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Magazine Dijon

Printemps 2013

 N°54
 
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07

FOCUS
Gérard Bouchu

On a retrouvé le Palais des Ducs ! enfin, presque…

Une nuit au musée des Beaux-Art ? Un rêve qui deviendra réalité le 18 mai, en attendant le réouverture officielle le 7 septembre. Avant de pouvoir découvrir les nouvelles salles, c’est à une autre visite, plus insolite encore, que nous vous invitons. Une visite rapide du véritable palais ducal, celui qui a été perdu, découpé, occupé au fil des siècles avant d’être retrouvé cet hiver par les archéologues.


MBA-FocaleInfo

Depuis six siècles, les fantômes des Grands Ducs d’Occident en auront vu passer, des architectes, des muséographes, des politiques coupant et occupant chaque fois différemment voir leur vieux palais du XVème. Ils attendaient certainement beaucoup de cette nouvelle mouture, destinée à leur rendre leur panache. Panache symbolisé par la tour Philippe le Bon, ultime témoin du temps où flamboyait la Toison d’Or, des Flandres à la Bourgogne du sud.

Regardez bien l’Hôtel de Ville. Une noble bâtisse, ennuyeuse à force de symétrie, un rien trop prétentieuse, et pourtant sauvée de l’ennui grâce à elle. Approchez. Nous vous invitons à pénétrer dans les coulisses du pouvoir, pour retrouver les traces encore visibles, ce printemps, des fastes passés.

Traces que la fin des travaux effacera, hélas, pour la plupart. Comme ce dessin d’une tête d’âne, apparue comme par magie sous la lampe de notre guide. Une tête retournée, ultime trace de passage des échansons, et retrouvée comme par hasard dans les anciennes caves des ducs, quelque peu mises à mal pour faire passer les tuyaux de la chaudière monstrueuse qui alimente le monstre.

Il était une fois un palais caché...

Imaginez, vous êtes là, en terrasse, place de la Lib, et un touriste vous demande le chemin du palais des ducs. Vous lui montrez la mairie, le palais des états, le musée, bref, le monument difficile à éviter quand on est là, et l’autre, il vous dit comme ça…

- Désolé, sorry, nous, ce qu’on veut, c’est le vrai palais des « dukes » !
On rigole, il parlait bien français, c’était juste pour éviter les répétition, car on n’a pas fini d’en reparler, des quatre grands ducs d’Occident, ceux du temps où flamboyait la Toison d’Or : le bon, la brute et le truand, sans oublier le hardi.

Mais le visiteur avait raison : ce palais devant lequel nombre de Dijonnais passaient comme moi, depuis l’enfance, personne ne pouvait se vanter de l’avoir vu en entier. En vrai ou en images de synthèse.
En attendant les futures visites insolites prévues pour cet automne (si le maire donne l’autorisation de traverser les anciens appartements transformés aujourd’hui en bureaux), j’aurais pu, comme beaucoup, continuer à tout ignorer de l’hôtel construit autrefois pour les ducs si je n’avais pas eu la chance de rencontrer Hervé Mouillebouche, chercheur et historien du centre de Castellologie de Bourgogne.

C’est à cette association que la surveillance archéologique du monument a été confiée. Sous sa direction et celle de René-Pierre Lehner, le dernier grand palais médiéval de France à n’avoir jamais été sérieusement étudié a enfin pris forme sur le papier et sur l’écran. Un article faisant le point de leurs recherches devrait être publié cet automne, en attendant que le musée puisse s’offrir un jour des projections en 3D et une maquette signée Hervé Arnoul.

Passage dans le temps

Herve-Mouillebouche

Pour partir à la recherche de l’ancienne résidence des ducs de Valois, l’entrée de la cour de Bar étant encore fermée, nous avons emprunté le passage de la mairie actuel. Le peuple traversait déjà le palais autrefois, sauf les jours où le duc était là. Tout le monde connaît la salle des mariages, à droite, avec ses croisées d’ogives retombant sur des colonnes qui ont gardé belle allure, mais ignore qu’on trouve la suite de l’autre côté du mur, côté musée (voir plus loin).

Dans ce passage ouvert aux quatre vents et montant aujourd’hui vers les bureaux du maire, imaginez au dessus de vous le Logis Neuf, avec d’un côté les appartements des invités, ceux du duc de l’autre, à deux pas de la salle des gardes qui abrite aujourd’hui leurs tombeaux.
Imaginez toujours, à l’heure où l’on rêve d’une cité de la gastronomie, ce que cette ancienne salle des festins aurait pu devenir, si elle avait restitué la mémoire d’un temps où les ducs accueillaient ici leurs familiers pour des fêtes d’un luxe inouï qui réunissaient un bon millier de personnes... précisons : un millier d’hommes et de femmes au service d’une poignée d’heureux élus. C’était l’époque où flamboyait la Toison d’Or, où la Bourgogne s’étendait jusqu’à la Flandre, où le cellier renfermait des splendeurs.

Le cellier, dites vous ? La salle des mariages actuelle, qui aurait dû faire partie intégrante du musée, si notre dernier duc n’y avait mis son veto, avec un accès aux anciennes caves voûtées qui n’accueillent plus que la chaudière et un millier de kilomètres de tuyaux, de conduits, de gaines, narguant des vestiges du XVème. Un ensemble qui n’aurait pas manqué de panache pour défendre l’image de la cité de la gastronomie et la candidature des Climats bourguignons.

Tout à côté, sous la galerie de Bellegarde, le futur café du musée faillit être attribué à de gentes dames pour faire une cuisine de notre temps, mais on attend toujours qu’un chef plus en phase avec les exigences techniques du musée ne se décide à accepter le marché.


 
 

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