Décembre 2010 - Janvier février mars 2011
N°45Gérard Bouchu
Chaud devant ! Nappes à carreaux, chefs jouant avec le feu, plats coquins pour sorties entre amis : c’est autour des Halles que ça va chauffer, cet hiver ! Coup d’envoi de la saison « Chez Copains », le nouveau resto ouvert début décembre par l’équipe du Septime.
À quelques jours de l’ouverture de « Chez Copains », au marché, ils sont venus, ils sont tous là ; ceux du moins qui ont pu se libérer en ce samedi d’avant les fêtes : si vous arrivez à tous les reconnaître, chapeau. Merci à Alexis, Guillaume, David, René, Eric, Didou et les autres d’être venus encourager Steph, Annaelle et l’équipe du bistrot. -
C’est donc autour des Halles qu’on vous emmène faire un tour, cet hiver, pour nous réchauffer et prendre l’ambiance de la ville, avec ce nouveau volet consacré au petit monde de la restauration dijonnaise. L’actu n’est pas seulement autour des Halles, avec l’arrivée de nouvelles enseignes, ou la reprise d’anciennes (Havana Café, qui va changer d’enseigne en mars !) mais sous les Halles même, avec la polémique autour de la buvette ouverte ce mois-ci. Une buvette rêvée par certains, réalisée par d’autres. C’est la vie. Et l’avis du maire qui compte. À votre avis, qui a tort ? Qui a raison ?
Pour ce numéro consacré aux « givrés » selon notre cœur, on ne pouvait que donner la parole à l’une des « Grandes Gueules » dijonnaises, Frédéric Barbier, l’homme qui a ouvert (et fermé) nombre de restos sur Dijon – « je suis un pénible grave, je ne tiens pas en place » - et qui n’a pas apprécié cette « omerta des services de la ville ». Ce Barbier là, petit-fils d’un grand gastronome devant l’éternel, ne se gêne pas pour taper sur ceux qui « profitent aujourd’hui des réseaux sociaux pour détourner des principes républicains qui me sont chers ». Bon, comme Jean Maisonnave était là, et qu’il commence à connaître le loustic, il a grommelé qu’il irait « voir le Lugubre pour tirer ça au clair ». Le Lugubre, on l’apprit très vite, c’est Philippe Léger, un copain de la grande époque, au Jeannot comme au maire, dont acte. Vous lirez son texte, « Le caviste se rebiffe », c’est pas triste. Ce qu’il y a de bien, avec Jean, c’est qu’il ne nous impose jamais ses opinions, il sourit, hausse les yeux au ciel, et passe au verre suivant. Frédéric Barbier, au cas où vous ne liriez pas les critiques, un peu plus loin, c’est ce « fou de l’excellence », pour reprendre un qualificatif qu’il aime bien, qui vient de transformer son ancien « Vin des Rues » en un resto qui nous a bluffé, « Victor & Gustave ». Un resto où le frais l’emporte encore face à l’agro-alimentaire, un resto de givré, en somme (voir encadré).
Réjouissez-vous, si vous pleuriez la fin de la cuisine de grand-maman et les bouffes entre copains d’antan, tout cela revient à la mode à une telle vitesse que les derniers restos lounge vont devoir très vite changer de déco. Bon, c’est pas grave, de toute façon, cette déco-là n’était pas faite pour durer. Par contre, côté cuisine, va falloir assurer. Et il va y avoir de la concurrence. Même entre copains…
A quelques mètres de là, dans l’ancien Lilouhane, une autre équipe mettait la dernière touche à la déco de « Chez Copains », un resto à suivre car il marque un tournant dans la vie du quartier, annonçant peut-être la fin de la folie
« lounge » qui avait fini par faire avaler n’importe quoi au bon peuple sous prétexte que l’essentiel ne passait plus par l’assiette…
Le plus drôle, c’est qu’on doit ce revival du bistrot à l’ancienne, avec nappes à carreaux et cuisine de pension de famille, à Stéphane Smojver, Steph, tout simplement, celui-là même qui créa le Septime et lança à Dijon la tendance lounge il y a huit ans de cela. Ce fou de déco s’est amusé à réinventer le concept, style bistrot parisien, côté mur comme côté assiette (voir encadré).
Savez-vous que c’est à un Dijonnais fou de cuisine qu’on doit une des plus belles réussites bistrotières parisiennes de ces derniers mois !
Jean-Guillaume Dufour avait créé, dans le 14ème arrondissement, un premier restaurant-bar convivial hommage tout à la fois au film Les Tontons Flingueurs et à une cuisine de grand-mère qu’on adore goûter chez lui. Ses Tontons ont remis le couvert, récemment, sous les couleurs et l’apparence d’une pension de famille, où l’on se serre autour de la table et où l’on se sert, aussi, d’entrée(s), sur le buffet d’époque quant à lui : terrines maison, céleri rémoulade, poireaux vinaigrette, mais si ! Plats d’antan mis à réchauffer sur un coin de la cuisinière (poule au pot, pot au feu, bœuf bourguignon, etc). Le tout sur fond de décor très cinoche : vieilles photos de famille en noir et blanc, vaisselle dépareillée et grands bancs façon banquets à la campagne, tout y est ! Il lance, presque coup sur coup, deux autres
« Cantines des Tontons » qui cartonnent un max (voir encadré) et on aimerait bien qu’il implante la quatrième dans ce quartier des Halles… Champeaux, à Dijon, où il a sévi plus jeune.
Gérard Bouchu