké avant l’heure !).
http://aventureduson.wix.com/aventure-du-son
Pour les nuls en histoire
Pour ceux qui en veulent toujours plus, 4 visites en une ! Direction Ancy-le-Franc et son étonnant palais Renaissance situé au cœur d’un parc de 50 ha. Trois expo accompagnent la visite du château, de mars à octobre. Parmi celles-ci, des sculptures figuratives et animalières ont investi la clairière tandis que des paysages de Bourgogne s’invitent dans la cuisine d’été à travers les toiles de deux artistes. L’un d’eux, vous le connaissez déjà si vous êtes fan de Bing Bang, car il était en couverture du numéro 66, consacré au petit théâtre de la grande région. Et les personnages hallucinés de Maxime Frairot semblaient poser exprès pour une photo de groupe devant le conseil régional.
Château d’Ancy-le-Franc : ouv juil-août tlj sf lun matin, 10h30-18h. Visite guidée du château + visite libre du parc : adultes 13€ - enfants 8€
Hostellerie du Centre : 34, Grande-Rue, à Ancy-le-Franc. 03-86-75-15-11. hostellerie-du-centre.com Pour ceux à qui l’art donne faim, à deux pas du château. Equipe jeune, carte intéressante et terrasse.
Interdit aux hommes
Ambiance 50’s et 60’s chez Les Pipelettes. Ancienne acheteuse dans le prêt-à-porter de luxe, Cécile Baland s’est lancé le pari d’ouvrir une boutique 100% vintage à Avallon. Son objectif ? Proposer des pièces uniques et très féminines. Fait pas salon de thé, mais il y a toujours « Dame Jeanne » dans la grand-rue pour faire la dînette entre fille (là, les gosses et les maris sont admis, s’ils sont sages)
Les Pipelettes Vintage : 3 place du Général-de-Gaulle à Avallon
facebook.com/Les-Pipelettes-Vintage-292255417605509
Noyers pour les nuls
Vous avez décidé de visiter l’Yonne mais il pleut des cordes ? Allez voir le Musée des Arts naïfs et populaires de Noyers ! Installé dans un ancien collège (XVIIe s), il fut conçu à l’origine comme un « cabinet de curiosités » par un érudit local. Il présente aujourd’hui une des plus belles collections d’art naïf de France, des œuvres d’artistes inconnus côtoyant celles des grands maîtres. L’occasion aussi de découvrir l’exposition consacrée au peintre André Maire, un aventurier dont l’œuvre représente tous les paysages du monde.
Musée des Arts naïfs et populaires de Noyers : 25, rue de l’Église.
Tél : 03-86-82-89-09. www.noyers-et-tourisme.com
Serein(s) à Noyers
La cour pavée des Granges, c’est l’endroit idéal pour faire une pause gourmande, en journée. Installés dans des anciennes écuries, on déjeune rapidement de bons plats maison ou on s’arrête pour prendre le thé avant de repartir visiter le village de Noyers, classé dans « Les plus beaux village de France ».
Les Granges : 7 promenade du Pré de l’Échelle, à Noyers. Tél : 03-86-55-45-91. Ouvert ven-lun et jours fériés 12h-18h, plus ven 19h30-23h.
Tout nouveau à Noyers, Rouge et Blanc, est « LE » lieu sympa pour passer une bonne soirée au cœur de la cité médiévale. Laetitia et Denis font partager des petits trésors du terroir local, comme les charcuteries de la Maison Paillot, les salaisons de la Boucherie du Serein ou les fromages de Sylvain, dont on vous cause par ailleurs (pour parler local). Côté vin, la carte oscille entre bourgognes et bordelais, oui, la famille de Laetitia est de là-bas ! Autant dire qu’ici la gourmandise n’est pas un vilain défaut !
Rouge et Blanc : place de la Petite-Étape-aux-Vins.
