Printemps 2013
N°54Gérard Bouchu
’’Ici tout est fait maison !’’
Etions-nous devenus à ce point incrédules que même ce panneau, pourtant légitime, avait fini par nous faire douter de ce que nous avions dans l’assiette ?
Thomas Collomb quittera pas Dijon pour Gevrey, les Cariatides pour la Rôtisserie du Chambertin, il gardera un oeil sur l’un tout en ayant un pied dans l’autre, comme dirait un humoriste célèbre.
La moutarde nous montait au nez, dans chaque numéro de Bing Bang. Avec la perspective de la future cité de la gastronomie, on se dit qu’on va enfin pouvoir enfin croire à ce que l’on mange.
La mayonnaise a mis du temps à monter, enfin elle prend. Cette mayonnaise-là, n’allons pas cracher dedans, comme certain marmiton haïssant ses patrons le faisait parait-il. Espérons des jours meilleurs, et plaçons les sous l’égide de cette bonne mayonnaise de Dijon, que le « Petit Journal » de Canal + a cru fûté de nous servir comme fond d’image, alors qu’il cuisinait le maire de Dijon.
La venue de François Hollande nous a montré qu’il fallait rester modeste et ne pas croire que notre image à l’extérieur était devenue celle d’une cité internationale. Les rares Dijonnaises interviewées, qui n’appartenaient ni au parti ni à la police, se sont montrées dignes des « dames de la Halle » d’autrefois, à qui les autorités ne faisaient pas peur : l’une a refusé d’être prise en photo aux côtés d’un homme trop m’as-tu-vu-à-la-télé, l’autre lui a conseillé de tenir sa compagne dans la cuisine, sans lui donner officiellement les clés de la cave. On caricature, mais il y avait un peu de ça.
Les halles, il n’y a que ça de vrai. Les cris, les rires, les odeurs. Avec la fin des travaux du tram et de la rue de la Liberté, il faut espérer que nos mamies et tous ceux qui boudaient le marché, parce qu’ils ne pouvaient pas se garer ou venir en bus de Fontaine ou d’ailleurs, vont reprendre les bonnes habitudes d’autrefois.
Vive la cuisine du marché. On en revient au sincère, au fait maison, ce qui n’empêchera pas certains d’aller chercher à Métro ou ailleurs des produits ou des bases, le temps n’étant plus à l’épluchage sur le trottoir ni aux desserts minute.
Une vraie ambiance bistrot, on comprend que ça ait pu attirer un président de la République, rue des Godrans. Le Café de l’Industrie n’a pas attendu la visite du bon François pour faire deux services à midi. Là, maintenant, il va en faire trois. Sans augmenter ses prix, on espère !