Printemps 2019
N°78Dans son quartier tout de vert vêtu, la Maison de l’Architecture et de l’Environnement cache bien son jeu. Un véritable lieu d’expo qui mérite plus qu’un détour et surtout, une sincère ouverture d’esprit.
Les idées fusent, le cerveau (sur)chauffe. On part parfois dans tous les sens, trop ou pas assez loin. On peut rater sa cible, se planter et finalement abandonner. Ces instants de fulgurance ou d’errance restent alors dans les cartons ou les tiroirs, loin des yeux et loin du cœur. Adieu. Avec son expo « Dijon de Papier », Latitude 21 se propose de ressusciter ses idées mortes-nées. Sur une période allant de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XXe siècle, sur un territoire regroupant une grande agglomération et sa proche zone d’influence, elle présente vingt-neuf projets d’urbanisme et d’architecture non réalisés. Qu’ils soient trop ambitieux, trop en avance par rapport à la réalité du moment, qu’ils expriment des théories architecturales et urbaines incomprises, qu’ils tiennent plus d’une utopie débridée ou même d’une certaine science-fiction, ils expriment tous une part de ce génie humain si prompt à vouloir imaginer un cadre meilleur pour les habitants. Ils sont également le reflet de l’évolution de la réflexion par rapport à l’aménagement de l’espace qui traverse la société, mais aussi les mutations politiques, économiques, techniques, qui marquent par leur changement la vie d’un projet. Ces projets nous montrent aussi les différents rapports de force qui traversent les politiques urbaines, les associations ou les oppositions et les rivalités entre les différents acteurs de l’aménagement. Un fragment d’époque oublié et tu… mais qui en dit long. Pour ne pas rester coincer dans le passé et dans une sorte de nostalgie inavouée (le fameux « c’était mieux avant »), les organisateurs ont jugé bon de faire appel à l’association Fakir, collectif pluridisciplinaire dont l’ambition est de faire aimer l’architecture au travers de l’utopie. Qui sait, demain…
Ne vous laissez pas impressionner par ce nom quelque peu barbare, un polyèdre c’est tout simplement une forme géométrique 3D, à plusieurs faces que l’on retrouve dans la nature (comme un nid d’abeilles ou des cristaux) et bien sûr en architecture. Le genre de truc qui depuis des millénaires fascine les philosophes, les mathématiciens et les artistes au point parfois de les empêcher de dormir. On ne sait pas si Maurice Mathon est amateur de nuits blanches, quoiqu’il en soit, ce « coupeur de papier » professionnel et ancien enseignant fait des polyèdres des clés pour comprendre le monde qui nous entoure. Trois ans après son expo Pop-Up (un autre de ses dadas), il revient avec toujours autant de poésie… volume 2. ■ Émilie Chapulliot
Ouvert du mardi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h Le samedi de 14h à 19h.
Pour les appeler : 03 80 48 09 12