61
Magazine Dijon

Hiver 2014 2015

 N°61
 
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08

par Olivier Mouchiquel

Les Nouveaux Mystères de Dijon Bô-bars, belles nuits, beaux crus

Il fait nuit, le brouillard noie les façades de pierre du centre-ville, on devine derrière les fenêtres d’hôtels particuliers les familles à table ou devant la télé, les jeunes affalés sur les canapés avec leurs ordis. Ce soir, on a décidé de quitter le cocon protecteur de l’appart.
Jean-François Mazuer et Mario Barravecchia viennent d’ouvrir deux lieux hyper-secrets (mais déjà connus de tous les 25-65 ans sur facebook), surprenants et totalement antinomiques, contemporains mais revendiquant l’histoire burgonde. L’un à fleur de trottoir, éphémère et caché ; l’autre derrière un mur d’enceinte, pour faire la fête loin des regards inquisiteurs.
On en parlait tellement sous le manteau (les nuits sont fraîches) qu’on a voulu se rendre compte par nous-mêmes. En piste, Watson !
Avant de prendre le trottoir rive gauche de la rue Parmentier, on arpente le trottoir rive droite de la rue Vannerie, parce qu’on nous a dit que c’est là. Là, quoi ?


Au Trou Dijon - DR
Au Trou Dijon

Une nuit au Trou !

Comme un phare dans la brume, luciole dopée aux stéroïdes, une lampe suspendue à un mètre du sol signale au quidam gelé l’entrée d’un hâvre de chaleur et de paix.
Les portes du trapon donnent sur l’escalier le plus raide et bas de plafond de tous les bars de la ville, interdisant l’entrée, et plus encore la sortie, à tout individu alcoolisé. Tout ça promet un lieu propice à la tranquillité et à la convivialité. Vous n’allez pas être déçus. Suivez un peu...
En bas, une verrière de fer forgé par Christophe Babouhot, ferronnier à Gevrey-Chambertin, ouvre sur l’un des plus beaux caveaux du 16ème siècle, celui de l’Hôtel de Saulx. Sous les arches de pierre, la déco contemporaine minimaliste mêle le métal et les cuirs au bois de récupération de bateaux. Au fond derrière le bar, le Petit Bistrot permet de se lover dans de confortables fauteuils et canapés d’esprit troc-broc.
Véritable « speak-easy new-yorkais », cette cave sèche, géothermique et écologique, traversée pourtant par le Suzon, est idéale pour se retirer monastiquement du monde et prendre le temps de parler, manger un morceau…

Ici, la musique préserve l’intimité des conversations : on n’a pas à hurler pour se faire répéter un prénom. On s’installe dans un coin, à deux, entre amis, sous la lumière de lampes laissant dans une pénombre de Prohibition les tables alentour, façon cercle de poker clandestin.
On a le choix dans les (inévitables) planchas fromage et charcuterie fine. Au moins ici, on fait dans l’humour : trou de mémoire ou trou de souris, mix troubadour, trou de l’horloge et sa saucisse de Morteau, trou de vingt briques pour couple, mises en bouche du bouche-trou… C’est le seul endroit où l’on peut déguster sans rire un trou du cru, tartine charcutière gratinée à l’Epoisse. À la table voisine arrive le plat traditionnel du samedi soir, le trou mijoté, suivi d’un pont-des-trou, plancha de délices sucrés du chef.
Quant aux vins, servis dans des verres à dégustation, ils dévoilent leurs arômes et leurs robes translucides. La carte, travaillée avec les viticulteurs, revendique sa forte identité bourguignonne.
Ce bar à vin souterrain reprend en fait la tradition des cabarets, lieux à boire et à chanter, avec mime, opéra, ciné-concert, électro minimaliste, guitare à la cool et rémunération au chapeau, au bon vouloir des spectateurs.
Le lieu a même son chroniqueur, Benoît-Marie Lecoin, qui publie sur le web les interviews des artistes tombés au Trou mais pas aux oubliettes. Les Wild Sisters, les Miches Feutrées, Maria Dueñas , le duo Dix Vagues… Les 18 et 19 décembre, on viendra fêter un Noël à Broadway avec les Triplettes de l’Opérette, « trio vocal déjanté et pianiste à bretelles ».
Comme la Causerie des Mondes fondée par Jean-François en 2003 autour du thé et du café, comme Infuz, son café take-away du square des Ducs, le Trou marque l’expansion d’une jeune génération qui a choisi de transformer la ville en revenant à ses racines. On en est ressorti quelques heures plus tard, sans les avoir vues passer. Et l’on s’est enfoncé dans la nuit.

