Juillet Août Septembre 2010
N°43Gérard Bouchu
Notre dernier numéro « Dijon ville rock n’roll » nous a valu un max de critiques de la part de ceux qui se sont sentis visés par cette vision décalée de la ville. Notamment de ceux qui confondent info et pub, parlent trop, d’eux, des autres, et s’étonnent ensuite que ça leur reviennent, déformé selon eux, sur un coin de page.
On n’a pas la prétention d’être un journal d’information, répétons-le, on ne veut pas non plus faire de la déformation systématique : on est gêné d’avoir glissé ici ou là, en toute bonne foi (!), des petites phrases qui ne reflètent pas l’image qu’une ville comme Dijon veut donner au monde : désolé pour ceux qui ont participé à l’opération Dijon must art en espérant qu’on refléterait leur enthousiasme autour de la folle équipée des Pleurants (on aurait du demander les droits de la couv de Tintin en Amérique !). Désolé pour l’info visant tel restaurateur pas encore prêt à vendre ou à déménager, même si lui-même l’avait laissé entendre, mais c’est tout le problème d’annoncer des news dans un monde qui vit de la com, sinon de la pub.
Je reçois (pour certains guides touristiques nationaux que je remets à jour, de mon mieux, chaque année) des infos sur papier qui sont fausses et pourtant signées des intéressés : tel restaurateur qui a déjà un successeur en vue annonce qu’il fait des travaux et sera toujours là l’année prochaine, alors qu’il a déjà pris son billet d’avion pour s’envoler en Amérique du sud avec sa maîtresse, tel propriétaire de chambre d’hôtes, qui a bénéficié du soutien financier de tel ou tel organisme, a déjà les plans de sa future maison et le nom du repreneur de l’actuelle. Mais l’important, c’est d’être dans les guides, dans les mags, partout… D’où notre méfiance, et notre envie de prendre tout (ou presque) avec humour.
Bing Bang, vous connaissez, maintenant. On n’est pas une équipe de foot soudée pour gagner (les restaurateurs qui parlent ainsi de leur équipe de cuisine devraient d’ailleurs changer de formule !), on aurait plutôt tendance à tirer dans toutes les directions. On n’est pas l’équipe à Ruquier non plus, même si nos vraies-fausses réunions de rédaction, en terrasse des bistrots ces temps-ci, pourraient être reprises par les scénaristes du feuilleton « Cité des Ducs » : ils nous entendraient évoquer les derniers plantages médiatiques, parler vin et en vain, quand Patrick nous rejoint, évoquer Camping et l’image de Dijon donnée sur grand écran, parler mâles et bouffe, voire malbouffe, avec Liza Garfield ou Emilie, des nuits dijonnaises avec Lydie ou Françoise, entendre les secrets d’alcove des uns, les secrets de polichinelle des autres…
Comment rêver Dijon au plus près de sa réalité, sans tomber dans les excès des uns et les discours économico-politiques des autres ? Tout un programme qui devrait intéresser une agence de communication voulant s’implanter place de la Lib : cette fois, c’est pas de l’intox, c’est simplement le scénario, et comme Céline, qui vous parle boutique dans ces pages, va jouer le rôle de la future directrice de l’agence, ce sera du tout cuit pour elle (voir encadré).
Ce qui est dommage, c’est que le grand feuilleton sur le sujet reste encore à écrire, et Dijon est une terre d’élection à ce propos, avec les agences locales et les associations qui vont permettre à nos gens de com d’être encore plus performants. Telle Cerclecom, qui vient de naître et rassemble la fine fleur des communicants dijonnais. Dans ce monde de jeunes loups et de louloutes au cœur de l’actualité, on espère avoir enfin un regard neuf sur ce qui se passe (voir ci-contre)…
Difficile de dire à l’heure actuelle ce que sera « Cité des ducs » :
un soap à la dijonnaise, un petit frère de « Camera Café » ? Ou une version sans marionnettes des « Guignols de la Com »
qui pourrait faire les beaux soirs de Voo TV, quand le stock d’épisodes de Vidocq sera épuisé ?
Rien à voir en tous cas avec l’autre feuilleton de l’été, un David et Goliath à la dijonnaise, mettant en prise une directrice très média-net, l’inénarrable Sabine Torrès, face au dernier dinosaure de la presse régionale, sérieusement concurrencé désormais par toutes les infos qui tombent sur l’écran noir de nos Macs blancs, du matin (Dijonscope) au soir (Gazette Info). Nous sommes tous des fils et des filles de com, sauf Jean Maisonnave, dernier représentant journalistique d’un monde où la critique sur papier avait un sens. Difficile de lui expliquer que le combat de l’été se déroule entre une directrice de mag sur internet et un journal racheté par une banque, il croit qu’on lui parle d’un Plus belle la vie à la sauce moutarde !
Gérard Bouchu