Octobre 2016
N°68Au petit jeu des questions - réponses, les frangins Petitcolas ont au moins un point commun : leur côté pince-sans-rire. Gentiment déconneurs, profondément bosseurs, ces deux grands enfants sont désormais des patrons, des vrais. Associés en affaires, même si dans la vie, leurs avis diffèrent. Didier le brun, a grandi, directement au cœur de la meute. Numéro 4 d’une famille de 6 enfants, il a vite été rejoint par Lionnel, le blond. Deux ans seulement les séparent, et pourtant entre eux, c’est le grand écart.
À 15 ans, Didier prend ses quartiers au CFA La Noue : « on m’a demandé de choisir un métier. À l’époque, en gros, il y avait deux options : restauration ou bâtiment. Comme je suis frileux, j’ai pris la restauration ! ».
De son côté Lionnel prend le large avec un BAC S, une école d’ingénieur et un 3ème cycle en finance. Deux destins professionnels qui auraient pu ne jamais se croiser… et pourtant.
Après 10 années passées au sein du groupe Accor, Didier prend la clé des champs, avec en ligne de mire, le Castel de Très Girard, un hôtel-restaurant de Morey-Saint-Denis. Un appel du pied à son petit frère suffira à lui faire rejoindre l’aventure. Nous sommes alors en 1996, Didier a 30 ans, Lionnel 28… Les deux p’tits gars du pays font leur grand retour en Bourgogne, à deux pas de leur Couchey natal. Didier au devant de la scène et Lionnel en coulisses. Question de caractère et de compétences professionnelles aussi.
Deux ans plus tard, les frangins flairent une occasion de se développer en achetant le Château de Saulon-la-Rue. Ils ont désormais chacun leur terrain de jeu et avancent sans forcément se croiser ni se marcher dessus… ce qui leur va plutôt bien. En 1999, ils créent Grands Bourgognes, une activité de vente de vin d’abord installée dans les dépendances du château puis à Brochon en 2009. Depuis ce QG, planqué sur la côte, les Petitcolas veillent au grain. Au fil des ans, ils ont appris à bosser ensemble, et surtout à ne pas travailler ensemble. Lionnel c’est l’homme invisible : compta, gestion, développement, paperasse. Le back office c’est son dada. Didier c’est l’homme de terrain : service, accueil, négociation, coups de gueule. Il est partout. Franchement, ils sont tellement aux antipodes qu’on les imaginerait bien se foutre sur la gueule… Et pourtant, ces deux-là gèrent 3 boîtes, 50 salariés… Ça fait 20 ans que ça dure et ils n’ont pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.
• L’endroit où vous allez pour être certain de ne pas croiser votre frère ?
Didier : « au Castel de Très Girard »
Lionnel : « chez moi ! »
• Quel est le défaut qui vous énerve le plus chez votre frère ?
Didier : « il n’est jamais à l’heure et justifie cela en disant qu’il travaille ! »
Lionnel : « il est bordélique »
• Quelle est la force de votre duo ?
Didier : « la complémentarité »
Lionnel : « la confiance »
• Si vous n’étiez pas frère, auriez-vous pu être potes ?
Didier : « bonne question ! »
Lionnel : « je me demande surtout dans quelle mesure, on aurait pu être amené à se rencontrer ! »