hiver 2012 2013
N°53Brigitte Durieux, on vous l’a souvent présentée dans ces pages, elle sort chaque année un best-seller, et notre Dijonnaise à la voix rocailleuse a d’autant plus de mérite qu’il ne s’agit ni de polar ni de la vie d’un homme illustre. Brigitte, on l’a connue journaliste speedée, puis communicante tout aussi speedée, et on la retrouve avec bonheur (comme dirait sœur Thérèse) dans le rôle de fouille-grenier des temps modernes, d’Indiana Jones à la dijonnaise, heureuse de réaliser son rêve : écrire uniquement sur ce (et ceux) qu’elle aime.
Pour ceux qui ont jeté à la poubelle leurs vieilles chaises de bistrot, pour les non-chineurs qui croient encore que la nostalgie s’arrête à Louis XVIII, cette femme est une provocation vivante : non seulement elle a remis au goût du jour le mobilier industriel et fait connaître les chaises Tolix aux Parisiens, mais elle continue de sévir à travers le monde en trouvant partout des objets qui prennent leur revanche grâce à elle. Après Inoxydable Tolix et Le Mobilier industriel, cette chineuse invétérée nous a déniché, après parfois de longues enquêtes, 50 objets cultes du mobilier industriel. Un des meilleurs photographes de natures mortes au monde, Laziz Hamani, en a fait de véritables oeuvres d’art. On découvre ainsi l’histoire croisée d’un objet et d’une entreprise ou de son fondateur, et cela se lit comme un roman, avec une précision, une richesse de détails époustouflants. Ce sont des objets oubliés, usuels ou luxueux, de l’entre-deux-guerres, créés par des entrepreneurs qui n’avaient pas peur du risque, puis furent balayés par les « 30 glorieuses ». Des prototypes, parfois, ou même adaptés, customisés à l’usage, comme la lampe anglaise Angelpoise, dont le pied a été gainé de cuir pour ne pas griffer les peaux que son utilisateur travaillait dans les ateliers Hermès. Dans un monde qui devient de plus en plus virtuel, ce livre nous permet de nous rattacher à notre propre histoire : le style industriel est né en France avant d’être décliné un peu partout. Nos industries sont parties, mais il nous reste ces objets des générations précédentes, qui perdurent, et nous permettent de revenir à de vraies valeurs... Prochaine étape : et si on en faisait une expo ? À suivre !
■ Carla Garfield