Printemps 2019
N°78Le 17 mai, c’est la fête au palais ! Gueux, nobles cœurs, artistes, visiteurs d’un jour, allez tous vous faire voir chez les ducs ! Le printemps des (beaux) arts est arrivé !
On aurait aimé placer face à face Philippe le Bon et François le Tenace, dernier duc en date. Ce qui aurait été logique. Lorsque François Rebsamen a pris la décision de rendre tout son lustre au logis des Grands Ducs d’Occident, il avait été le premier à oser le faire. On aurait pu glisser entre les deux hommes un portrait de Louis XIV.
Le Roi-Soleil a réussi à gommer toute trace du Dijon médiéval en enfouissant le vieux palais ducal derrière une façade grand siècle. Grandiose pour les uns, d’un ennui architectural certain pour d’autres. Heureusement, Louis XIV avait tenu à conserver la tour Philippe le Bon, et sa présence continue de donner du panache à l’ensemble abritant depuis mairie et musée des Beaux-Arts.
Un ensemble qui risque de faire pâle figure à la mi-mai lorsque l’attention des habitués, assis en terrasse place de la Libération, va se déporter sur la droite, à la suite des nombreux curieux avides de découvrir les trésors cachés depuis des mois derrière des palissades.
Il va falloir que les services de la mairie fassent un effort pour bichonner la cour d’honneur (avec ses vieux rideaux aux fenêtres et ses bagnoles, hou qu’elle est vilaine !). Sinon, elle servira simplement de chemin de traverse pour rejoindre le jardin des ducs, qui a retrouvé tout son charme dans un environnement magnifié par la restauration du musée. Ou pour se diriger vers la cour de Bar, magnifique désormais, afin de rejoindre la place de la Sainte-Chapelle, libérée des voitures et d’une certaine pesanteur architecturale, en attendant la suite, à savoir la rénovation du théatre municipal (voir plus loin).
On vous raconte dans ces pages notre rencontre avec le fantôme du plus célèbre des ducs, dont on fêtera l’arrivée au pouvoir en septembre, à la fin d’un été qui devrait replacer Dijon en tête de gondole des villes d’Europe les plus culturellement fréquentables. Au même titre que Gand, Bruxelles et Bruges, toutes villes qui ont vu passer Philippe le Bon.
Un type en or, qui ne nous en voudra pas de l’avoir fait sortir de son tableau officiel pour assurer la promo de son palais et de la cité où il est né le 31 juillet 1396.
Après avoir passé six siècles à faire la tronche, dans son cadre, au milieu d’autres rescapés de l’époque héroïque où flamboyait la Toison d’Or, il était ravi que son descendant (élu du peuple, celui-là) ouvre son musée à la modernité et aux quatre vents, faisant entrer la foule dans des cours qui vont redevenir de vrais lieux de vie et de passage.
Bienvenue donc dans un monde jusqu’à présent caché derrière des barricades et qui devrait nous entraîner à la redécouverte d’un passé dépoussiéré.
Un musée qui regarde sur la ville, une ville qui jette un nouveau regard sur son musée, on attend ça avec impatience.
Pendant ce temps, l’art se met dans la rue, les vitrines des commerçants, les façades se mettent à l’art. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises. On a même été faire un tour dans les réserves de la future boutique du musée, pas triste, où il n’y a pas que les enfants qui vont s’amuser. S’amuser dans un musée, avant, on n’aurait jamais osé y penser ! ■ GB