
— Il manque un fleuve à votre ville, dit Lucius en sortant du restaurant à minuit passé.
— Vous croyez ? lui demanda poliment le notaire.
— Parfaitement ! Un fleuve, Monsieur Demangelle, ça donne de la perspective, répondit le policier en vacillant un peu.
(L’affaire des glacières - T2)
En voilà une réflexion de Parisien ! a dû songer l’homme de loi, et il s’était certainement retenu par politesse de lui mentionner le canal de Bourgogne.
N’en voulons pas à l’inspecteur principal Lucius de la brigade de Sûreté à Paris, qui venait conclure à Dijon une enquête qui lui avait fatigué les nerfs pourtant solides.
Cela avait commencé par un meurtre, un homme retrouvé dans une des glacières du bois de Boulogne, puis un second dans le quartier Popincourt. Le juge, Nathan Forève, avait pris à cœur l’instruction de cette affaire complexe et délicate qui les avait conduits à se rendre à Dijon et aux Verrières-de-Joux, un village à la frontière franco-suisse, où s’était déroulé dans le froid et la neige, un épisode dramatique de la fin de la guerre de 1870. Si ce qu’ils avaient appris n’avait pas été aussi sombre, Lucius aurait vu la ville de Dijon d’un autre œil. Nathan, lui, envisageait de revenir avec Jane pour lui montrer la noblesse des frontons, l’exubérance de l’ornementation des hôtels particuliers. Mais décembre n’était pas le mois idéal pour déambuler dans des rues que le vent traversait en rafales. Les Dijonnais qu’il croisait en cette fin d’après-midi ne paraissaient souhaiter que l’amitié d’une cheminée ou d’un poêle. On s’enfermait tôt en province.
Jane Cardel était une demoiselle qui ne quittait guère les pensées du juge bien qu’il s’en défendît. Elle avait vécu une période difficile l’année précédente en voulant se mêler d’une enquête malgré ses mises en garde. (Divination fatale - T1), mais l’inspecteur et lui veillaient sur cette jeune femme qui collectionnait les chapeaux et les situations dangereuses. Enfin, elle retrouvait une vie plus calme. Jane était de ces personnes qui attiraient les complications ; qui aurait imaginé que, quelques mois plus tard, elle se retrouverait en haut d’un arbre, blessée, des molosses attendant qu’elle tombe d’une branche comme une poire bien mûre. Pourtant, elle avait promis de ne plus jouer au détective. (L’Assassin aux violettes- T3)
Des rebondissements, un soupçon de romance, des personnages attachants, jalonnent la trilogie des Enquêtes de Jane Cardel, qui débutent en 1872 dans un Paris foisonnant. ■
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