Printemps 2015
N°62Les mythes grecs sont comme les vieux chaudrons : c’est en eux que l’on mijote la meilleure littérature. Ce n’est pas ce vieux grigou de Freud qui nous contredira. Pas plus qu’Emmanuelle de Jésus, qui a revisité avec bonheur l’histoire de Salmacis.
Emmanuelle de Jesus,
« Salmacis », tome 2, « l’Ame sœur »,
ed. Hachette Livre, 19 €.
Alors qu’Hermaphrodite, tout d’innocence fait, se baigne dans les eaux d’une source, Salmacis, la nymphe de ces eaux le surprend et tombe instantanément amoureuse de lui. Elle se précipite sur lui, l’enlace, lui avoue son amour, mais il la repousse. Elle lève alors la tête aux cieux, et supplie les dieux de lui permettre de s’unir à son élu. Ceux-ci exaucent sa prière, et ils ne forment dès lors plus qu’un seul être bisexué, à la fois mâle et femelle. L’histoire ne dit pas ce que pense Hermaphrodite de sa subite métamorphose…
Emmanuelle de Jésus nous conte la suite des aventures amoureuses de Faustine Sullivan, 17 ans, et d’André Salvaggi, tous deux bien évidemment jeunes, doués et beaux à tomber par terre. Jusqu’à présent, Faustine a vécu dans l’ombre de son jumeau, Sasha, mais les choses ont évolué, puisque la jeune fille s’est découvert deux passions : l’escalade et Andra, fabuleux grimpeur lui-même.
Dès lors, ils se laissent emporter par un amour fou, qui n’est pas sans risque, comme elle va le découvrir. Car dans les veines d’Andréa coule un sang qui n’est pas tout à fait humain. Victime d’une antique malédiction, il ne peut accorder son amour qu’à un seul être. Si Faustine n’est pas l’élue, elle mourra !
Emmanuelle de Jésus a su trouver les mots pour nous conter cette aventure à la fois charnelle et spirituelle, et les images pour les mettre en scène. Son roman se lit d’une traite, tant et si bien qu’on en arrive à aimer les deux personnages, et à souhaiter que leur quête se termine positivement.
Quand on n’a que l’amour, il faut que celui-ci vive. Et prenne enfin sa revanche sur les passions mortes trop tôt.