Printemps 2011
N°46
Plasticien-éclairagiste, ainsi décrirait-on en mauvais français le métier d’Hervé Descottes, qui sort ce mois-ci un livre que les amoureux de l’architecture et de son rapport avec la lumière, dans le temps et dans l’espace, vont parcourir avec délice : « Designin with space & light ». Jolie revanche pour ce Dijonnais qui a quitté sa ville natale (ou presque) à 21 ans, sur un coup de tête, et vit aujourd’hui à New-York. Dire qu’il rêvait déjà ado d’apporter ses lumières au monde anglo-saxon serait un peu facile. Après une enfance dijonnaise sans histoire, il commence, à 13 ans, à s’intéresser aux variateurs de lumière synchronisés avec la musique de l’époque. San-Francisco, en hiver, pas vraiment le rêve américain. Il part pour Los Angeles. Travail au noir avant d’aller vers la lumière, vers ces ‘‘stars’’ qui vont lui demander d’éclairer leurs jardins pour que le spectacle continue. Mais c’est en revenant à Paris qu’il rencontrera les architectes dans l’ombre desquels il travaillera, les années suivantes, avant de devenir lui-même une référence sur le plan international. Il intègrera l’équipe de Pei, au musée du Louvre, lors de la réfection de l’aile Richelieu, apprendra beaucoup aux côtés d’un Frank O. Gehry (« Un bon projet, c’est un bon client »), entamera des dialogues avec tous ceux qui travaillent des espaces, à travers le vaste monde. Une tour pour Jean Nouvel, des restaurants un peu partout pour Ducasse. Jetez un œil, si vous le trouvez, sur son précédent ouvrage, ‘‘Ultimate Lighting Design’’ (teNeues) rassemblant nombre de ses « projets » devenus réalités : boutique Hermès à Paris, Jules Verne, fondations Louis Vuitton, Ciel de Paris… Depuis 17 ans, s’il fréquente le Bristol, le George V, le Plaza Athénée, il ne paye pas pour ça, on le paye, et cher.
GB
http://www.lobsintl.com/Type_Chronological.html
Christophe Querry a toujours eu deux passions dévorantes : le chant et le cinéma. On l’entend à Dijon, par intermittence du spectacle, dans les chœurs de l’Opéra quand certaines œuvres nécessitent des renforts. Vidéaste plus qu’amateur, avec son court métrage “Comment font les gens qui… ?”, il obtient le premier prix de Fenêtres sur courts en 2009 et… s’achète une caméra professionnelle. Bien lui en a pris, après plusieurs autres tournages de courts, il participe sur YouTube à l’appel de Ridley Scott incitant des internautes dans 192 pays à filmer leur quotidien. Pour ce long-métrage “Life in a day”, 331 co-réalisateurs seront sélectionnés parmi 80 000, dont 4 français et “Moutarde-Nonette” (cocorico dijonnais),
Christophe est parmi ceux-là. Il s’en explique :
“Même sans savoir qu’il s’agit de contributions éparses, on comprend que les participants qui montrent un petit bout de leur quotidien sont d’un peu partout dans le monde, des réalisateurs d’un jour, papillons éphémères qui ne se sont jamais vus, avant ‘‘ce grand rendez-vous’’ sur l’écran. J’espère moi, rencontrer les trois autres contributeurs français lors de l’avant-première et parler du film, de sa réussite ou de ses ratés. Je suis curieux d’entendre ce débat, et d’y participer en tant que contributeur, même s’ils n’ont finalement gardé qu’un seul plan assez court, au réveil. J’ose imaginer que Ridley Scott et Kevin Mac-Donald avaient plein de plans de gens au réveil, bien sûr, mais que c’est parce que le reste de mon petit film les a fait sourire qu’ils ont choisi de ‘‘m’offrir un gros plan’’. C’est une blague de ciné de dire que les acteurs payent pour avoir un gros plan, je le sais parce que j’en ai déjà eu un dans ‘‘Bon voyage’’ de Jean-Paul Rappeneau, lors d’une scène d’évasion avec Yvan Attal, c’est lui qui m’a fait cette blague, monstres d’égocentrisme que nous sommes, nous les gens du spectacle !!!
