été 2012
N°51> SCIENCE INSCIDE
Eric CHARIOT
Entre homéopathie et astrologie, teintées de rites "New Age", mais d’un autre âge, la biodynamie cumule les aberrations dans ses principes. Et pourtant les plus grands domaines de Bourgogne s’y adonnent. "Et pourtant ça marche !" vous diront-ils en chœur. Analyse critique d’une méthode étrange, qui prend parfois des vessies pour des lanternes cosmiques…
Et ce n’est pas tout… Aux travaux de Steiner se sont ajoutés ceux de Maria Thun faisant intervenir la position de la Lune. C’est tout simple. Si la Lune est devant par exemple le Taureau, un signe de terre d’après les astrologues, alors il faudra travailler sur les racines : planter, arracher, repiquer… De même pour les jours « fruits » ou « feuilles », liés aux signes d’eau ou d’air…
Rappelons tout de même qu’aucune influence de la Lune n’a été observée sur la pousse de la végétation, des cheveux ou sur les naissances. Le calcul montre même qu’un viticulteur passant dans ses rangs de vignes produira 5 500 fois plus d’effets de marée sur la sève des ceps que la Lune elle-même… La distance joue énormément.
Alors pourquoi les viticulteurs qui la pratiquent prétendent quand même que ça marche, et pourquoi des grands domaines s’y sont mis, comme la Romanée-Conti…
Toutes les études sérieuses (pas celles des labos privés qui sont forcément intéressés à montrer à leurs clients que ça marche) montrent qu’il n’y a pas de différences sur les plantes entre une culture bio et la culture bioynamique. Le contraire serait d’ailleurs hallucinant.
D’abord ils diront que ça influe sur la « qualité du vin », que le terroir est plus présent. Mais quoi de plus subjectif ? Absolument aucune dégustation à l’aveugle n’a été faite sur le sujet. Et puis il y a un phénomène bien connu en psychologie sociale : se méfier de ce qu’on appelle « l’expérience personnelle ». Le malade persuadé que l’homéopathie « marche sur lui » alors que les études ne montrent pas plus qu’un effet placebo. La sage-femme qui prétend qu’elle a plus de travail en pleine lune alors que c’est statistiquement faux. Ainsi le viticulteur peut se tromper en toute bonne foi en se disant que les poudres de perlimpinpin qu’il ajoute ou les rites lunaires qu’il suit auront un effet.
Par contre, le temps passé par le vigneron et son personnel pour préparer et pulvériser ses tisanes rendent mécaniquement le vin plus cher. Il existe aussi des formations à la biodynamie (par exemple à Puligny-Montrachet) pas données à tout le monde. On voit maintenant arriver les conseillers et les labos privés sans doute peu amènes. Les calendriers lunaires se vendent aussi comme des petits pains…
Tout un business du « terroir-caisse » qui récolte les fruits bien juteux de la crédulité des producteurs et consommateurs.