
Ce n’est pas seulement à cause de son prénom qu’on a eu envie de donner un coup de chapeau à Ludivine Grivaud, première femme régisseur (et du coup régisseuse, pardon !) aux Hospices de Beaune. On pénètre avec elle dans les coulisses privées de l’Hôtel-Dieu, un des plus grands domaines viticoles de la région, constitué depuis le 15ème siècle. On doit cet hôtel-Dieu - faut-il le rappeler ? - à Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon et homme de bien ; du moins en avait-il, ce qui importe plus, par ici. Lorsqu’il créa l’hôpital, en 1443, Louis XI, toujours charitable, aurait dit : « Il a fait assez de pauvres dans sa vie pour pouvoir aujourd’hui les abriter ! »
Très riche (il a eu jusqu’à 25 châteaux, ce qui a fait rêver nombre de ses successeurs), le chancelier Rolin ne s’est pas contenté de créer un hôpital pour les pauvres, il a lancé la course aux donations qui allaient, au fil des siècles, faire des Hospices le domaine le plus important de la région. Outre les bois, les fermes, les prés, il y eut quelques hectares de vignes bien placés, qui allaient faire des petits à travers les legs et successions. Le vignoble passa ainsi de 50 à 75 hectares répartis en de nombreuses parcelles ; des arpents de terre ont aussi servi de monnaie d’échange à certains malades pour payer leurs soins. C’est ce vin qui est chaque année mis aux enchères le 3e dimanche de novembre (on en trouve aussi en vente à la boutique).
En vous baladant dans les vignes, vous rencontrerez peut-être le maitre de chai, Ludivine Grivaud, une femme de tête et de caractère. Pas une maîtresse femme, en apparence, ceci dit au cas où il faudrait mettre tous les termes au féminin. A la tête d’une vingtaine de vignerons, Ludivine impose doucement mais fermement ses choix pour ancrer cette institution dans le XXI siècle.
Les Beaunoises d’aujourd’hui ne sont pas toutes rock n’roll mais elles prennent possession d’un héritage masculin en y mettant les formes.
Si vous faites un tour au musée des Beaux-Arts de Beaune, vous verrez un autre tableau signé Yin Xin montrant des femmes adoptant les codes masculins (chapeau, costumes) des hommes d’affaires de la fin du XIXème siècle. La prochaine expo montrera peut-être des femmes du vin d’aujourd’hui s’amusant à transgresser les codes en usage si longtemps dans les magazines spécialisés. ■ GB