Décembre 2008
N°37Jean Maisonnave
C’est l’incontournable attraction dijonnaise. Autant dire que les avis sont partagés, voire circonvenus par des considérations pas bien rationnelles. Levons donc tout de suite l’ambiguïté : c’est du Zuddas, mais ce n’est pas comme à « L’Auberge de la Charme ».
Et ce n’est pas le même prix. Ceux qui ont pu, ou souhaité fréquenter « La Charme » en seront donc très exactement pour leurs frais, lesquels sont ici bien moindres, pour une cuisine du coup plus accessible. Et c’est ce qui fait l’intérêt majeur du projet, décor et service compris : un mélange intelligent de réalisme économique et de cuisine post-moderne, avec ce qu’il faut de principes et de créativité pour assurer un style à l’ensemble. A savoir des produits bien achetés, - y compris les vins, dont les bourgognes seuls culminent à des tarifs touristiques –
astucieusement présentés et condimentés, et des assiettes adroitement composées, dans le goût de l’époque. Excellents légumes crus et cuits, bon cabillaud, épaule d’agneau (formule) moyenne, desserts frais et toniques. En un mot, c’est gentiment tarifé, servi rapidement, non sans attentions. A midi, la clientèle du quartier accourt. Le soir, c’est plus ambitieux avec, même, une formule dite « transgression », que j’essaierai un de ces jours, quand j’aurai envie de transgresser comme un fou…
Conclusion : David Zuddas a assimilé la contingence. Il doit s’y retrouver et on ne l’a pas perdu, dans le mesure où, sans jeu de mots, cet endroit – populaire – est loin de manquer de … charme. On attend la suite.
12, rue Odebert. Tél : 03-80-50-09-26. www.dzenvies.com Formules 15-20 € le midi ; le soir, selon l’envie, menus 28-35 €.
Concept intéressant et très actuel, très probablement inspiré par le « Spoon » de Ducasse à Paris : une cuisine en kit et plus ou moins planétaire, l’Asie revue bobo. Concrètement, on vous donne une assiette, vous choisissez tout le reste, produits, sauce, avec cuisson unique au wok et vous mélangez le tout dans un bol. Ca fait un repas. Outil des cuisines de rue asiatiques, le wok est un compromis, si on voit, entre la sauteuse et le cul de poule. Il correspond aux attentes de l’époque : simplicité, rapidité, crudité, diététique donc, en principe, et ludicité. Le geste culinaire étant ici assumé par de dynamiques jeunes pirates enturbannés. Et c’est comment ? Sympa, parfumé, original, nomade. Et plutôt bon si vous résistez à la tentation de mettre un peu tout avec n’importe quoi. Car le truc est là. En fin de compte, c’est vous qui faites votre cuisine ; les variations étant presque infinies, c’est à vous d’être responsable et de vous satisfaire, pourvu que vous aimiez les légumes, la crudité (en tout cas les cuissons courtes) et le dépaysement. Pour les réfractaires, la carte offre des plats plus traditionnels dans le style exotique. Les produits sont toujours frais, puisque majoritairement surgelés, ce qui n’est pas une tare, même si certains poissons y laissent des plumes. Passons sur les vins, passons vite ; l’ensemble est malin, amusant, nouveau, pas étonnant que ce soit la cantine du Grand Dijon et adjacents, dans un quartier jusque là à peine moins pathétique que la 6ème de Tchaïkovsky. Compter de 13 à 30 €.
58 av. du Drapeau. Tel : 03-80-74-36-24.
Formules de 11 à 27 €