hiver 2015
N°65On aurait dû, dans ce numéro, évoquer avec Christine Martin, l’adjointe dijonnaise à la culture, la ville qu’on avait envie de vivre demain, ensemble, au culturel comme au quotidien : les musées d’une cité bénite par l’Unesco qui ne veut plus être ville-musée, le circuit qui se met en place pour aller à la rencontre des oeuvres d’art dans la rue, les spectacles vivants, les créations qui se profilent, les gros travaux à la Vapeur et au MBA, les nominations futures à la tête des grands établissements...
Puisqu’il y aura déjà un avant et un après-Bataclan, pour toute une génération, précisons que nous avions décidé ça... avant. Nous reviendrons sur ce thème au printemps, plus sereinement. On ira voir aussi ce qui se prépare à Besançon, hors des musées et dans un FRAC où le regard du visiteur se perd sur le Doubs, les quais, la vie...
On va sortir de notre trou, de notre centre ancien plongé dans le brouillard pour aller voir si l’herbe est plus verte au bout du tram, à Chenove ou à Quetigny. On s’intéressera aux festivals de la Métropole du futur, à l’image de GéNéRiQ, qui revient cet hiver et sur lequel LaFP a déliré. On parlera peut-être du projet d’orchestre régional évoqué rapidement par les deux maires dans un TER surpeuplé, faute d’Opéra commun, pour l’instant. On évoquera l’Auditorium, qui fête ses 20 ans avec la sortie d’un livre signé Jean-Louis Roy (chez L’Harmattan) qui rappellera pas mal de souvenirs à certains. Livre plus ironique que nostalgique, car cet amoureux de l’opéra déplorerque ce temple élevé à la gloire d’un ancien maire n’ait tenu que la moitié de ses promesses. Plus de vraies saisons d’opéras, faute de combattants (plus de troupe, plus de danseurs, plus d’orchestre maison, au fil des ans) autant que de moyens... Quant à savoir si Dominique Pitoiset, pressenti pour 2018, pourra inverser la tendance (et à quel coût ?), difficile de poser la question. A lui comme à notre adjointe préférée, qui a demandé combien de jokers elle pourrait utiliser, quand on évoquerait tout ça.
La danse, on en a beaucoup parlé lors du passage à Dijon d’Alexandre Munz, chorégraphe que vous pourrez découvrir cet hiver, puisque ses amis profs au Conservatoire ont pu bloquer une date (le 20 janvier) au théâtre des Feuillants, seule salle disponible puisque l’Auditorium est fermé à toute programmation extérieure. Une oeuvre originale, sur une musique électro-organique, qui s’inscrit dans le combat mené, entre Marseille où il vit et Berlin où il va revivre, par ce danseur qui a décidé de ne plus faire souffrir son corps et qui enseigne un peu partout dans le monde son Safe Project, depuis 11 ans. Cette fois, ce sont les élèves qui seront dans la salle, pour voir danser leurs profs. « Danser après 40 ans n’est pas nouveau, une commande chorégraphique pour les professeurs d’un conservatoire français, ça, c’est du jamais vu ! »
Imperturbable, comme toujours, du moins en apparence, Alexis Doré a photographié un musée désert, en s’attachant aux pas d’un maire lui-même perturbé par la longue fermeture nécessitée par la seconde tranche des travaux. Difficile d’imaginer, dans ce décor dépouillé, qu’on risque à tout instant de se cogner contre une statue de Rude ou un tableau de Delacroix. D’où l’idée, née dans l’esprit d’Alex entre deux séances photo, de placarder sur les murs de la ville des oeuvres d’artistes qu’on n’arrachera pas, cette fois. Surtout si elles portent la signature de Delacroix, Rubens, Greuze, Monet, Sisley, Quentin de la Tour, Géricault... Tous ces peintres que vous avez pu admirer jusqu’alors au musée de Dijon et qui hibernent dans les réserves, le temps de redonner de la vie à des salles vides dans lesquelles nous nous sommes baladés, en compagnie de David Liot, le directeur des musées, et de Christine Martin.
Demander à Alex de nous faire une série de poses intimes, comme pour les précédents mags, était difficile. Il nous a livré quand même une image que vous avez du voir sur internet, montrant un petit beur arborant un drapeau tricolore. Et une version très personnelle d’un conte de fées qu’on a du lui raconter, autrefois :
« La Belle et la Bête ». Traumatisé par les élections régionales, après le choc des évènements de novembre, il va nous maudire en découvrant les toutous en folie des pages suivantes, autant que les éléphants roses (du PS) en ouverture, mais bon, dans un numéro consacré à la politique urbaine, au vivre ensemble, il en fallait pour tous les goûts.
Pour les faire japper, lui et son chien, on lui a envoyé un flyer montrant que les folles nuits parisiennes continuaient, plus que jamais et qu’à la Folie, justement, dans le 19ème, ils n’avaient pas hésité à utiliser en mode queer un chien comme le sien. Lui nous a évité les dindes fourrées sur canapé, les câlins au pied du sapin... On finit presque par le regretter. Wouaf wouaf !
■ Gérard Bouchu