Avril mai juin 2010
N°42Texte : Françoise Perrichet
Photo : DR
Petit, il mâchait du chewing-gum, devenu grand il s’est mis à travailler avec du chewing-gum, à recouvrir des objets, faire des sculptures et des performances. Le côté potache, décalé et mal élevé de la gomme lui rappelle celui de la musique. Coller, faire du lacis à la Pollock sur des pochettes de disques sont ses premières références directes. Dix ans après, il assume : C’est ma construction, c’est moi. Autant dans les performances que dans mon travail de plasticien, j’essaie vraiment de provoquer un mixage, un télescopage entre les codes fétichistes, parfois violents, les gymniques de l’univers du rock avec les clichés des avant-gardes du 20e siècle.
Tel Peter Townsend, fortement influencé par les artistes performeurs américains, qui cassait sa guitare, il brise des cd à coups de marteau, gribouille sur les photos de musiciens pour faire écho à certaines performances scéniques. Cette violence s’amenuise ensuite et sa série de cibles paraît plus tranquille. Visuellement, formellement elle a un côté plus clean, plus décoratif, pourtant elle vient de l’idée de cribler, percer la toile de pin’s, de médailles. Cette série est inspirée des blousons des Mod’s et des Who, les premiers à jouer du côté fétichiste inhérent à l’univers du Rock. Après ce fétichisme est devenu plus violent avec le mouvement Punk dans les années 80. Personnellement j’ai été très marqué par cette culture anticonformiste qui avait poussé à l’extrême ce côté autodestructeur.