Printemps 2013
N°54Gérard Bouchu
Liberté, festivités, marche à pieds : vendredi 17 mai, les cors seront aux pieds et le jazz dans toutes les têtes, avant de fêter la Liberté retrouvée le 18.
Stan Laferriere ©Pierre Vignacq
J’allais désespérer de la municipalité et vouer l’égérie de la culture aux gémonies, après tous ces week-ends passés à voir défiler des hordes certes sympathiques dans la pire salle jamais inventée ici-bas pour les musicos, entendez la Ferronnerie à Dijon. Image attristante d’une ville ayant perdu ses petites salles de spectacles les unes après les autres, ou ne sachant pas les utiliser, ce qui est pire. Alhambra, ABC, ahhhh...
Les 26000 couverts sont arrivés juste à temps ce printemps pour redonner espoir, tendresse et humour. Ceux qui se demandaient où était passé le peuple de gauche, en ces temps de doute, auraient du aller faire un tour sous leur chapiteau : sur cette esplanade battue par les vents, entre un boulevard périphérique et un quartier des affaires ne donnant pas envie de faire la foire, là-bas, il y avait de la vie. Et eux au moins, les 26000, n’emmerdaient personne !
Le théâtre municipal voisin, cerné par les travaux, avait lui aussi cet hiver des allures de mausolée. Difficile d’imaginer qu’il fut autrefois un temple... de la culture. Souvenir d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, où il y avait tous les soirs ou presque des spectacles musicaux, de la danse, du jazz...
JAZZ ! Quatre petites lettres qui faisaient naguère les belles heures et les belles nuits de la ville. Faute de grandes tournées, certains -plus résitants que d’autres- ont continué d’abreuver les amateurs bon an mal an, sous des abris de fortune, la pluie étant la seule eau acceptable au cours des soirées HOT.
En dehors des Feuillants, des soirées musicales dans des restos, des hôtels particuliers, les amateurs de jazz ne sont pas à la fête tous les soirs. D’où l’espoir mis dans cette veille de « fête de la Liberté », le 17 mai.
Le jazz, ça se savoure aussi bien en marchant, en fumant, en buvant un verre, en rêvant à la belle étoile. Et si c’était la note bleue qui allait faire fuir la malédiction pesant depuis des mois sur notre bonne ville ? Le jazz pour ramener l’espoir des jours meilleurs...
Difficile d’imaginer que « Jazz dans la ville », cette manifestation à ciel ouvert, bien implantée dans les murs et les mœurs du Vieux Dijon, s’apprête à fêter son quart de siècle.
Comme nous le rappellent Jacques Parize et ceux qui se sont battus à ses côtés pour que vive le jazz depuis des décennies, « elle a su au fil du temps (parfois du mauvais temps !) rassembler les acteurs majeurs de la scène jazz régionale, proposant ça et là quelques pointures hexagonales à un public flâneur d’amateurs et de curieux de plus en plus large »... édition après édition.
Plus de 8000 spectateurs l’an passé... le double, voire le triple au moins cette année, peut-être, puisque la manifestation accompagnera l’ouverture officielle de la rue de la Liberté aux piétons.
La Ville de Dijon a cette fois donné toute son importance à ce festival entièrement gratuit reconnu comme l’un des temps forts de la vie culturelle de toute l’agglomération dijonnaise.
« Cette 24ème édition, qui redevient déambulatoire en lien avec la piétonisation de la rue de la Liberté, fera la part belle à des formations de tout premier plan, dans quelques-uns des lieux emblématiques du centre ville... »
Fasse que le ciel pour une fois soit clément envers Dijon et nous offre une belle journée de Jazz... dans la Ville !
« LES ORACLES DU PHONO » (jazz swing traditionnel) avec Daniel HUCK et Stan LAFERRIERE en guest stars.
Les Oracles du Phono, c’est du Jazz Traditionnel à l’état pur, avec des arrangements subtils et surprenants qui rappellent l’esprit des grandes formations américaines de la fin des années 1920 (Duke Ellington, entre autres). Fougue et volubilité, swing évident et humour, telles sont les caractéristiques qui décrivent cet orchestre, qui accueillera Daniel Huck (sax alot, vocal) et Stan Laferrière (batterie) pour une soirée riche en émotions !
la fanfare Piotr en Concert.
De Billie Jean à Rage Against the Machine, en passant par les fondamentaux du swing, cette improbable formation « libert’air » fait exploser les genres avec une jubilation non feinte et un sens du théâtre qui est tout sauf du cinéma. Emmenée de sax de maître par Aymeric Descharrières (l’un des trublions des 26000 couverts, qu’on a adoré retrouver ce printemps), une fanfare qui déambule mais qui n’est jamais à la rue !
YAKOU TRIBE (quartet berlinois) + le MEDIUM BAND AMSA en 1ère partie.
On pouvait faire confiance au directeur de la maison Rhénanie-Palatinat pour nous dénicher une formation berlinoise de choc. Entre délicate mélancolie et gaieté discrète, des jazz-songs à apprécier dans le nouveau décor de la place Darcy, qui se passera pour une fois des « dong-dong » du tramway. Yakou signifie en japonais „voyage nocturne“. La tribu des voyages nocturnes vous emmène avec les histoires racontées par la guitare de Kai Brückner et le sax de Jan von Klewitz, accompagnés par la basse de Johannes Gunkel et la batterie de Rainer Winch. Une grande poésie musicale avec des influences du Modern Jazz et du Pop. Cette tribu est un phénomène qui n‘existe que rarement dans le jazz, un vrai groupe. 4 musiciens qui ne jouent pas ensemble parce qu‘ils y seraient forcés mais parce qu‘ils ne veulent rien d‘autre.
www.yakoutribe.de
Carte blanche à SIMPLE MEN (word/blues).
Rémy DECORMEILLE trio (piano jazz) + Claude JUVIGNY quintet (hommage à Wayne Shorter) en 1ère partie.
Le pianiste Rémy Decormeille, ancien Dijonnais pétri d’influences les plus diverses, s’est forgé une couleur personnelle, ainsi qu’un toucher sensible, chose assez rare dans le domaine du jazz. Julien Charlet, batteur polyvalent, connu pour sa capacité à groover
dans des contextes fusion ou world, fait preuve au sein du trio d’une grande finesse de jeu. Diego Imbert, réputé accompagner les plus grands, émule d’Eddie Gomez, joue de sa contrebasse avec une précision et une justesse qui font de lui l’homme idéal pour un trio.
Une fois ces trois musiciens réunis, c’est un véritable son de trio qui se dégage, faisant éclater le plaisir manifeste qu’ils prennent à jouer ensemble et qu’ils font partager à leur public.
En première partie, le quintette Claude Juvigny réunira, pour un hommage à Wayne Shorter, le saxophoniste du New Jersey, outre Rémy Decormeille, le saxophoniste William Helderlin, le contrebassiste Clément Juvigny (son fils) et comme invité l’un des plus brillants trompettistes français, Fabien Mary.