74
Magazine Dijon

Printemps 2018

 N°74
 
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09

■ Jean Louis Roy.

L’Auditorium fête ses 20 ans

Vingt ans ! Fin novembre 2018, l’Auditorium aura 20 ans ! Pendant 150 ans, les mélomanes dijonnais allèrent au Grand Théâtre et dans d’autres endroits incommodes qui accueillaient si mal les virtuoses invités : partout l’acoustique laissait à désirer et l’on était fort mal assis. Une salle vraiment conçue pour la musique s’imposait. 


L'Auditorium de Dijon
Photos et plan : Archives de la ville de Dijon, BH.VII.1.2.1 .LAM

Proposée dès 1974 par Michel Grivelet, conseiller à la culture, elle fut refusée par notre ancien maire, Robert Poujade. Douze ans plus tard, en 1988, EURYDICE délivrée et ses 300 mélomanes exigèrent au moins 1 200 places et un écrin exclusif : le maire s’inclina. Mais il avait son idée : seule une salle prestigieuse, polyvalente avant tout, pourrait couronner son dernier mandat après 30 ans de règne (1971-2001). plan de l'auditorium Bernardo Fort-Brescia (agence Arquitectonica de Miami, Floride, USA) fut l’architecte élu. Il ne s’était jamais essayé à ce genre mais son esquisse et ses plans gagnèrent le concours devant des pointures : David Morley, Vasconi, Takamatsu ou Jourda-Perraudin. Ce qu’on surnomma vite « Poujadorium » fut inauguré dix ans plus tard sous le nom d’« Auditorium de Dijon » : comment ne pas l’accepter, malgré la déception ? Car ce n’était pas un « auditorium ». Puis une grave erreur de fondations imposa de supprimer 25 % du projet pour maîtriser le budget : finie la salle de répétition ! Disparue aussi la petite salle annexe de 300 fauteuils pour les petits concerts ! Proche d’une « boîte à chaussures », la salle est trop longue, le dernier rang de balcon est à plus de 50 m du fond de la scène ! L’acoustique, qu’on voulait « la meilleure d’Europe », ne fut plus que « l’une des meilleures de France » après trois ans de tâtonnements et de rectifications ! L’équipement technique fut peu à peu complété, le sur-titrage enfin obtenu. On pouvait comparer avec Bordeaux où on a un vrai auditorium (architecte Michel Pétuaud-Létang) tout à côté du Grand Théâtre préservé. Il en est une sorte d’extension (même orchestre, même directeur) et offre une grande salle « Henri Dutilleux » (1 440 fauteuils rouges où aucun spectateur n’est à plus de 20 mètres du cœur de l’orchestre !), une salle « Henri Sauguet » de 300 places et encore deux petites salles de 70 m2 au niveau du balcon. La salle « en vignoble » est le nouveau must. Elle efface les frontières, les spectateurs ne sont plus isolés, ils forment une communauté unie qui embrasse les musiciens mis au centre de l’espace. La Philharmonie de Berlin de 1963 avait ouvert la voie. La perfection conviviale et acoustique est atteinte dans les auditoriums de la Maison de la Radio et de la Philharmonie de Paris. inauguration de l'auditorium le 20-11-1998 A Dijon, il faut enjamber le boulevard par un long escalator et d’autres pour redescendre jusqu’au parterre à travers d’énormes espaces solennels à l’américaine, le plus souvent sans décoration. On s’y habitua, les étrangers en restent étonnés. Le foyer-bar tout en bas n’est ouvert au public que lors des concerts. On voit la rue en face, on pourrait la rejoindre par le jardin herbeux qui remplace la salle de répétition disparue : c’est interdit, seule la Tétralogie de Richard Wagner obtint ce passage. Un accès direct offrirait l’espace de vie qui manque au public : des fauteuils, un bar, des lecteurs de vidéo et CD, livres et environnement culturel seraient offerts à discrétion permanente pour compléter les connaissances. Et le Conservatoire, tout proche, qui devait être intégré à la salle de musique, rêvait de l’animer en permanence par ses professeurs et ses élèves. Un tel lieu de vie avait été envisagé au-dessus du boulevard, entre les escalators et l’entrée : mais on y gèle en hiver et on y étouffe en été, aucune climatisation n’est possible entre les larges verrières et l’appel d’air des escalators. Incomplet, inadapté, solennel et froid, cet outil a un équipement scénique au top, il fallait l’utiliser au mieux. Les premières années, ce ne furent que célébrités invitées, orchestres, solistes et ballets. L’Opéra de Dijon tenta d’apporter quelques créations à l’Auditorium, avec un succès mitigé. Les spectacles importés du festival d’Aix-en-Provence devinrent une valeur sûre, le public s’y presse, comme aux formations étrangères de renom. Mais quand on invite un quatuor, à peine 150 à 300 personnes s’éparpillent au premier parterre de l’énorme salle prévue pour 1600 fauteuils. Ils sont plus rares encore pour la musique contemporaine.
construction de l'auditorium en 1997 Comment en faire une vraie maison d’opéra ? Le directeur appelé fin 2007 eut cette ambition : Laurent Joyeux rêvait du Ring dès avant sa nomination, il mit en scène lui-même le monstre, coquetterie de tout directeur d’opéra ! Pierre Filippi, qui dirigea le Grand Théâtre de 1978 à 2002 (après Guy Grinda), ne s’en privait pas, Olivier Desbordes non plus. On garda le chœur mais pas les danseurs, puis les spectacles de danse furent supprimés, malgré la forte affluence ; on y revint deux ans plus tard. Le directeur agrandit l’atelier des costumes, monopolisant l’opéra et les créations, il s’attaqua à Wozzeck sans convaincre les critiques. Le budget ne lui permet que 80 à 100 levers de rideau par saison, et si l’actuelle, originale plus que racoleuse, n’a pas toujours séduit un public frileux, de belles surprises ont réjoui les autres. Ce qui caractérise les artistes c’est leur désir inné d’atteindre la perfection. Au prix d’un entraînement constant, de répétitions infinies, d’une exigence sans faille. On l’a vu avec Brice Pauset, on le voit avec David Grimal et ses Dissonances qui, peu à peu, a obtenu l’adhésion du public à son projet et remplit la vaste salle. De même l’Orchestre de Dijon-Bourgogne à qui on cherche désormais en vain des défauts. On progresse. ■ PS Si vous voulez tout savoir sur l’Opéra de Dijon, un livre existe, celui de Louis Finne : Auditorium de Dijon, Autopsie d’un mort-vivant (ed. L’Harmattan, 2017, 26 €). Disponible en librairie ou chez l’éditeur. auditorium en 1998

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