74
Magazine Dijon

Printemps 2018

 N°74
 
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La Traversée de Dijon, par Germain Arfeux


La traversée de Dijon, par Germain le Semurois

La traversée de Dijon, ■ par Germain le Semurois Semurois, j'ai vécu à Dijon pendant plusieurs années. C'est à Dijon que j'ai passé mon baccalauréat (au lycée le Castel), que j'ai pris ma première cuite (une bouteille de vin blanc descendue place Saint-Michel), et que j'ai fait ma première vraie conquête amoureuse (à la sortie de L'Atmosphère, rue Audra). Je suis arrivé dans cette ville sans diplôme, abstème et puceau, je l'ai quittée licencié, alcoolisé et déniaisé, c'est dire si j'y suis attaché. Le Dijon que j'ai le mieux connu, c'est le Dijon des années 2000. C'était la grande époque des bouteilles de blanc bues au Quentin, des verres de rouge enfilés au Chez Nous, et bien sûr, des verres de vins blancs au sirop de sapin ingurgités au Vieux Léon et régurgités aussitôt rue Saumaise, en splendides gerbes vertes. On cherchait surtout l'ivresse, en ce temps-là, et on n'avait pas de mal à la trouver. Ce que j'aimais bien, dans le Dijon des années 2000, c'est qu'on pouvait y rencontrer le Dijon des années 1000 dans les sous-sols de Saint-Bénigne, le Dijon des années 1200 dans la nef de Notre-Dame, le Dijon des années 1300 dans ses ruelles raturées de poutres en pagailles, le Dijon des années 1400 en allant tripoter de la main gauche la petite chouette de Dijon, qui est un peu le clitoris de la ville (elle jouit quand on la caresse), le Dijon des années 1500 dans ces débauches de choux et de satyres qui se répandent en orgie sur les façades de pierre, le Dijon des années 1600 dans la splendeur rigide des géométries de la place de la Libération, etc… J'aimais à aller boire des canons aux terrasses des bistrots, à causer avec des amis, et puis, aussi, à aller musarder avec Aloysius Bertrand, à déconner avec Alexis Piron et puis à rendre hommage à notre seigneur le duc de Bourgogne. En fait, ce que j'aime à Dijon, c'est que toutes les époques de son histoire s'y donnent la main et dansent entre elles, très légèrement, le passé badine avec le présent, le Moyen Âge fricote avec la Renaissance, le classicisme s'acoquine avec le gothique, et ainsi, sereinement, sans même s'en rendre compte, on parvient à y dépasser le temps et à s'en affranchir. Si, si ! Lisez-moi si vous ne me croyez pas. ■ La Traversée de Dijon, par Germain Arfeux, aux éditions de l'Escargot Savant.

Semurois, j’ai vécu à Dijon pendant plusieurs années. C’est à Dijon que j’ai passé mon baccalauréat (au lycée le Castel), que j’ai pris ma première cuite (une bouteille de vin blanc descendue place Saint-Michel), et que j’ai fait ma première vraie conquête amoureuse (à la sortie de L’Atmosphère, rue Audra). Je suis arrivé dans cette ville sans diplôme, abstème et puceau, je l’ai quittée licencié, alcoolisé et déniaisé, c’est dire si j’y suis attaché.
Le Dijon que j’ai le mieux connu, c’est le Dijon des années 2000. C’était la grande époque des bouteilles de blanc bues au Quentin, des verres de rouge enfilés au Chez Nous, et bien sûr, des verres de vins blancs au sirop de sapin ingurgités au Vieux Léon et régurgités aussitôt rue Saumaise, en splendides gerbes vertes. On cherchait surtout l’ivresse, en ce temps-là, et on n’avait pas de mal à la trouver.
Ce que j’aimais bien, dans le Dijon des années 2000, c’est qu’on pouvait y rencontrer le Dijon des années 1000 dans les sous-sols de Saint-Bénigne, le Dijon des années 1200 dans la nef de Notre-Dame, le Dijon des années 1300 dans ses ruelles raturées de poutres en pagailles, le Dijon des années 1400 en allant tripoter de la main gauche la petite chouette de Dijon, qui est un peu le clitoris de la ville (elle jouit quand on la caresse), le Dijon des années 1500 dans ces débauches de choux et de satyres qui se répandent en orgie sur les façades de pierre, le Dijon des années 1600 dans la splendeur rigide des géométries de la place de la Libération, etc…
J’aimais à aller boire des canons aux terrasses des bistrots, à causer avec des amis, et puis, aussi, à aller musarder avec Aloysius Bertrand, à déconner avec Alexis Piron et puis à rendre hommage à notre seigneur le duc de Bourgogne.
En fait, ce que j’aime à Dijon, c’est que toutes les époques de son histoire s’y donnent la main et dansent entre elles, très légèrement, le passé badine avec le présent, le Moyen Âge fricote avec la Renaissance, le classicisme s’acoquine avec le gothique, et ainsi, sereinement, sans même s’en rendre compte, on parvient à y dépasser le temps et à s’en affranchir.
Si, si !
Lisez-moi si vous ne me croyez pas. ■

La Traversée de Dijon, par Germain Arfeux, aux éditions de l’Escargot Savant.


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