Hiver 2018-2019
N°77« Bizarre, vous avez dit bizarre ? » Nous avions préparé un numéro d’hiver consacré aux nouveaux Musées des Beaux-Arts devenus des lieux lumineux en phase avec notre époque et où tous les courants de pensée se rencontrent. S’affrontent même, pourrait-on dire, si le mot n’était aujourd’hui prohibé.
Un numéro spécial « Fêt’ARTS » faisant la part belle aux bars, restos et autres lieux chauds ou show de nos villes, pour plaire aussi à ceux qui, l’hiver, ont besoin de se réchauffer au contact des autres.
Vu l’ambiance régnant dans nos rues à l’heure où nous terminons ce numéro, nous avons préféré jouer une variation sur un thème plus classique, ce type de musique étant censé adoucir les moeurs…
En découvrant le nouveau MBAA de Besançon, 48 heures avant l’inauguration officielle par Emmanuel Macron, nous ne nous doutions pas que c’était au cœur de la Franche-Comté éternelle qu’allait se dérouler un de ces évènements porteurs de changements profonds. En voyant, la veille de son arrivée, des centaines de voitures bloquer l’entrée de la ville, certains auraient prédit l’avenir. Un conducteur, ou une conductrice, avec parfois un gosse ou des provisions à l’arrière, faisant la gueule. Il s’agissait d’une scène de la vie quotidienne dans un coin de France où tout le monde prend sa voiture pour rentrer du boulot.
Le jaune n’était pas encore la couleur de l’espoir, pour une grande partie de la population.
On ironisait en pensant au futur Musée du Vain, que pourrait s’offrir le maire de Beaune, s’il voulait transformer son MBA, le plus tristounet des quatre qu’on vous présente ici, en un musée capable de rivaliser avec le MIAM de Sète, consacré à l’art contemporain et aux arts mineurs. On ne pensait pas que le maire de Beaune allait trouver un moyen original d’échapper aux manifestants, en se faisant arrêter. Un Musée du Vain, quand on y pense, ça ferait un carton, on y mettrait nos propres fantasmes autour du pouvoir, de la voiture, des hommes politiques… Les étrangers nous l’envieraient, ce musée.
L’art c’est beau, mais c’est du boulot ! Une phrase de Karl Valentin à l’affiche du Parvis-Saint-Jean, car on vous parle d’art bien vivant, pour les vivants, dans ce mag 77 pour les jeunes de 7 à 77 ans.
On espère que cette lecture vous détendra, où que vous passiez cet hiver. On ne sait pas quand il arrivera entre vos mains, d’ailleurs, ce qui explique aussi pourquoi on n’a pas cru bon de vous foutre trop les boules, avec les décos de Noël.
Mais une fois de plus, on a été ravi de le préparer, en allant à la rencontre de gens formidables qui continuent de croire en l’homme, en l’avenir des villes, en la vie des arts, en la vie tout court.
Il y a 600 ans, tout juste, la vie des Bourguignons allait basculer. Le Duc Jean Sans Peur était assassiné sur le pont de Montereau, de la main d’un proche du futur roi de France, son fils Philippe le Bon allait monter sur le trône, faisant pour des années de la Grande Bourgogne un des états les plus puissants de l’Europe d’alors. C’était en 1419. L’histoire bégaye, parfois, mais ne se répète pas. Et d’abord, on n’a plus de Ducs. Ni de Roi.