Pour ce qui est des scènes sans moi, j’ai été saisi par la beauté plastique d’un certain nombre de plans, les jets d’eau par exemple, sans doute filmés avec un téléphone portable, les femmes aux percussions, un sous-bois étrange, et presque apocalyptique.
Il y a des clins d’œil touchants, comme ce jeune Palestinien, suivi de dos, avec un maillot de football anglais et émouvants, comme celle de cet enfant cireur de chaussures qui parle de son père avec une étonnante maturité. C’est un film patchwork même si l’unité est donnée par la chronologie, du lever au coucher du soleil et la musique, magnifique, le miel du film, un peu dur à regarder parfois, en tout cas pour les âmes sensibles...”
FP
Actualités de Christophe Querry :
PARIS, du 17 au 29 mai au théâtre de la Bruyère. Rôle du scaphandrier dans La fiancée et le scaphandrier, opéra-comique de Claude Terrasse.
FLORENCE du 28 au 30 juillet, opéra en plein air. Rôle de Turiddu dans Cavaliera Rusticana, opéra en un acte de Mascagni.
DANS LE RESTE DU MONDE… Sortie du film « Life in a day » dont il est un modeste co-contributeur...
Les Dijonnais à qui ce jeune homme timide avait proposé de faire leurs portraits ou de leur vendre un “Mao” et qui à l’époque avaient refusé gentiment doivent aujourd’hui s’en mordre les doigts. Des élèves des Beaux-Arts lui disaient : « T’en as pas marre de toujours faire la même chose, c’est bon là, Mao, on l’a assez vu » !? Les mêmes doivent se dire qu’ils auraient mieux fait eux aussi de ne jamais sortir de leur ligne directrice et ne jamais abandonner. Mais voilà, c’est un peu tard pour se réveiller. Maintenant les bobos dijonnais n’ont plus les moyens de s’offrir un de ses tableaux et la plupart de ses amis étudiants ont sombré dans l’oubli. Mais Mao lui est toujours là, il n’a jamais quitté les toiles de Yan Pei-Ming. Pourtant l’étudiant timide, transformé en peintre reconnu et facétieux va coucher sur sa toile bien d’autres personnalités : 120 brigands, son père, les employés du Crous, Mona Lisa, le Christ ou 34 orphelins chinois…
Celui qui est devenu le pape (ou le papa, si l’on ne croit plus au pape) de la nouvelle génération d’artistes contemporains chinois, partage désormais sa vie entre son atelier à Ivry, ses nombreux vernissages à New-York ou Pékin et sa vie dijonnaise. Exposé à présent sur tout le globe, on ne le croise plus si souvent à Dijon et on n’ose plus l’aborder. C’est dommage, on aime bien son petit sourire en coin et ses yeux pétillants !
FP
Expositions collectives à venir :
Jusqu’au 30 avril, « Tracing the Milky Way », Tang Contemporary Art Beijing, Pékin.
14 mai - 18 septembre, “Courbet contemporain”, Musée des beaux-arts de Dôle.
11 juin - 11 septembre, “Big Brother”, Palais des arts et du festival, Dinard.
Carlos Regazzoni, sculpteur ferroviaire a débarqué à Fontaine-Française après avoir été “déménagé” des 6 000 m2 qu’il occupait à Paris en 2005. Invité par un amateur d’art, il achemine tout son atelier et le pose en vrac sur la pelouse du château. Imaginez la tête des villageois ! Sculptures monumentales de fer et d’acier, le gorille-extincteur, la Madone de la récup, le cheval de lames rouillées ou l’avion de Saint-Ex, trônent sur les trottoirs du village.
