Octobre 2008
N°36Avec Jean Maisonnave, depuis vingt ans, à chaque fois qu’on se retrouve, on parle bouffe et théâtre. Normal, ce sont, ou plus c’étaient ses deux passions. La bouffe, même sans Gault Millau, il n’a jamais arrêté. Il continue d’ailleurs d’en parler, un peu plus loin, dans ce même mag. Mais le théâtre, pour lui et pour le Grenier de Bourgogne, qu’il a porté pendant des décennie-s, ça s’arrête. Un retrait plus qu’une retraite ? Un changement de vie ? Questions… Réponses.
GB
JM : « En effet, la plus vieille compagnie régionale est en liquidation judiciaire. Mais l’essentiel est préservé puisque le Grenier Neuf est né, avec le même projet artistique (création, formation, territoire) et la majorité des ex-salariés du Grenier ».
JM : « Classique guerre de succession. Devant un tel gâchis, on peut penser que les raisons sont multiples, sans doute aussi les responsabilités. Je ne dirai que çà : avant mon départ, j’avais négocié avec l’Etat, la Région, la Ville une convention qui assurait un financement de 300 000 euros par an, pendant trois ans, avec maintien des emplois, le tout assorti d’un projet artistique écrit, parfaitement clair, depuis les missions jusqu’à l’organigramme. Si d’aucuns ne voulaient pas de la convention, il fallait le dire, on arrêtait tout de suite, ça évitait un an de tracas. Mais si on voulait la finance, il fallait respecter les termes du contrat. On ne pouvait pas espérer récupérer l’argent du beurre pour faire le sien, après avoir viré la crémière ! »
JM : « La nouvelle directrice, nommée par l’ensemble des pouvoirs publics et moi-même. Elle n’était pas ma candidate à l’origine mais son dossier était le plus solide et le plus travaillé. Un paquet de témoins peuvent le confirmer. »
JM : « C’était la même qu’avant. L’organigramme, lui, a fait problème. Enjeux de pouvoirs. Et moi, j’avais de sérieuses raisons de vouloir garantir par contrat le pouvoir de la création, pour les choix politiques de la compagnie. Des raisons qui ne sont pas sans rapport avec mon retrait légèrement anticipé… »
JM : « Non, ça n’intéresse pas forcément le monde. L’essentiel, c’est que ça continue, ailleurs. »
JM : « Le Grenier Neuf vit et travaille ailleurs, comme dans le temps. Quant au théâtre Mansart, le Grenier y serait encore si le service culturel du Crous (propriétaire du lieu) n’avait tout fait pour l’en exclure. Dommage : c’est le Grenier, donc la création, qui assurait le financement des activités. De nouveaux dossiers sont aujourd’hui déposés auprès des pouvoirs publics, je serais surpris que ça réussisse : on fout le feu à la baraque, on appelle les pompiers mais on oublie qu’on a saboté la grande échelle. Gonflé, non ?
JM : « Si on regarde de près, c’est surtout du cinéma que je faisais : écriture, cadrage, montage, travail d’acteurs… L’absence de caméra est un pur avatar historique (en disant cela, le gros matou nous fait vraiment son cinéma). Ce n’est pas qu’une boutade ! Mais pour répondre à la question, un retour n’est pas impossible. J’y pense… Si ça se fait ce sera une histoire de copains, sur un projet valable. »