Octobre 2016
N°68Il y a des consuls qu’on ne voit jamais, en ville. Lui, si. D’abord parce qu’il ne passe pas inaperçu, vu sa taille. Et parce que le tout-Dijon défile au moins une fois par an, chez lui, pour boire de la bière allemande ou un Riesling avec une saucisse grillée et un brötchen lors des journées portes-ouvertes à la Maison de Rhénanie-Palatinat. Pour fêter un quart de siècle au service des hommes (des deux régions), Till Meyer a décidé de faire la Foire. Foire aux vins, bien sûr. En compagnie des politiques français et allemands réunis pour l’occasion. Espérons qu’ils auront tous suffisamment goûté au vin du Main pour nous épargner les discours officiels !
Till, pour le côté espiègle. Meyer, pour la rigidité. « C’est comme Dupond, en allemand ». Le consul a de l’humour, et de l’amour de la France à revendre. Il est venu à Dijon comme lecteur à la Fac, à 33 ans. Il a appris à parler français et à comprendre les Dijonnais. Ce qui était méritoire. D’où sa nomination en 94 comme consul honoraire, un titre encore plus qu’une réalité. Son rôle : « mettre une petite goutte d’huile dans les rouages administratifs ».
À la tête de la maison de la Rhénanie-Palatinat, depuis 25 ans, il a entretenu joyeusement la flamme de la coopération, rendant concret (cours d’allemand, concerts, soirées, stages, voyages) ce qui n’aurait été sinon qu’un portage de drapeau. De se retrouver au cœur d’une nouvelle grande région encore plus proche de la sienne lui plait. 17% des élèves apprennent l’allemand en Bourgogne, 25 % le font en Franche-Comté. Là-bas, il y a aussi de vrais marchés de Noël alors que les nôtres sont souvent ridicules. On aurait pu avoir le plus beau marché de France à Dijon, derrière Notre-Dame, si on avait fait confiance à Till.
Puisqu’on l’empêche de jouer au Père Noël, Till a décidé de faire la Foire. Celle de Dijon va se mettre aux couleurs de l’Allemagne, grâce à lui. Ses amis vignerons seront là, venus des six micro-régions viticoles de Rhénanie-Palatinat. Car il ne faudrait pas oublier, à l’heure des discours, que ce qui a créé des liens entre les hommes ne parlant pas la même langue, depuis une soixantaine d’années, c’est le vin ! La 3ème génération, aujourd’hui, peut en tirer profit. ■ GB