automne 2012
N°52Mise au point
300% de terrasses en plus depuis 2003, un chiffre qui laisse rêveur. Et oui, les terrasses, ça fait déjà un bail, me glissa un aubergiste ravi, sans se douter que le mot avait désormais un double sens :
le droit à la terrasse, c’est aussi un droit au bail pour une utilisation commerciale du domaine public. Avec ses limites, ses règlements, son coût. Un problème qui fait plancher de nombreuses villes comme Annecy, Nimes ou Reims, entre autres.
Pas question de faire de l’humour avec ce sujet qui intéresse, et même passionne, les cafetiers et les restaurateurs, ceux du moins qui ont cru se faire une place au soleil à bon compte grâce au tram, ou simplement à la suite d’une évolution qui n’avait pas connu de remise en cause depuis 20 ans.
Le conseil municipal a voté à l’unanimité le 28 juin dernier un nouveau règlement et des nouveaux tarifs qui semblent apporter des changements importants. Pour clarifier les choses, rencontre avec Nathalie Koenders, adjointe au maire chargée du commerce et de l’artisanat, et à ce titre de la gestion des terrasses, sur les points précis dont elle a débattu avec l’UMIH et les professionnels du secteur.
Notre volonté reste toujours d’autoriser le maximum de terrasses et nous l’avons prouvé avec une ville qui compte dorénavant 280 terrasses pour une surface globale de 6.000 m², soit une augmentation de près de 300% depuis 2001 !
La terrasse est un point d’attractivité précieux pour la réalisation du chiffre d’affaire des professionnels. Quand on sait que le bail professionnel bar/restaurant se revend par rapport au chiffre d’affaires...
Donc les exploitants revendent l’espace public.
Nous avons de nombreux exemples d’établissements dont la valeur a incroyablement augmenté suite à l’autorisation d’une terrasse, d’autres nous demandent même une autorisation afin d’évaluer leur prix de vente ! Et c’est tant mieux ! ... Nous sommes ravis que le commerce à Dijon se porte bien et prospère
Je tiens d’abord à préciser que ces nouveaux règlement et tarifs, après concertation avec l’Umih et les professionnels du secteur, ne rentreront en vigueur qu’à partir du 1er janvier 2013.
Rappelons aussi que le règlement de la Ville de Dijon concernant les terrasses datait pour l’essentiel de son contenu, de 2003 ! Il ne nous semblait plus adapté à l’utilisation et aux usages d’aujourd’hui. L’exemple le plus évident était que l’ancien règlement interdisait toutes terrasses aménagées alors que, depuis la loi Evin sur le tabac de 2007, ces terrasses se sont largement développées dans toute la ville avec un aménagement léger mais aussi avec des séparations en dur qui en font de vraies salles annexes.
Nous comptons aujourd’hui une quarantaine de terrasses installées avec ce type d’équipement sans autorisation donc illégales.
Plutôt que de faire démonter ce type d’installation, le maire a souhaité que nous les régularisions. Ce nouveau règlement autorise les terrasses aménagées, c’est un point rassurant pour les exploitants qui conserveront ces surfaces qu’ils utilisent toute l’année…
Cette progression exceptionnelle doit cependant cohabiter avec l’environnement et particulièrement les riverains qui habitent au centre-ville.
Nous avions donc des secteurs où, jusqu’à présent, nous ne pouvions pas autoriser de terrasses car le risque de nuisances était important le soir. Grâce à cet article du nouveau règlement, nous pourrons contenter des professionnels qui en faisait la demande depuis des années…
Nous avons, comme la loi nous y oblige, reconsidéré les tarifs existants, en intégrant notamment la notion de rentabilité de l’occupation, essentielle à son application. Cela a entraîné la création de 5 secteurs géographiques, dont un secteur « majeur » où les investissements et équipements de la ville (piétonnisation, proximité tram, etc) notamment lui donnent une attractivité exceptionnelle.
Cette nouvelle grille colle au plus juste entre la facturation au m² et sa rentabilité. A noter que le tarif le plus élevé ne concerne que 6% des exploitants des terrasses et que les deux tarifs des secteurs les plus éloignés du centre ville ont été diminué de 10% pour soutenir les
« cafés de quartier ».
Ensuite il a fallu créer un tarif pour les équipements jusqu’alors interdits : les terrasses aménagées fermées. Là, nous avons considéré le tarif immobilier commercial appliqué à Dijon (nous avons travaillé avec les professionnels de l’immobilier), soit au centre-ville un prix constaté de 200 à 400 € le m² à l’année, et nous avons appliqué un tarif pour l’hypercentre-ville (par exemple autour des halles) de 110 € le m² pour une terrasse aménagée utilisable toute l’année ; donc en moyenne trois fois moins chère qu’une location privée.
Pour la terrasse plein air, nous sommes en moyenne à 55 € le m² sur l’ensemble de la ville.
Concrètement, avec le tarif « centre-ville », pour une terrasse plein air de 20 m² (surface moyenne à Dijon), les droits d’installation sont de 4.000 € pour toute la durée d’exploitation.
Nous avons veillé, là aussi, qu’il soit proportionnel à la rentabilité du lieu, donc très dégressif de l’hypercentre à la périphérie puisque les deux derniers secteurs tarifaires en sont même totalement exonérés.
Mais en tenant compte de l’avantage retiré par l’occupant, ce tarif a tout son sens !
Une terrasse hypercentre et plein air, comme rue Amiral Roussin, place Emile Zola, revient pour 60 jours d’exploitation à l’année à 1,16 € le m² par jour, 1 m² étant égal (selon les normes du métier !) à en moyenne 2 couverts par jour.
Pour une terrasse aménagée, toujours en hypercentre, utilisable toute l’année soit environ 250 jours, il en coûtera 0,44 € par jour pour 1 m², soit 8,8 € par jour pour une terrasse de 20 m², autour des halles par exemple.
Pour vous donner une vision globale, le changement de tarif représentera une augmentation de 80 € par mois pour près de 80% des exploitants de terrasse.