Le bonhomme, comme ses œuvres, a plutôt du caractère et ça cause au coin du feu…
Après plusieurs allers-retours en Argentine son pays d’origine, Regazzoni décide finalement de squatter encore plus grand dans le centre de Buenos Aires, tout près de la gare. Son château ferroviaire s’ouvre au public sous la forme d’une « cantine », El Gato Viejo. C’est Carlos lui-même qui guide la visite et partage avec vous le verre ou l’assiette de l’amitié. Attention, âmes sensibles s’abstenir, l’artiste a son franc parler et son antre, comme lui n’est pas “finesse et délicatesse’’ mais là aussi un bazar de rêve. “ Les ordures deviennent sculptures, la ferraille prend forme, des monstres surgissent de la friche industrielle : fourmis géantes à l’assaut des piliers d’autoroute, Rossinantes avachies dans les hautes herbes, Latécoères de la glorieuse époque de l’Aéropostale échoués contre les hangars…”
FP
www.regazzoniarts.com
http://chroniques-de-sammy.blogspot.com
http://www.article11.info
Quand on rencontre David Defendi pour la première fois, on s’attend presque à se retrouver avec une arme pointée sur soi, avec un type qui vous dicte la façon d’écrire son portrait. Mais, si l’habit ne fait pas le moine, la casquette et le cuir ne font pas non plus le voyou. Mais David a fait les 400 coups dans sa jeunesse, sous ses airs de faux dur, David est un garçon tout gentil. A 15 ans, il se découvre une passion pour la littérature et la poésie : Baudelaire, Cendrars et Conrad n’ont plus de secrets pour lui. Second coup de foudre : les Etats-Unis où il s’installe un an. Il revient en France pour des études de philosophie et de lettres. Diplômes en poche il retourne vivre quelques années en Californie. Le mal du pays le prend, il revient en terre bourguignonne : l’ado rebelle s’est assagi, il est désormais reporter et scénariste. Fort de son expérience de fils d’agent de la DST il écrit « L’arme à gauche », ou l’histoire cachée des événements de Mai 68. Le milieu sombre des voyous et des ripoux reste son domaine de prédilection :
il coécrit ensuite avec Olivier Marchal la série policière « Braquo ». Son actu : David Defendi prépare avec Frédéric Schoendorffer un scénario où politique, coups bas, pots de vin et autres agents sont étroitement mêlés... Sous la fiction, le documentaire n’est pas loin...
VW
L’arme à gauche (Editions Flammarion)
Avec Olivier Marchal : Braquo (Editions Flammarion)
C’est un drôle de loustic que ce médecin là : aventurier dans l’âme, il a choisi de séparer son monde en deux. D’un côté la campagne bourguignonne, de l’autre la plaine du Kerala en Inde du sud ; six mois de “rempla“ ici pour six mois d’entraide là bas. Après avoir baroudé un peu partout c’est la rencontre avec la famille Deodhar qui lui a fait poser ses valises à Hav’ri. Médecins de père en fils, leur hôpital fondé en 1939 ne désemplit pas. Le Dr John, pionnier de la chirurgie sous cœlioscopie, soigne sans distinction les nantis et les très pauvres. Dr John viellissant, l’avenir du Deodhar Hospital est loin d’être brillant. Qu’à cela ne tienne, Bruno Monange se démène pour faire venir des volontaires, médecins comme lui, étudiants ou autres, prêts à faire le voyage pour aider Dr John. Si vous n’avez pas la fibre du voyageur, parrainer l’éducation d’une fille peut aussi se faire de son fauteuil et votre action sera la bienvenue. Depuis, Bruno a une troisième vie, derrière son ordinateur, au micro ou en conférence pour parler de cette toute jeune association franco-indienne, afin de continuer de prodiguer soins et programmes de développement de façon bénévole, pour les plus défavorisés. À suivre, grâce à vous !
FP
Notre givré de décembre prépare activement le Marathon du Pôle Nord du 7 avril prochain. Son entraînement, entre le Jura et les entrepôts frigorifiques de STEF-TFE, lui a permis d’atteindre les -39°. Nous avons été les premiers à Bing Bang, et on n’en est pas peu fiers, à vous parler de son défi sportif extrême. Depuis la parution de notre article, effet boule de neige ! Christophe enchaîne les interviews sur les radios, dans la presse écrite et sur les plateaux de télévision. France 3 lui consacre un portrait qui sera diffusé le 4 avril, veille de son départ pour le cercle arctique. Les sponsors lui font aussi la cour(se). Un photographe belge, Raphaël Stroobants, ayant eu vent de son histoire, a même convoqué Petit Ours (Le)brun pour une mémorable séance photo. Semaine après semaine, un public curieux et enthousiaste se mobilise autour de Christophe. Un débat au forum Fnac où les auditeurs sont venus très nombreux l’écouter et le questionner, des conférences, dont celle magistrale à l’École de Commerce de Grenoble... Petit clin d’œil : lors de notre rencontre, notre star dijonnaise n’est pas passée inaperçue. Christophe y a signé son premier autographe sur... Bing Bang, comme quoi on sert quand même à quelque chose ! Cette notoriété soudaine ne fait pas perdre le nord à Christophe. Guidé par sa bonne étoile polaire, il continue de se battre pour l’association de Christine Janin, ‘‘A chacun son Everest’’.
