Printemps 2011
N°46Texte : Sabine Torres
Café-terrasse-soleil place de la Libération : que demander de plus ? De l’information indépendante, indiscrète et incorruptible… Banane comprise !
« La presse, la majorité, l’opposition : tout le monde savait », souligne Bernard G.*, proche observateur du milieu politique dijonnais. Savait quoi ? Que Marie-Thérèse Poujade, épouse du maire qui a gardé les clefs de la mairie de Dijon pendant trente ans, était soupçonnée d’occuper un emploi fictif à la mairie de Paris... A l’heure où s’enlise le procès de Jacques Chirac, ancien président de la République poursuivi pour avoir monté un véritable système autour de cette pratique alors qu’il était maire de la capitale, dijOnscOpe s’est penché sur la facette dijonnaise de ce scandale national... Edifiant : tout le monde se renvoie la banane chaude !
Pendant ce temps, côté Victor Hugo, les habitants scandent en cœur : « Rendez-nous le soleil ! »… ou plus poétiquement : « Nique le projet Seger »...
Organisés en association, les Dijonnais du quartier huppé se sont unis contre le projet immobilier de Seger, visant à construire un immeuble d’une vingtaine de mètres de haut. Finalement, après être passés par la case Mairie, ils ont obtenu un abaissement de quatre mètres de la hauteur du toit... Langage fleuri qui nous a rappelé une autre rencontre début mars, avec les forains du cirque Zavatta Fils. Installé sur la commune de Quetigny, ils ont multiplié les affichages publicitaires sauvages, que les anti-pubs du coin se sont empressés d’aller retirer. Témoin de la scène, dijOnscOpe a pu apprécier la prose des forains. Fleuron : « Les journalistes, on leur casse les côtes ! » ou encore : « Chut la fille, laisse parler les gars ! »...
Finalement, cessez de culpabiliser si vous n’avez pas le moral : c’est la faute de la lune ! Exit le journalisme d’investigation et les recherches scientifiques (pas assez glamour !) ; bienvenue aux « études » menées par les… Les quoi d’ailleurs ? Peu importe ! La dernière en date nous révèle que le Smartdate Labs – « laboratoire de recherche » du nouveau site de rencontre en ligne Smartdate – « s’est aperçu que les comportements des célibataires évoluaient au fil du mois ». Ainsi, à l’approche de la Pleine lune – surtout si elle a lieu le week-end –, il y aurait « plus d’inscriptions et de messages échangés » sur le site… Conclusion du PDG : « Ce constat rejoint bien des théories populaires. Si cet astre agit sur les marées, est-il possible qu’il agisse également sur nos comportements amoureux ? Voici une question qui reste posée aux scientifiques ». Dommage pour le premier tour des Cantonales : la Pleine lune tombait le samedi 19 mars…
Bref, comme le dirait Dany (lecteur et commentateur de dijOnscOpe) :
Pardonnez-leur car qui, « en ce moment, n’est pas inquiet et donc facilement irritable, énervé, prêt à réagir à la moindre remise en cause ? ». Allez, je file manger un Banana Split…
Ou que vous alliez dans le monde, vous arriverez à tomber sur un compatriote. En parlant un peu plus avec lui, vous vous rendez compte, la plupart du temps, qu’il est soit Breton, soit Bourguignon... ou Ch’ti. Ces gens-là sont fiers de leur identité et ont une nette tendance à l’annoncer au bout d’environ une minute de conversation. Quand aux autres, ça s’entend à l’accent. Le Parisien pur jus en parle moins, car cela se voit, mais celui d’adoption se vante aussitôt d’être d’ailleurs. Si possible né dans des coins que personne ne connaît, car ça présente mieux et c’est encore plus drôle de tomber sur un “pays” dans la jungle khmère. ça donne des sujets de discussion intéressants dans le style “Y a pas à dire, le Bourgogne, c’est quand même le meilleur des pinards” ou “Nan, tu connais pas la mère Kerdruc ? c’est elle qui fait le meilleur kouign amann* de tout le pays !”
Bretonne d’origine, Bourguignonne d’adoption (et adoptable...), j’ai essayé de comprendre le Bourguignon sédentaire, qui reste attaché à son sol comme un crépidule à son rocher.
« Aaaaah, je me sens enfin chez moi ! » me dit un jour un musicien fatigué, piercé et tatoué en voyant défiler le Boulevard Champollion après un concert à 300 km de là. Les bras m’en sont tombés, on a failli avoir un accident : je me sentais plus punk que lui, et ce n’est pas peu dire quand on connaît mon look... mais la vérité quand on connaît mon âme.
D’autres vous diront : une carrière, pourquoi faire ? Apprendre le métier :
mais il y a tout ici. Ah bon, y a pas tout ? c’est pas les mêmes méthodes, et il y a moins de boulot ici ? Pas grave, on se débrouillera ou on en inventera. D’ailleurs, pourquoi aller à Paris, il y a trop de monde et les gens sont pas sympas. D’ailleurs, ils ne nous connaissent même pas...
C’est vrai, pourquoi voyager quand on a tout sur place ? A part le soleil, bien sûr, mais c’est pareil ailleurs. Surtout dans le Nord et en plus, la terre se réchauffe, ça détraque tout. Dans le Sud, il fait trop chaud et les gens parlent fort. La Bourgogne a généré un peu d’aventuriers, ils viennent raconter leurs voyages, c’est pratique...
En plus, si vous avez des envies de sushi, y en a plein partout (on parle bien des villes de plus de 10,000 habitants) et de toute façon, la mer, c’est loin et ce n’est pas écologique de faire venir le poisson par camion. Pour les subites envies de cuisine exotique, il y tous les Kebabs qu’on veut, même en camion dans les villages. De toute manière, il n’y a rien de meilleur que les oeufs en meurette ou une bonne cassolette d’escargots ; tout le reste est indigeste.
Il faut aussi savoir que le Bourguignon est un des plus grands amateurs de bals folks en France. Une bonne bouffée de civilisation américaine chaque semaine, ça vous remonte le moral et vous rend cosmopolite, surtout avec les bottes à franges et le Stetson.
Et puis, bon, si on veut vraiment rencontrer des étrangers, on attend les touristes, même s’il n’y en a pas en Bourgogne, c’est écrit partout dans le métro. On ne leur parlera pas (on sait se tenir), mais on observera leurs moeurs, ça coûte bien moins cher qu’un aller-retour dans des pays qu’on ne connait pas...
*désolée, il fallait que je case kouign aman quelque part, j’en avais trop envie... Un jour je caserai kikafars.