hiver 2012 2013
N°53Rassurez-vous, Bing Bang ne se prend pas pour un baromètre de la mode, fut-elle seulement culinaire. Quoique… s’il fallait revoir nos numéros pour les fêtes sur 10 ans et plus, on aurait forcément nous aussi nos tables chargées à ras bord de victuailles, de bonnes bouteilles, nos nappes décorées au goût de l’époque, passant de la dorure au rouge-vert-bois selon l’humeur.
À chacun ses souvenirs de réveillon raté, de recette infaisable piquée dans un mag spécialisé, de dinde inbouffable, de repas interminables arrosés d’un champagne moins bon que le crémant de Bourgogne, que vous allez pouvoir aller déguster fin janvier à Chatillon-sur-Seine, lors de la prochaine Saint-Vincent tournante. Jean Maisonnave vous en parle, dans les pages qui suivent, entre la truffe et le lièvre à la royale, plat à la carte aujourd’hui de tous les restos de luxe, entre la grouse et le bœuf de Kobé.
Cuisine riche, certes, pour gens ayant les moyens. Mais ce n’est pas un Derbord ou un Frachot qui diront le contraire : ces deux étoilés dijonnais cartonnent auprès d’un publi jeune qui veut s’offrir un repas d’exception.
Qu’est-ce l’on attend d’un étoilé ? De beaux produits, un vrai travail dans l’assiette autre que l’assemblage habituel proposé par les ¾ des restos ? S’offrir çà, c’est vraiment du luxe, de nos jours. On a demandé en passant à ces mêmes étoilés quel était elur palt préféré. Vous allez être surpris…
Pour ce mini-dossier, on a décidé de faire sobre, pour être en accord avec nos goûts et ceux d’une époque qui marque la fin des années bling-bling. Plus rien à voir avec ce qui faisait rêver les générations précédentes, et qu’on retrouve encore dans certains mags ou bouquins.
Sans remonter à l’après-guerre et au besoin de montrer l’opulence, sur fond de décor de Noël et de nappes sorties tout droit des armoires familiales, ces 30 dernières années ont connu une véritable révolution en ce domaine. Juste quelques repères, avant de vous laisser à nos délires verbaux et visuels. Rappelez-vous : pas de rayons de déco dans les grands magasins avant les années 80 pour vous en mettre plein la vue, à vous et à vos invités, pas de guides ou de bouquins de cuisine à tous les rayons avant les années 90, pas d’exotisme surtout puisque les chefs n’avaient pas encore pris le goût du voyage en Asie ou ailleurs… Et avant l’an 2000, pas de blogs, pas d’émissions, pas de table ronde (ou si peu) pour « mettre l’accent sur la qualité, le bio, le simple, le proche, le faisable », qualités que Marielys Lorthios, comme d’autres, considèrent comme essentielles aujourd’hui, les marques comme les mags jouant de plus en plus la « photo réalité » : tout ce que des femmes comme elle mettent en avant, par leur travail, la ménagère peut le faire.
Le luxe, ce n’est pas seulement de pouvoir accéder à ce qui était interdit, financièrement ou socialement parlant, c’est de pouvoir s’offrir ce qu’on n’a pas en se moquant du fric jeté par les autres pour des trucs qu’on considère d’un total ringardisme !
Gérard Bouchu