Le Trou Dijon - Pas d’adresse mais c’est rue Vannerie. (Chut ! ne le répétez pas, c’est au 15.) Jeudi, vendredi, samedi, de 18 h à 2 h - Site : letroudijon.fr - Facebook : Le Trou Dijon - info@letroudijon.fr

Hypnotisé par la Villa Messner

De hauts murs d’enceinte, des grilles infranchissables, des colosses veillant sur la tranquillité des lieux, on ne rentre pas dans la Villa Messner comme dans un moulin. Tant mieux.
Tenue correcte et respect ne sont pas de vains mots. Dans sélection, il y a sélect : esclandre interdite, correction exigée et pour entrer, la carte de membre, nominative mais autorisant cinq invités, est obligatoire.

Jardel a fait les plans, Ernest Messner a fait construire. Deux Dijonnais ont fait émerger en 1912 cette villa qui resterait l’unique maison néo-classique de la ville. Une architecture extraordinaire avec sa balustrade, ses bas-reliefs d’Eugène Piron évoquant autant les anges et la justice (Messner fut un sénateur féru d’art) que la vigne et le houblon. Messner fut aussi brasseur et viticulteur.
La Villa est désormais un bar privé, tenu par Mario Barravecchia, finaliste de la première édition de la Star Academy et créateur du Côte d’Or Festival Song.
Club privé, la Villa Messner est le cocon rêvé de nos rêves paillettes. Luxe, calme et volupté, on a presque croisé le fantôme de Baudelaire au comptoir, un verre très abordable de gin à la main. Au fil des heures, le DJ passe de l’ambiance lounge et apaisée, propice aux conversations secrètes des hommes et femmes d’affaire, à la world music d’une jeunesse emportée par la vibe internationale. Histoire de faire la fête, se lâcher et danser. Pas sur une piste, on n’est pas au cirque.
On danse entre l’immense jardin et les fauteuils ambiance Louis XVI. On glisse dans le temps. Marie-Antoinette en aurait apprécié la lumière teintée à l’or fin d’une royauté versaillaise. Les élégantes des années 30 également, robes hyper courtes, coupe Louise Brooks, champagne de grande marque en main pour atmosphère néo-hollywoodienne. Tiens, ne serait-ce pas là ce vieil Humphrey Bogart, causant à l’oreille d’une étrange créature sortie du Cinquième Élément ? On imagine sans peine ici le bal masqué vénitien d’un duc et d’une duchesse quelque peu canailles et raffinés.
Le fumoir est un luxueux salon privatisable. Ici, on respecte le fumeur autant que le non-fumeur. Doté de sa propre collection de cigares, il fascinera. Le temps d’un verre de Springbank single malt et d’une poire Williams, on se pose.
On peut tout faire à la Villa Messner, organiser une expo, un défilé de mode ou une soirée privée. On peut même s’y marier. Ou s’y remarier, si l’on regarde bien. On y pensera. On reviendra.

Villa Messner - 5 rue Parmentier à Dijon - 06 58 16 04 48
Du mardi au samedi, 17h-2h
www.villamessner.fr - contact@villamessner.fr

Villa Messner
Villa Messner


 
 

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