automne 2015
N°64par Jean-Guillaume Dufour
Moi, la mère Dufour, ma vie je ne l’ai pas faite au moulin, je l’ai faite aux fourneaux ! Et c’est bien connu on ne peut être aux deux en même temps.
Et en salle, en salle, on disait bonjour à tout le monde, on trouvait toujours une place, il y avait des clients compréhensifs, qui partageaient leur table avec des inconnus sans pour autant mettre une appréciation incendiaire et erronée sur internet.
Même les loufiats, ils avaient appris leur boulot, ça te levait les
filets, te flambait les crêpes Suzette, te préparait les tartares avec du style, ça aimait son boulot, et ça rapportait des pourboires.
C’est fini ça le pourboire, et tu sais pourquoi, pasque c’est fini le service. Un serveur c’est juste comme une « vendeuse » chez H&M, ça sert à mettre la nourriture en rayon, le serveur il l’apporte sur la table, la « vendeuse », elle remet en rayon les habits, alors forcément les pourboires, on voit pas trop ce que ça viendrait faire là- dedans.
On faisait pas non plus un restaurant pour passer à la télé, avoir des étoiles, être connu à Tokyo pis à l’os en gelée et diriger des multi-nationales et avoir des salaires de footballeur. C’était juste pour vivre bien, payer correctement son équipe, mettre un peu de côté et pas avoir de dettes. Des vies honnêtes en somme, sur la durée, avec une réputation, un peu de constance.
On faisait pas un restaurant pasqu’on s’ennuyait dans sa grosse boîte et qu’on se disait qu’on serait bien plus tranquille si on avait un p’tit restau ou des chambres d’hôtes, nous c’était notre métier depuis toujours, et devenir patron ça voulait dire encaisser plus de responsabilités et de soucis avant d’encaisser des dividendes !
Quand on parlait de franchise, on pensait pas à des chaînes de restaurant, on pensait juste à la qualité morale !
Quand je pense aux conneries que je lis sur ma cuisine, comme quoi j’aurais choisi de me « tourner vers la nature, ses cycles et la vraititude du produit vrai qui est authentique et traité avec véracité », je cite de mémoire les critiques !
Remarque aujourd’hui les grands-mères elles sont occupées à se faire refaire la carcasse pour draguer le maître-nageur de
25-30 ans (de 25-30 ans de moins qu’elle), alors forcément, elles ont moins de temps pour mijoter une blanquette ou faire des meringues !
C’est de leur faute à ces nouvelles grands-mères si bientôt y’aura plus de critiques que de restaurants, et j’te cause pas des blogs, c’est comme un journal le blog, sauf que les photos sont moches, le texte idiot et truffé de fautes et ça ne parle que d’une seule chose aussi importante que le maquillage, le dernier restaurant testé par on sait pas qui, voir même comment se comporter au travail ou au lycée. Bon, j’exagère peut-être, y’a des p’tiotes qui font leur boulot, t’en causes dans ce mag que je vais garder, pour une fois, et pas seulement pour mes pelures de carottes.
Tu vois quand même ce que je veux dire, non, t’es pas idiot, j’ai pas à te faire un dessin, quoique... Je sais, c’est pas ta faute, maintenant faut un mode d’emploi pour tout tellement on ne sait plus rien faire !