Été 2018
N°75Publicité
La dernière fabrique de pain d’épices dijonnais fête cet été ses 222 ans. L’occasion de découvrir un patrimoine industriel sauvé par une poignée de fidèles, réunis autour de Catherine Petitjean, unique descendante d’un pain d’épicier entré dans la légende des siècles.
La plupart des Dijonnais ignoraient son existence jusqu’à la création l’an passé de ce parcours muséographique tendre, odorant, ludique et instructif à la fois. Un hommage sincère et ému au monde du travail, dont les représentants actuels guident nos pas dans ces locaux industriels intelligemment rendus à la vie. Des guides infatigables, qui connaissent par coeur les petits secrets comme les grandes heures de la maison, vous permettent de comprendre ce qui s’est passé, dans ces locaux agrandis au fil des siècles. Par écran interposé, bien sûr, car il faut vivre avec son temps.
Accent bourguignon à couper au couteau pour Jean-Louis, une « bonne pâte » comme on en fait toujours (heureusement !), accent plus sudiste pour Indalita, l’artiste des fruits confits.
Entre deux machines, entre deux films, on en croise d’autres, acteurs muets mais bien réels car ce sont eux, derrière les vitrines, qui permettent à Mulot & Petitjean de produire plus de 500 tonnes de pain d’épices par an.
Un musée ? Non, une entreprise du patrimoine vivant fière de son présent comme de son passé, que l’on n’imaginait pas si savoureux, si exotique. Pour le comprendre, ne manquez pas le départ de la visite, dans un bureau reconstitué à l’identique, car chez les Petitjean, on ne triche pas. La déco fait dans la récup maison, juste du bois, du métal qu’on a retrouvé, dépoussiéré, nettoyé. On peut n’être pas un grand amoureux du pain d’épices de grand-maman ou des nonnettes qui restent accolées à l’image de la maison, mais on le devient au bout d’une heure de visite, quand on se retrouve dans ce hall-boutique qui présente les produits dans des packaging qui renvoient pour certains à d’anciennes publicités, à des souvenirs qu’on croyait enfouis.
Allez découvrir la dernière entreprise artisanale de ce pain enlevé par les Ducs de la bouche des Flamands dans les lieux mêmes qui l’ont vu naître, croître, se développer, sans perdre son âme. Même si l’heure est au tourisme industriel, il n’y a pas tant de lieux susceptibles de faire partager autant d’émotion autour d’un produit. Une petite quinzaine en France, peut-être.
GB
Catherine Petitjean a eu envie de poursuivre son travail de mémoire en présentant sa première exposition sur le quartier des Perrières qui a vu naître et grandir Mulot & Petitjean. Dans le hall de la Fabrique, lieu emblématique avec sa vieille horloge qui rythmait autrefois les heures de travail, va revivre un vignoble oublié que l’urbanisation galopante a fait disparaître. À travers des panneaux, bien sûr, en attendant le jour où repousseront quelques pieds de vigne dans l’entrée de la fabrique. Ne manque plus qu’une guinguette sur la placette, face aux voies de chemin de fer, qu’on vous invite à remonter jusqu’à la gare ensuite, pour profiter d’une vue sur Dijon qui n’a pas du changer beaucoup, depuis l’époque de Vincenot.
6, bd de l’Ouest, à Dijon.
03 80 30 07 10
mulotpetitjean.fr
À 100 m de la chartreuse de Champmol.
Lignes de bus 10 et 12 arrêt Perrières.
Mar-sam 10h-12h30, 14h-18h30.
Entrée : 8 € ; réduc.