VW
Pour suivre l’aventure polaire :
www.polenord2011.blogspot.com
www.achacunsoneverest.com
www.npmarathon.com
Iles lointaines, océans et icebergs, rivages inconnus et déserts sans fin : Lucienne Delille publie dans l’album ‘‘Aventuriers et Explorateurs de Bourgogne’’ (Editions de l’Escargot Savant) les portraits d’aventuriers et de savants bien de chez nous, hommes et femmes, qui sillonnent le monde depuis des siècles. De Jeanne Barret qui se fit passer pour un homme pour s’embarquer dans la grande aventure en 1767 à la spationaute Claudie Haigneré, née au Creusot et première femme embarquée à bord de l’ISS, la station spatiale orbitale internationale, ils ont reculé les limites de l’espace et de la science et ouvert l’esprit des jeunes générations. De nos jours, Patrice Franceschi, capitaine-écrivain du navire d’exploration La Boudeuse, Christian Kempf, éditeur et voyageur polaire, le méhariste dijonnais Régis Belleville, spécialiste du Sahara (il en tenta la traversée de l’Atlantique à la Mer Rouge en solitaire) et sa compagne exploratrice et peintre Karine Meuzard, nous ouvrent la voie des grands espaces. Quant à Maurice Thiney, de la Société des Explorateurs Français, de retour après trois mois au Bengladesh, il recevra officiellement le 5 avril le Sceau des Maires de la Ville de Dijon pour l’ensemble de son parcours. Les vies de tous ces insatiables bouffeurs d’horizon sont tournées vers la connaissance de notre monde, vers la rencontre des autres, vers la joie de vivre dans un univers d’une beauté sidérale. Leur message est clair : pas besoin d’aller loin pour ressentir le frisson du voyage, il suffit de quitter son canapé et de faire un pas dehors. Lucienne Delille ne conseille que ce que la prudence déconseille. Accrochez-vous, le bonheur se mérite, on va ramer, mais que la vie est belle !
OM
www.karinemeuzard.com - www.regisbelleville.com
http://la-boudeuse.org - www.societe-explorateurs.org -
www.escargotsavant.fr
C’est par amour pour la France que cette toute jeune étudiante roumaine s’est installée à Dijon. Francophile, voyageuse inépuisable, multidiplômée et polyglotte (les lycéens français un grave souci grave à se faire quand on voit le niveau d’excellence des étudiants étrangers), Dona met toute son énergie et ses compétences dans l’action culturelle et festive. Tournée en particulier vers l’Est (via le Lycée Carnot, Science Po Dijon et le Consulat d’Allemagne notamment), les Dijonnais ne s’en rendent pas compte mais notre ville vit grâce à ses étudiants étrangers. Cette Bourguignonne d’adoption, d’un optimisme à toute épreuve, s’est donc mis en tête de favoriser les rencontres entre étudiants internationaux et français, en y associant l’université de Bourgogne et les acteurs culturels de la ville. Voyages de découverte, soirées estudiantines thématiques dans les bars et boîtes de Dijon, cafés polyglottes ouverts à tous et repas d’été sur l’herbe où chacun apporte un plat de son pays : Dona-Maria et son équipe de l’association InsiDijon rêvent de transformer petit à petit Dijon en une dynamique auberge espagnole. Dernier fait d’armes : un flashmob Spécial Chouette pour la diversité à Dijon place François Rude, qui a réuni plusieurs dizaines d’étudiants, masqués et sautillant comme des volatiles, le froid aidant.
OM
http://focale.info/?p=8316
http://mediaaujourdhui.blogspot.com
InsiDijon : http://ixesn.fr