Début 2012
N°49Aéroport Dijon Bourgogne
Ryanair annonce son atterrissage à Dole au printemps 2012 pour assurer une liaison vers Porto.
Officiellement, cette ligne ne remet pas en cause le projet d’accueillir la compagnie à Dijon.
C’est la deuxième fois, en quelques mois, que Dole coupe l’herbe sous le pied de Dijon. Apparemment du moins. Au printemps dernier, le conseil général du Jura et la société exploitante de l’aéroport de Dole-Jura composée de la CCI du Jura et de Kéolis, annonçaient l’ouverture de lignes régulières vers Angers, Nice et Münich, par la compagnie italienne Air Vallée. Ce coup-là, c’est Ryanair qui annonce l’ouverture, au printemps prochain, d’une ligne Dole-Porto, à raison de deux allers-retours par semaine. Il se trouve que la compagnie irlandaise à bas coût est pressentie depuis plusieurs mois pour ouvrir des lignes au départ de Dijon. L’effet d’annonce dolois est-il de nature à remettre en cause le projet dijonnais ?
Certainement pas, clame-t-on du côté de la CCI Côte-d’Or, gestionnaire de l’aéroport Dijon-Bourgogne. « Le programme que développe Dole-Jura aujourd’hui n’est pas le même que Renaissance, argumente Patrick Laforêt, président de la CCI. La ligne Dole-Porto s’assimile plutôt à un “charter sortant”, alors que la ligne Dijon-Londres que devrait ouvrir Ryanair vise à faire venir des touristes britanniques en Bourgogne. » Rien à voir, donc. Et le patron de la chambre consulaire de rappeler que, pour l’instant, Dole-Jura et Dijon-Bourgogne n’ont pas grand-chose à voir : « Nous avons prouvé, à Dijon, notre capacité à générer, avec nos trois premières lignes domestiques, un trafic régulier de 60.000 passagers par an, quand Dole n’envisage, avec Ryanair, que 15.000 passagers par an ». Le petit aéroport du Jura ne saurait donc faire de l’ombre à son grand frère côte-d’orien…
Ce que Patrick Laforêt n’ose peut-être pas dire, c’est que les responsables dolois ne sont pas vraiment francs du collier dans cette histoire. Avant d’échafauder le programme Renaissance, la CCI Dijon (c’était son nom à l’époque) avait consulté son homologue de Lons-le-Saunier.
Ce qui nous regarde, en revanche, c’est de savoir si Ryanair va bel et bien, finalement, poser ses grands avions jaunes à Dijon. « Oui »,
répond la CCI Côte-d’Or, qui a mandaté un intermédiaire de haut vol, irlandais comme par hasard, ancien patron de City Jet (filiale d’Air France), Patrick Edmond, pour négocier avec les équipes de Michael O’Leary, le patron de Ryanair. « Négocier » est bien le mot qui convient :
cette compagnie vient là où les conditions financières lui plaisent. En clair, là où les frais aéroportuaires (accueil des passagers, billetterie, manutention des bagages…) sont le moins cher possible, voire carrément offerts. Elle demande aussi aux collectivités locales de financer une partie de la communication autour des nouvelles lignes. Ce qui d’aucuns dénoncent comme des « subventions déguisées ». Le tout est couché, noir sur blanc, dans une convention. Le hic, c’est que le conseil régional de Bourgogne refuse, à ce jour, de parapher la convention standard, la seule qu’accepte Ryanair, parce qu’elle paraît « peu sûre » aux juristes de la région. Prudence justifiée ou excès de zèle ? Aucune convention n’a jamais été dénoncée par un tribunal, mais bon… La Bourgogne avait déjà fait les choses bien pour accueillir Eastern Airways, avec montage de dossier très compliqué auprès de l’Europe… Si la question de la convention est réglée, si les modalités financières sont réglées, alors Ryanair, que la destination « Bourgogne » séduit – mais comment pourrait-il en être autrement ? –, pourrait positionner des vols vers Londres et peut-être Marrakech, ou peut-être une ville allemande… Peut-être dès le printemps prochain… Tout cela fait encore beaucoup de « peut-être », mais, fière de ses pistes et de son aérogare refaites à neuf, Dijon y croit. Dole et Dijon sont tout proches l’un de l’autre, mais il en faut plus pour gêner Ryanair : la compagnie exploite des lignes au départ d’aéroports voisins, par exemple en Languedoc-Roussillon. Disons simplement qu’il va falloir mettre un terme au plus vite à une situation ubuesque : deux tout petits aéroports qui se bagarrent à 40 kilomètres l’un de l’autre, c’est juste débile. La bataille des tarmacs ne doit pas avoir lieu.
Patrice Bouillot