hiver 2015
N°65En allant prendre à la gare de Dijon le TGV pour Besançon, ce matin de fin novembre, je n’étais pas le seul à regarder l’affiche promo d’un voyage Dijon-Venise qui fait toujours rêver : s’endormir tout Doubs en filant vers le Jura, se réveiller le lendemain près du Grand Canal... Retour sur terre, et arrêt à Besançon-Viotte (Ville, on comprendrait déjà plus !).
Heureusement qu’on n’avait pas suivi les voyageurs descendus dix minutes auparavant en rase campagne à la gare TGV construite, en un moment d’égarement, loin de la vie et de la ville. Le temps de boire un café, de faire un coucou à une cité qui n’avait pas l’air de connaître le stress du grand jour... C’était pourtant de son mariage qu’il allait être question, dans l’heure qui allait suivre. Un mariage attendu avec inquiétude par les uns, mais déjà béni par les autres.
Les futurs mariés, eux, attendaient les journalistes dans le hall des pas perdus de la gare. Un vieux couple, déjà, que les flash ne perturbaient pas. Un couple heureux. Gai, même, sans qu’on ne puisse mettre en cause le principe même de ce mariage qu’on aurait pu croire contre-nature, en d’autres temps, entre le descendant direct des Grands Ducs de Bourgogne et le représentant bon enfant de cette Franche-Comté des villes et des champs que même France 2 n’est pas capable d’écrire correctement (Franche-Comptée, non mais, les mecs, sortez un peu !).
François Rebsamen et Jean-Louis Fousseret forment un vieux couple, ils se sont connus sur les bancs de l’école du PS, il y a quarante ans, et ils sont devenus tous deux maires il y a quinze ans. Quant à les traiter d’éléphants du PS, il n’y a que notre maquettiste qui pourrait oser. Nous on n’oserait pas...
C’est ensemble qu’ils ont bâti le projet de faire de leurs deux villes la future métropole d’un centre-est construit au fil du temps entre Rhône et Rhin. Deux visionnaires, d’une grande sobriété pourtant, même si Jean-Louis Fousseret aurait plus tendance à s’épancher que son partenaire dijonnais, quelque peu échaudé par son expérience récente de ministre-maire. Un partenaire souriant, plus humain, plus serein que l’homme que nous avions quitté au lendemain des élections municipales. Vous en conviendrez, si vous lisez les pages suivantes consacrées au retour de François Rebsamen parmi les siens (nous avons essayé de ne pas tomber dans le style bulletin municipal, même si nous avons toujours pensé, à Bing Bang, que ce serait un exercice très sain, l’humour étant parfois salutaire).
S’il fut question bien sûr du panier de la mariée et de tout ce que cette union allait apporter dans l’avenir à un grand territoire d’environ 500 000 habitants (au niveau santé, université, d’abord, culture et agriculture, ensuite), Jean-Louis Fousseret a tenu à rappeler un fondement essentiel : « un mariage, ça ne marche que si c’est du gagnant-gagnant pour les deux partenaires ». La BFC étant « une des rares régions où il n’y a pas de métropole », il va donc falloir la construire, afin de donner une envie de vivre en commun à tous ceux qui se trouvent sur cet axe Rhin-Rhône heureusement desservi par le TGV. De Belfort à Mâcon en passant par Montbéliard, Besançon et Dijon (et quelques petites villes comme Dole et Beaune sur lesquelles personne ne s’est appesanti), il va falloir donner à la grande famille des francs-bourguignons l’envie de vivre ensemble. En commençant par éviter aux extrémistes (Belfort ou Macon) l’envie de se tirer vers d’autres horizons...
Pas question de les laisser s’envoler (faudrait d’ailleurs qu’ils aillent à Bâle ou Lyon, les fuyards, puisqu’il n’y a plus que des charters pour le Maroc qui décollent de Dole régulièrement, comme l’a souligné en souriant François Rebsamen). Et comme le train est le meilleur moyen d’aller visiter toute cette communauté d’un demi-million d’âmes, c’était logique de fêter ces épousailles dans un TER inter-cités dont les fréquences seront renforcées, en même temps que le temps de parcours devrait être raccourci. 20 millions d’euros côté Franche-Comté, 10 millions côté Bourgogne vont être mis dans le panier de la mariée, pour sortir du train-train actuel de la SNCF. Un seul ticket pour prendre tram ou train, un jour prochain, qui sait ?
De quoi nous donner encore plus envie, dans les mois à venir, d’emmener skier ou se mettre au vert dans NOTRE région nos amis visiteurs, qui devront réviser les clichés que nos propres familles, bisontine d’un côté, dijonnaise de l’autre trimbalaient depuis des décennies. Même nous, à Bing Bang, on a du faire notre mea culpa. On en reparle, un peu plus loin. ■ GB