Juillet Août Septembre 2010
N°43Bridget P
C’est la phrase choc de l’été, le titre de l’exposition montée en commun par les différents musées municipaux dijonnais sur l’objet, le déchet, la réforme, le rebut. Partie intégrante de cette grande manifestation “Utopies et innovations“ organisée par seize villes de l’est, appartenant à la nouvelle Métropole Rhin-Rhône, qui devrait donner une impulsion à toute la région, en attendant le TGV.
Alors, c’est de l’Art ou du cochon ? On aimerait bien répondre du cochon car dans le cochon, tout est bon, y a rien à jeter…
Direction le musée de la vie bourguignonne, où s’est installée l’exposition principale. Sous le cloître flottent des étendards de plastique, recyclage de bouteilles. Le son est claquant, comme des haubans sur des mats. Les reflets au sol sont chatoyants, c’est une vision assez poétique. Assez rêvé, entrons dans le vif du sujet. L’exposition ressemble à un grand bazar, un véritable capharnaüm, une caverne d’Ali Baba et en plus on joue. Mettre des mots sur des objets, trouver le nombre de couches utilisées par bébé, euh… c’est beaucoup plus !
Ensuite on classe les objets que l’on garde, ceux que l’on archive, qui entrent au musée, ceux qu’on jette ou que l’on recycle. À chaque pièce une ambiance différente, un décor ou des matériaux qui changent, la découverte est ludique. L’expo avance, c’est moins drôle, ça devient un peu visite avec la Maîtresse d’école, moins de jeux, on doit apprendre. Le recyclage c’est moins fun ? Dommage, vite on ressort retrouver la féerie du cloître. Le bémol c’est qu’on aimerait bien continuer à se croire Alice et prendre un thé dans la cour, seulement voilà… la jolie terrasse ombragée, elle n’existe que dans nos rêves.
Et puis, pour répondre à la question que vous n’allez pas tarder à poser : oui, c’est de l’Art et tout le monde s’y met. Le Consortium installe six œuvres d’artistes contemporains dans des lieux publics. Objets détournés, contenus surprenants, accumulations vous attendent dans une cour ou un jardin. Nü Köza enguirlande le cloître du musée et le Frac a sorti pour l’occasion son Mr Bondieu, de Patrick Van Caeckenbergh qui semble tout droit venu d’Emmaüs. Le musée des Beaux-Arts organise des ateliers sur l’art du recyclage et des visites spéciales « objet, œuvre d’art » . Le jardin des sciences invite la Fée Folie et sonorise l’Arquebuse. Latitude 21 expose les photographies de Philip Roussin sur l’enfer de Dandora, même la Fnac s’y colle avec des ateliers fun sciences pour les enfants.
Et il y en a encore beaucoup d’autres : le lycée Le Castel, la Tour Elithis, le festival Dièse, au total 20 partenaires, 100 rendez-vous, si vous passez à côté, c’est que vous êtes bon à jeter…
Alors justement qu‘est-ce qu’on jette ?
Nos vieilles habitudes, bébé avec l’eau du bain et ses couches mais pas grand chose de tout ce qu’on a vu pour l’instant.
On réinvente ?
Le sens de circulation en allant visiter les autres villes, direction Grand Est, jusqu’à Bâle.
On dépoussière ?
La ville et ses acteurs culturels ont montré une cohésion exemplaire sur ce projet. On peut remettre ça tous les trimestres pour qu’enfin Dijon ait une véritable identité culturelle, une image novatrice ?
Qu‘est-ce qu’on garde ?
La biennale des musées de la métropole Rhin-Rhône avec un second rendez-vous en 2012… Et la petite phrase de François Rebsamen pour l’occasion :
« Dans la crise que le monde traverse aujourd’hui, l’Art reste le meilleur des civilisations qu’il soit révolte ou utopie, car il est porteur d’espoirs. La création est une nécessité : parce qu‘elle est signe de vie, parce qu’elle est dépassement permanent. »
Bridget P
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