Hiver 2018-2019
N°77Sa devise « aultre n’auray » peut faire sourire aujourd’hui. Tombé amoureux d’Isabelle de Portugal, à 34 ans, le bon Philippe pouvait se ranger des donzelles, personne ne remettrait en cause sa virilité. Ce duc eut une belle vie et de nombreux enfants : un de sa première femme, trois avec Isabelle de Portugal, dont Charles le Téméraire (le seul enfant du couple qui a survécu) et 26 enfants enfants illégitimes.
Les lieux de perdition étaient connus, mais le couvre-feu évitait les errances nocturnes, qui perturbent toujours la vie actuelle. Faute de lumière, si l’on n’était pas chargé de « faire le guet », on restait chez soi. Et on se méfiait (déjà) des « estrangers ». La sécurité était, même en temps de paix, le grand souci des échevins. Aujourd’hui, elle fait toujours partie des promesses électorales.
Il y avait plus de maisons à pan de bois qu’aujourd’hui, on peut donc supposer que les rues étaient plus colorées que maintenant mais le sang de bœuf ne voulait pas dire qu’on en jetait sur les façades. Et la Bourgogne n’a jamais ressemblé à l’Alsace. Ni hier ni aujourd’hui. L’architecte des monuments de France a beau soutenir le retour aux couleurs franches et naturelles d’autrefois, il n’entend pas faire du vieux Dijon un autre Colmar.
Difficile d’imaginer la saleté, les odeurs, les cris, la vie de l’époque. La rue du Bourg, à deux pas des Ducs, était celle des bouchers, dont la corporation ne disparut que dans la seconde partie du XXème siècle. Il n’y avait pas que les animaux qui faisaient leurs besoins dans la rue. Les riches étaient un peu plus propres que le petit peuple. Le savon existait, les huiles essentielles aussi, même si on ne les appelait pas ainsi. On trouvait de tout sur les marchés et les foires, suffisait d’avoir de l’argent.
Le Dijon médiéval est facile à imaginer, en parcourant une rue Verrerie restée dans son jus ou presque. Il y eut longtemps de la terre battue à la place des pavés. Dans ces rues étroites, où l’on ne connaissait pas encore les trottoirs, il fallait regarder où on mettait les chausses (d’où l’expression : « tenir le haut du pavé »). Aujourd’hui aussi, d’ailleurs. La vie dijonnaise est un éternel recommencement.
La musique de cour, forcément. On gratouillait le luth pendant que ces messieurs-dames baffraient. Gilles Binchois (1400-1460) était un musicien de cette époque dont le nom est venu jusqu’à nous à travers un ensemble contemporain fondé en 1979.