En vert et contre tout
On a un extraterrestre dans l’équipe, et on ne le savait pas. On en a connu pourtant de drôles, en 20 ans. Des mégalos, des rigolos, des mythos, des personnages fabuleux qui nous ont permis de prendre la vie avec le sourire. Des qui nous en racontaient des vertes et des pas mûres, mais ça nous plaisait bien. Des petits et des grands hommes rouges, des qui picolaient pas mal, des Bourguignons, bref. Mais un Martien, on n’en avait jamais eu.
Greg, il est arrivé avant le confinement, il nous regardait bizarrement, mais ça, c’est habituel. Pas facile de nous suivre. Il nous a parlé tout de suite vélo, boulot, écolo. Quand il a demandé un verre de limonade à la place du Puligny-Montrachet servi à table ce jour-là, on l’a cru malade. Pourtant, il n’était pas vert.
Le confinement lui plaisait. Dijon revivait, reverdissait, les oiseaux chantaient, les fenêtres s’ouvraient. Nous aussi, on était pour, le centre-ville n’avait jamais été aussi propre, aussi paisible, les seuls êtres humains qu’on croisait, à part Greg, étaient des vendeurs d’herbe, qui disaient bonne nuit, à 5 heures du mat. Ils gagnaient en une nuit ce que d’autres peinaient à obtenir en un mois, personne ne leur disait rien, ils occupaient un B&B.
Greg dans sa sagesse a fait des adeptes. Jeûne une fois par semaine, eau à tous les repas, avec un peu de menthe, les jours de fêtes.
C’est vers lui qu’on s’est tourné pour préparer ce numéro vert, forcément. D’autant qu’il connaissait quelqu’un qui devait atterrir prochainement. Un type toujours vert. Pas un sénateur de LaREM, non, un vrai martien. Chapeau bas. ■ GB
Un autre regard sur le monde qui nous entoure.
■ Traduit du martien par Greg Naudin
D’abord, il faut arrêter de parler d’écologie sans mettre un bémol et surtout un s à la fin. Le mot écologie ne peut plus être utilisé au singulier : le service de com’ d’une société chimique et l’apiculteur bio du coin l’emploient, mais le sens qu’ils lui donnent est radicalement opposé.
Les écologies, donc. Faut-il ajouter un adjectif, pour savoir ce dont on parle ? C’est là que le citoyen allergique à la langue de bois commence à froncer le nez. Écologie raisonnée ? Écologie démocratique ? Écologie sociale ? Parions qu’un jour, quelqu’un ira jusqu’à oser nous vendre l’idée d’une « écologie verte ».
Distinguons bien sûr le bon grain de l’ivraie. Le « bon » écologiste trie ses déchets, ferme le robinet quand il se brosse les dents et utilise un logiciel qui lui indique combien il a sauvé d’arbres en prenant une salade plutôt qu’un steak-frites. Le « mauvais » écologiste bloque les trains de déchets nucléaires, barbouille les panneaux publicitaires, refuse les compteurs électriques connectés et s’enorgueillit de ne pas avoir la télé. Ces deux-là se détestent cordialement.
Autre distingo, pendant qu’on y est. Il y a l’écologisme d’État et son souci de ménager à la fois l’électeur, l’économie locale et Bruxelles. Et l’écologisme individuel, lui aussi farci de contradictions, de bien-pensance et de militantisme plus ou moins lourdingue. Entre ces deux-là, les points communs sont rares et difficilement accordables.
Pour certain, l’écologie est un idéal de mode de vie ; pour d’autres c’est – barrez les mentions inutiles - une obligation électorale ; une contrainte légale assortie de lourdes amendes ; un métier d’avenir ; un passage obligé pour obtenir un financement ; un pan entier du programme scolaire, etc.
L’écologie, surtout, est une forme d’athéisme appliquée au dieu Progrès. Or, il a fallu deux siècles à l’athéisme pour dissoudre l’Église. Avons-nous deux siècles devant nous le temps que l’écologie nous mette sur une autre voie ? ■ GN
Oui, je suis tout à fait certain que ce label "Ville bio" n’empêchera pas l’extinction de la grenouille dorée d’Amazonie et je partage votre affliction.
Il vient de la planète Zorg et sa nomination serait imminente. Il s’appelle RhùoiY’hplrafm, mais on peut l’appeler Bob.
Le choix d’un extra-terrestre de la part du gouvernement découle de l’observation qu’un virus à pompons semble bien plus efficace qu’un homo sapiens pour bousculer nos modes de vie et nos habitudes. Si une variante du rhume peut mettre à l’ancre tous les super-pétroliers du monde, imaginez ce que Bob pourrait obtenir, dépourvu qu’il est de toutes ambitions électorales ou financières !
Bob a prévu de rappeler lors de son prochain discours devant les Nations Unies que l’on fêtera bientôt le 50e anniversaire de la parution du « Printemps silencieux » de Rachel Carson, qui accusait certains pesticides d’être dangereux pour les oiseaux et pour l’homme. D’où son étonnement d’apprendre que les néonicotinoïdes, un insecticide néfaste pour les abeilles, entre autres, sont encore en vente.
La planète Zorg dont il est originaire est étrangement mal foutue côté climat. En fait, ce n’est pas une météo, mais plutôt une casserole de lait sur le feu : la moindre pétouille et tout déborde. Ce qui fait que Bob et ses congénères ont du climat des connaissances qui relèvent de l’instinct de survie. Nos scientifiques auraient pu énormément apprendre de lui, mais voilà : Bob a fait remarquer qu’il ne voyait pas l’intérêt d’un exposé devant des personnes qui lavent toujours leurs voitures à l’eau potable.
Encore peu au fait de nos coutumes, Bob a jeté un froid certain en appelant le Covid « mon estimé prédécesseur ». Il n’a rien arrangé en saluant son travail en matière de réduction drastique du trafic aérien et routier, avant de souligner l’exploit que cela constitue d’arrêter net le tournage de deux superproductions hollywoodiennes. Après un quart d’heure d’explications embrouillées, il s’est envolé en grommelant quelque chose à propose d’une « occasion manquée ».
Bob devrait être de retour d’un moment à l’autre. Un détail cependant s’il vous est donné la chance de le rencontrer : il est normal de sentir un goût de caramel au beurre salé dans la bouche quand on lui a serré la… enfin… le… truc qui lui sort de la… du… bidule jaune qui bouge. Les scientifiques qui assurent la garde rapprochée du président pensent que c’est sans danger. S’il vous prend la fantaisie de les croire, allez-y. Ou laissez votre député LREM s’en charger le premier. ■ GN