À 21 km de Noyers, l’un des plus beaux villages féodaux de Bourgogne, et l’un des moins connus. La reine Brunehaut y aurait vécu au VIe s, d’où son nom (Mont-Royal). Une grande rue qui grimpe entre la porte d’En-Bas et la porte d’En-Haut, des maisons des XVe et XVIe s flanquées de tourelles, d’échauguettes, et en haut du village, sur une terrasse d’où la vue porte jusqu’au Morvan, l’ancienne collégiale édifiée vers 1170. Pour voir revivre ce décor, assistez au spectacle de rue historique donné en juillet-août. Costumés et prêts à tout, une centaine de figurants en costumes vous feront revivre cette période pleine de faste et de violence. Entrée gratuite.
Montréal : Le ven. 29/07 et sam. 30/07 ; le ven. 05/08 et sam. 06/08 ; à partir de 21h15
Marché de producteurs : place du Prieuré, mi-avril à mi-oct, tous les mercredis, de 17h30 à 20h.
So chic, so vert
Un lieu secret de Puisaye, qui donne une toute autre image de ce pays que certains ne font que traverser, entre Paris et la Côte d’Azur, pour s’arrêter ici. Des chambres d’hôtes parmi les plus chics de la BFC, sur résa, et un « Jardin remarquable » visible par tous. C’est un tableau grandeur nature que vous allez découvrir. Roses, lavandes, hortensias… Balade dans ce jardin botanique à la française pour le plus grand bonheur des yeux (et du nez !). N’oubliez pas d’aller jeter un coup d’œil au potager (1600m²) et à l’orangerie !
Le Jardin de La Borde : Leugny (dans les environs de Toucy). Tél :03-86-47-69-01
la-borde.eu
Mi-mars à mi-nov, ts les mar et derniers jeu et dim du mois.
Pour les nuls en histoire
Si, en longeant le canal, vous pensez avoir reconnu le décor d’un film, vous avez gagné le droit de revoir un des grands classiques du cinéma : c’est là que furent tournées, il y a cinquante ans, certaines scènes souriantes de La Grande Vadrouille. L’histoire de cette ferme forte mérite d’être contée par le propriétaire lui-même, ou par un guide, en été, tout autant que l’histoire des innovations techniques recensées au fil des salles. Le projet du propriétaire du château, ingénieur de métier, est de faire revivre, à travers des documents et des objets chinés ici ou là, l’histoire des hommes qui « blasonnaient plus haut que leur écu » comme celle des inconnus qui permirent au monde agraire d’avancer, des architectes qui permirent de passer du roman au gothique, des navigateurs qui apprirent à croire à leur bonne étoile... Il propose des travaux pratiques sur le temps (celui des hommes, enfin compté) à faire en famille.
Musée de l’Innovation technique médiévale-Château Faulin : 89660 Lichères-sur-Yonne. chateau-faulin.fr Tél. 06-09-74-00-68. Ouv le dim, jui-août, 15h-18h, et les w-e, sur rdv.
Ruines et tête de veau
On connaît Arcy-sur-Cure, ses grottes, on connaît moins, à 5 km de Saint-Moré,
Le Camp de Cora, site archéologique, ancien village retranché celte, et poste fortifié sur la voie Agrippa. Resto tout à côté pour ceux que les vieilles pierres n’inspirent pas. Repris par un couple passé du monde des médias à celui de la restauration. Sauvetage réussi ! Plats faits maison (tête de veau le jeudi sur commande) et bonne ambiance sont au rendez-vous. Quelques concerts de temps en temps.
Auberge du Camp de Cora : à Saint-Moré.
03-86-52-43-98. Tlj à midi sf mar.
Avec les mômes
L’Ecluse des Dames, c’est juste une ancienne maison éclusière le long du canal du Nivernais reconvertie en un bistrot sympa par Marie et Elvina qui ont tout compris au monde du tourisme. On y rempli son panier de produits du terroir, on mange un morceau avant que les p’tiots aillent sauter comme des fous dans les filets du Parcabout, installé de l’autre côté de la rive, au milieu des arbres.
L’Ecluse des Dames-Parcabout : route de Séry, 89460 Prégilbert. Port. : 06-81-53-02-10 ou 06-27-55-51-82.
http://www.eclusedesdames.com/