Octobre 2016
N°68Men in the city
Benoît et Thierry Dulieu © Roxanne Gauthier
Impossible, quand on rencontre Benoît Dulieu , de ne pas faire le parallèle avec un certain Jean-Philippe Smet, (ah que Johnny !). Belge de naissance, peau burinée, jean, cuir, tiags et rock’n’roll attitude, le King du temple de la bécane en a tout l’attirail.
Avec sa concession Harley, la rue Nourrissat a même un air de petit Milwaukee… Sauf que Dulieu n’a pas pris un nom de scène à la one again. Sauf qu’il n’écoute pas Elvis en boucle, qu’Easy Rider n’est pas son film préféré et qu’il n’aime pas frimer sur la route 66. Lui, ce qu’il préfère c’est l’illustre Route Napoléon. « J’ai fait des milliers de kilomètres en Europe mais je n’aime pas trop rouler aux Etats-Unis car les routes sont toutes droites et interminables ». Dans sa jeunesse passée à Genlis, Benoît est plus rugbyman que blouson noir. « Bizarrement, c’était là-bas le coin des bikers bourguignons dans les années 80 ». Mais ce fils d’intellos bricole sans arrêt ses motos dans le garage des copains. « J’étais quand même un peu le canard boiteux de la famille ». Bref, comme Johnny l’a dit un jour, il fallait « remettre les pendules à leur place ».
Thierry Dulieu ou l’histoire d’un jeune commercial en produits d’assurance de bonne famille qui, à 32 ans, devient du jour au lendemain, le roi de la Harley à Besançon. Son nom comme sa renommée, il les partage avec son frère aîné, Benoît, aux manettes de la concession Harley de Dijon depuis des lustres déjà.
Le cadet raconte sans complexe : « J’avais une petite vie bien rangée à Dijon et une carrière toute tracée ». Jusqu’à ce fameux jour de printemps 2000. « J’avais rendez-vous avec mon frère pour faire le point sur ses contrats de prévoyance et c’est là qu’il m’a dit « Tiens, ça ne te dirait pas de monter avec moi une concession Harley à Besançon ? ». En l’espace de quelques heures, le jeune cadre dynamique bascule dans l’univers des barbus et des tatoués. « Mon profil était exactement celui que recherchait la Motor Company Harley à cette époque. Je me suis dit pourquoi pas moi, vas-y fonce ! Je n’étais pas biker pour un sou mais je voulais créer mon entreprise ». Parti en free ride, sa concession ouvre le 2 mai 2001 à Besançon, rue Edouard Belin, « Les débuts n’ont pas été faciles, j’appelais mon frère 100 fois par jour et j’ai dû gagner la confiance du milieu ».
16 ans plus tard, le petit frère a tombé définitivement la veste avec son look 100% Harley. « Aujourd’hui, je roule 15 000 km par an ». Avec 7 garçons au compteur à eux deux, les frères Dulieu & Sons devraient encore longtemps faire vrombir les moteurs. ■ Pierre CUIN