Printemps 2011
N°46Y’a bon Dijon
Entre polémiques, bons mots et licenciements… Jean-Louis Pierre, le nouveau directeur de Voo TV, a accepté de s’expliquer sur la deuxième vie qu’il entame après 30 années passées au Bien Public. L’occasion de calmer un peu le jeu après une arrivée mouvementée… Vous avez raté un épisode ?
On refait le pitch…
Rendez-vous est pris dans une petite brasserie qu’il connaît bien… Il accepte de parler après une prise de fonction pour le moins mouvementée. Jean-Louis Pierre, le directeur de Voo TV, la joue décontracté, ouvert, souriant… L’ancien rédacteur en chef du Bien Public a pourtant connu « des premières semaines difficiles ». Le retrait de Max Rebouillat, à l’origine de la chaîne, quatre suppressions de poste pour essayer d’en faire « une entreprise rentable », des railleries sur une « TV municipale » qui n’intéresse pas grand monde, sa mauvaise tirade enregistrée sur une vidéo pour « ironiser » sur le journalisme de caniveau (lire le billet d’humeur de Jean Maisonnave), son réseau d’amis qui lui aurait offert une retraite dorée après trente années passées dans le quotidien local… Jean-Louis Pierre est habillé pour l’hiver.
Il faut reconnaître que la jeune chaîne de télé a joué plus de « voo-voo zéla » en dehors des plateaux que sur l’antenne. Le nouveau directeur en est conscient, reconnaissant à demi mot sa part de responsabilité… Beaucoup de bruit pour rien donc, pour cette TV locale qui « vous regarde » mais qui reste peu regardée. La faute à sa programmation, à sa faible couverture dans l’agglomération… ?
Un constat que l’on devine gênant pour l’ancien rédacteur en chef du Bien Public, habitué à jouer les premiers rôles. Lui annonce qu’il n’a pas l’intention d’en faire un média « glamour » mais davantage « une télévision d’initiatives locales, de complément aux grandes chaînes ». Mais n’allez pas lui faire dire qu’il manque d’ambition : « c’est une jeune télévision mais nous devons réussir à imposer notre marque », annonce-t-il. Comment ? Il n’a pas de recettes miracles sur le contenu.
D’abord réussir à équilibrer les comptes. Le budget est aujourd’hui de 850.000 euros, il précise qu’il était d’environ 1,1 million d’euros avant qu’il ne prenne ses fonctions. Nous lui faisons remarquer que ça paraît cher pour une chaîne qui ne diffuse qu’un journal de 7 à 8 minutes et un direct de 45 minutes par jour, rediffusé quotidiennement 7 fois. Sans compter les nanards, lui les appelle les « feuilletons vintage » qui occupent la grille.
« Je ne suis pas un homme de télé mais j’ai rapidement compris que pour faire une minute d’antenne, cela nécessite une heure de travail », indique-t-il. On comprend vite qu’on ne pourra pas le taquiner sur le contenu de sa programmation, même si certains stigmatisent son mauvais côté
« local ». Jean-Louis Pierre nous expliquera que la télévision est un média qui nécessite de gros moyens et qu’il n’en a pas forcément à disposition pour faire mieux. Et nous suggère qu’il a rejoint le navire en cours et qu’il n’a donc pas besoin de justifier l’existence même de cette chaîne, financée aujourd’hui à hauteur de 35% par les collectivités (notamment Dijon, Le Grand Dijon et le Conseil régional), à 32% par des investisseurs privés, 15% par Dijon Première, 10% par la Caisse d’épargne, 5% par le Bien Public et 3% par Demain TV. Jean-Louis Pierre assume et se dit confiant pour l’avenir. Notamment parce que Voo Tv est désormais disponible grâce à Numericable, la TNT et prochainement via les box de Darty, Free et Orange… Il sera temps alors de faire parler la loi de l’audimat.
PL