Octobre 2016
N°68Néo-brasseur
’Les Ducs’, c’est lui. Jean-Bernard Jacques est un quinqua heureux qui s’est offert le luxe de racheter la brasserie la plus connue de Dijon, après l’ex-Concorde. Pleins feux sur l’homme qui ouvre, place de la Lib, début décembre, un concept de resto-brasserie qui fera parler dans les chaumières.
est un homme sérieux qui se soigne. On aurait pu le prendre en photo sur la terrasse des « Ducs », aux côtés de sa femme ou de Frédéric François (pas le chanteur, son directeur d’établissement). Il a préféré se déguiser en chevalier (d’industrie !) pour rester dans le ton de Bing Bang.
Ce n’est pas donné à tout le monde de faire le Jacques ! J-B, pour les intimes, qui sont assez peu : Séverine, sa femme, qui est de toutes ses aventures, et ses quatre gosses, qui sont ravis d’avoir pour père ce drôle d’oiseau tout à la fois diurne et nocturne, qui dort peu, rêve beaucoup, et surtout finit pas réaliser ses rêves, ce qui est encore plus rare.
Retour sur l’itinéraire d’un enfant pressé, d’un homme qui a longtemps vécu caché sans être heureux pour autant et se demandait comment remplir les heures qu’il ne passait pas à travailler comme un dingue ou à s’occuper de sa petite famille, à Izier.
Pourquoi reprendre « Les Ducs » quand on est un chef d’entreprise ayant largement de quoi s’occuper ? « Plus qu’une opportunité, c’était une vraie envie ». Une envie de ne pas faire comme les autres, « mais de le faire bien ». Aussi bien côté déco que côté cuisine. Côté salle que côté place.
Redonner vie et panache à une des plus vieilles adresses de la place, dont on retrouve trace dans les tiroirs des archives municipales. En s’en donnant les moyens, non seulement financiers, mais aussi intellectuels.
Brasserie à l’ancienne, mais concept nouveau. « Le temps des Ducs » n’aura rien d’un d’un bar à vin, ni d’un lounge bar, ni d’un resto à touristes même si ceux-ci seront les bienvenus. Tout comme les Dijonnais qui n’aiment pas qu’on les prenne pour des touristes et pourront reprendre ici de saines habitudes, 7 jours sur 7, de 7h à 23h.
Dijonnais d’origine, mais lorrain de par les gênes, et dans ces gênes là il n’y a pas que le travail, il y a aussi le plaisir. Même si c’est le travail qui l’a mené du métier d’entrepreneur à celui de restaurateur alors qu’il rêvait de devenir… décorateur de théâtre. Un métier qui exigeait à l’époque d’être adroit de ses mains. Un rêve que ce gaucher crut irréalisable le jour où, à peine sorti de l’adolescence, il perdit deux de ses doigts sur la plateau de la Cras, en fabriquant des piquets de vigne pour Jean Dubois.
Un épisode qui l’a amené à s’orienter vers les arts graphiques. Il part à Lyon et se retrouve malgré lui à travailler dans un milieu qui avait une certaine classe, même si ce n’était pas celle qu’il avait prévu.
Retour à Dijon. Graphiste pour le groupe Fournier, il rêve de revenir au bois, à la matière. Avec un père qui faisait les chars de Carnaval, il aurait pu relancer la fête des fous, à Dijon. Il a trouvé plus sage, pendant 20 ans, de bâtir sa réputation dans le milieu de l’agencement, de la PLV (publicité sur les lieux de vente). Des marchés de niche, où il apprit à faire bien ce que les autres attendaient de lui en attendant de pouvoir faire ce qu’il avait envie, tout aussi bien.
Trente ans de bons et loyaux services (on peut le penser, une fois oubliées les erreurs de jeunesse) qui expliquent le présent. L’ouverture d’abord, il y a un an, à Genlis des « Temps Modernes ». Déco industrielle, hommage à Terrot, couleurs, mobilier, Jean-Bernard et Séverine, son épouse légitime, se sont faits plaisir. Lui surtout, qui adore le train électrique qui passe au milieu de la salle et le millier d’objets (voir plus) qu’il a chiné pour créer le décor et l’atmosphère. La cuisine, rassurante, familière, saine, est celle de Laurent Klitz. Une cuisine qui ne triche ni avec le goût ni avec le produit ni avec la quantité.
C’est cette cuisine-là qu’on retrouvera au « Temps des Ducs », avec des recettes adaptées au lieu et à l’époque.
Quoique, ce serait étonnant si on n’y trouvait pas, à côté d’un paté un croûte ou d’une tourte à l’ancienne, un Mac-Duc n’ayant rien d’un attrape trou-duc et une Duchesse au praliné…
J-B Jacques rêvait d’une brasserie à l’ancienne où l’on puisse à la fois bien manger, bien boire, faire la fête, dehors comme dedans, été comme hiver. Grâce à ses différents métiers, il a réussi à trouver comment répondre aux questions techniques que ce nouveau challenge allait poser (à commencer par une terrasse chauffée de façon très originale).
Tout le monde ici trouvera sa place. En salle, où la déco devrait être juste assez décalée pour s’inscrire dans la continuité des lieux (les vitraux font partie des meubles), sans tomber dans l’é-duc-ation moyen-âgeuse à haute dose. Mais aussi en terrasse côté place ou à l’abri des regards côté salons.
Un salon cosy au premier, plus gastro, plus bio-bio, monastique mais pas trop et aussi une « grignoterie » plus décalée à deux pas, plus d’jeune : le « Duke », un nom qui devrait faire sourire ceux d’entre vous qui ont découvert, cet été, le premier city-guide lancé par l’équipe de Bing Bang.
■ GB
Voir aussi : Le Temps des Ducs