Automne 2019
N°80La présentation de la saison lyrique a coïncidé avec la découverte d’un cadavre au domicile d’une ancienne chanteuse d’opérette. De quoi faire le bonheur des médias, déjà présents depuis une semaine à Dijon pour assister à la conférence de presse donnée autour du squelette retrouvé dans les caves des Ducs. Celui d’un des enfants qui avaient grandi dans ce même théâtre, un quart de siècle plus tôt.
Le suicide du baryton qui tenait le rôle principal dans l’opérette La Veuve Joyeuse, à la fin de la première représentation, n’aurait jamais été remis en question si un des deux témoins n’avait été son fils, qui l’avait vu tomber depuis la passerelle utilisée pour régler les éclairages. Un garçon traumatisé devenu un adulte à problèmes, même s’il n’était pas seul, apparemment, de ses « copains d’avant », à avoir connu une enfance perturbée.
Le seul autre témoin était un garçon de son âge, que personne ne reverra plus. Vivant, du moins, puisque c’est son squelette qui est réapparu, dans les sous-sols de l’ancien palais des ducs. ■
Le roman publié chez Z’EST Éditions revient sur une époque où tout n’était pas toujours aussi rose, dans le monde de l’opérette et de l’opéra, qu’on pouvait l’imaginer vu de la salle. Parmi les anciens du théâtre, convoqués par le SRPJ Dijon, certains vont devoir partir à la découverte d’un passé que beaucoup espéraient enterré depuis un quart de siècle.
À commencer par le fils du chanteur assassiné, qui va réussir à faire sortir des placards d’autres morts suspectes de chanteurs, metteurs en scène et autres proches du petit monde du Grand Théâtre de Dijon, disparus depuis plusieurs décennies.
Sans oublier une collection originale de petits cercueils en carton, retrouvés pour la plupart près des cadavres. Une tradition lancée autrefois par des artistes désireux de se venger, l’envoi de petits cercueils ayant précédé de véritables meurtres.
Entraînés dans un univers où certains ont appris à jouer un double jeu pour survivre, un quart de siècle après la mort de géniteurs inconscients du mal qu’ils avaient fait, les enquêteurs comme les journalistes présents auront du mal à accepter la vérité.
Les enquêteurs, officiels ou non, finiront par oublier leurs mésententes pour affronter sur leur terrain ces enfants nés dans un monde d’opérette, mais passés trop vite du rose bonbon au rouge sang et au noir complet, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’auront pas profité de la vie, aussi courte fut-elle pour trois d’entre eux.
Ce récit s’achèvera loin de la scène dijonnaise, à Amsterdam, à quelques pas des canaux, où ce ne sont pas seulement des canards qu’on retrouvera en train de barboter, dans l’ambiance glauque d’un petit matin pluvieux. Lorsque le rideau retombera sur ce drame de la vengeance, restera à certains la lourde tâche de décider quelle part de vérité dévoiler dans les journaux.
Un voyage dans le temps du théâtre accompagné d’une balade actuelle au fil des rues ou des canaux, entre Paris, Dijon et Amsterdam, en compagnie de quelques monstres sacrés d’hier, d’aujourd’hui et peut-être de demain, car l’histoire pourrait continuer un jour prochain, certains personnages étant du genre indestructible. ■ GB