60
Magazine Dijon

Automne 2014

 N°60
 
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02

Moi l’idole dijonnaise La chronique du mégalo

Je suis sûr que vous vous souvenez tous des « Pernot’s ». Le groupe des années 60, enfin, les Pernot’s ! Dick, Eddie, Jean-Pierre et moi, on bossait ensemble à la biscuiterie Pernot, d’où le nom ! Il y avait l’Alain Jacotot (Dick) à la guitare, l’Edouard Gillot (Eddie) à la basse, l’Jean-Pierre Chifflot à la batterie pis moi au micro. On avait même fait un disque avec notre tube « Twist de der », ça faisait comme ça :

" Twist, Twist,
Oh c’est le dernier twist,
Twist, Twist,
Oh c’est le twist de der
Ohoh yes twist de der
Ohoh yes twist de der "


les-pernot's - Twist de Der

Impossible que vous vous souveniez pas, on en a vendu 628 à l’époque, presque un succès, on avait joué pour l’arbre de Noël des biscuits Pernot et aussi de chez Fournier. On jouait aussi fort que les Chaussettes ! On était des vedettes, chez Pernot ! Y’avait même des jaloux qui nous appelaient les Belotte’s rapport à notre titre (Twist de der), mais c’était des jaloux, des qui z’avaient pas de succès pasqu’y z’étaient pas capables d’écrire un beau texte en bon français comme celui-là qu’j’avais écrit moi-même à la main en à peine une semaine.
C’est comme ça que j’ai rencontré la Sylvie qu’est devenue ma femme, c’était une groupie des Pernot’s, elle venait à tous les bals, même que pour notre voyage de noces, on est allés ensemble à Paris, au Golf Drouot, c’est là qu’on a failli rencontrer Johnny, mais il est pas venu, il était passé la veille, à un jour près on aurait pu le rencontrer ! Tu te rends compte ? Et en plus ma femme qui s’appelle la Sylvie aussi, c’est épatant non ?

C’était une sacrée époque, on était presque des idoles. Faut dire que même si on était des rebelles, on savait se tenir, on avait les cheveux courts, bon maintenant aussi, mais c’est plus facile vu qu’ils sont tombés (les cheveux), on serait jamais monté sur scène sans cravate, alors qu’aujourd’hui, un survêtement et un bonnet suffisent pour avoir l’air habillé. Un bonnet, non mais pourquoi pas des cheveux sales ! Nous on avait des belles coupes et qui bougeaient pas d’un cheveu !

Tu te souviens, les meilleurs dans ce registre, c’était le groupe de Châtillon-sur-Seine qui s’appelait les Pento’s. Y’a des mauvaises langues qui disaient qu’ils auraient mieux fait de s’appeler les Vaselinos, mais en tout cas eux, ils étaient bien coiffés.

C’est grâce à mon statut de gloire du showbizz, à mon habitude de la scène que les plus hautes autorités m’ont confié la présidence de l’organisation du festival Gastronomie, Moutarde et Vinasse. Le GMV, ça me plaît pas. L’Egofestival, j’appellerai. Je vais leur faire un truc, moi, aux autorités, un truc qui fera date, le Bayreuth de la vinasse, le Woodstock de la gastronomie, les Vieilles Charrues de la moutarde, pasqu’on se refait pas, il y aura une partie musique, on projette de reformer les Pernot’s si j’arrive à soigner mon arthrose, le twist sans les genoux, c’est quand même moins facile. Moi je vois bien Lucky Blondeau en concert d’ouverture, Alain Barrière en milieu de festival et un feu d’artifice de fin avec Richard Anthony, et à chaque fois les Pernot’s en première partie, y m’reste des 45 tours de l’époque à vendre, on en avait pressé 3000 à l’époque, ce serait une bonne occasion de relancer la vraie musique et de faire de la place dans mon garage !
Pour le reste du festival, ben on fera comme tout le monde dans ce genre de manifestation, des stands qu’on louera très cher à des vendeurs de charcuteries régionales fabriquées en Italie ou en Roumanie, d’huile d’olive de chez Leader Price reconditionnée, de bijoux fantaisie, des gens qui font des gaufres et des churros, des cosmétiques naturels, des vins de vignerons que personne ne connaît, et bien entendu le stand commerce équitable, artisanat du monde, jouets en canette de cola recyclées. Ne pas oublier un stand de fenêtres double-vitrage hors de prix, des encyclopédies, des meubles rustiques en chêne, des piscines, un vendeur de téléphones portables, un vendeur de coques pour téléphones portables, des tee-shirts humoristiques et des choses totalement révolutionnaires pour devenir Monsieur Muscle en trois semaines sans même avoir besoin de faire de sport.

Alors tout ça, bien entendu installé dans la Cité de la Gastronomie, histoire de bien emmerder les thénardiers du centre-ville, pasque tiens, parlons-en de ceux-là, il est pas mort le mythe du commerçant dijonnais, et de sa devise, « zéro sourire, zéro accueil », que de la marge !
L’Egofestival, ce sera le premier festival qui se tiendra à la Cité de la Gastronomie, c’est pour ça qu’on ne peut pas savoir où ni quand il aura lieu. En tout cas, c’est beaucoup de travail, et le travail c’est sérieux, paraît qu’il y a même un ministère pour ça et donc un ministre, c’est tout dire.
Mais moi, je ne veux pas lésiner sur les moyens, je veux une parade des majorettes d’Auxonne, la fanfare de Châtillon-sur-Seine, des vaches de l’Auxois, des conseillers généraux de partout, des adjoints au maire de nulle part, un maire par hasard, un ministre par défaut, du préfet, du sous-préfet des corps constitués des corps consultatifs, des corps intermédiaires, des corps du délit, des corporations et un raton-laveur.

Mais ce que je veux éviter à mon Egofestival, ce que je ne veux surtout pas voir venir souiller les moquettes toutes neuves de leurs godillots boueux ou de roues de poussettes sales, laisser tomber des papiers gras et piller les prospectus, embouteiller les allées et engorger les parkings, c’est le public. Alors ça, merci bien, des gens qui sont capables de faire tout le salon sans essuyer leurs pieds ni se déchausser ou mettre les patins, qui se comportent comme des camps volants, ça c’est sûr, on n’en verra pas dans mon Egofestival, et moins il y en aura et plus ce sera réussi !

Salut les copains ! ■


 
 

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