automne 2012
N°52Les 37 moinillons échappés des tombeaux des ducs continuent leur extraordinaire aventure : ces ambassadeurs de la Bourgogne éternelle sont en haut de l’affiche à Berlin, jusqu’en février !
On les avait mésestimés : ce sont aujourd’hui les Dijonnais les plus célèbres dans le monde, battant d’un coup Kir (le chanoine), Amora (la moutarde) et même Rude ou Eiffel, sans parler des ducs eux-mêmes et du collier de la Toison d’Or dont ils étaient si fiers. Belle revanche pour ces petits bonhommes en albâtre que personne n’avait trop pris au sérieux, pendant des siècles.
On les prenait même de haut, naturellement. Seuls les enfants les regardaient attentivement (question de taille) en tournant autour du tombeau des ducs et se doutaient qu’ils n’étaient pas ce qu’on imaginait : un cortège de pleurants suivant la dépouille de leur dernier maître, dont les restes reposaient au dessus d’eux.
Grâce à Sophie Jugie, directrice du musée des Beaux-Arts et ses collègues américains qui ont eu la bonne idée d’emmener en balade ces petites statuettes, le monde entier (ou presque) a pu les voir de près, sans avoir à se pencher pour découvrir, sous leur capuchon de moine, des êtres remarquables au chagrin tout relatif. Rude coup pour l’ego des grands hommes, et oui, il faut le dire : si ces statues nous émeuvent, c’est plus par la perfection des traits, l’émotion qu’elles dégagent que par l’affliction dont elle témoignent.
On peut le dire ouvertement, maintenant que la tournée a été un succès, de New-York à Berlin en passant par San-Francisco, Dallas et Bruges. « Les Pleurants. Tant d’amours et tant de larmes » qu’ils disaient, nos amis Flamands. À Berlin, on a été plus prudent. « Die Pleurants vom Grambal des Herzogs Jean sans Peur in Dijon ». Assez pleuré comme ça : la fête des Pleurants, c’est maintenant !